Les Brèves: Le château de Fontainebleau, Marc Le Mené, Camille Cabana..

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1995 - 1422 mots

Le château de Fontainebleau a été victime d’un important cambriolage dans la nuit du 15 au 16 octobre. Les objets volés au Musée Napoléon – dont treize bronzes, deux vases, six pendules, deux glaives Empire – sont évalués à plus de 2 millions de francs. Des cambrioleurs chevronnés ont pénétré par la boutique du musée, dont ils ont forcé les serrures, et emporté leur butin en moins de cinq minutes. Ils ont pris la fuite après le déclenchement de la sirène d’alarme.

Tous ces objets ayant été numérotés et photographiés, la police judiciaire exclut qu’ils puissent être mis en vente. Celle-ci envisage plutôt la piste d’une commande passée par un collectionneur peu scrupuleux. La police établit par ailleurs un rapprochement avec le cambriolage commis l’été dernier au Musée militaire, rue Saint-Honoré à Paris.

Marc Le Mené, 38 ans, a obtenu le Grand Prix Scam (Société civile des auteurs multimédia) du portfolio photographique pour L’Homme au chapeau ou le songe du somnambule. Photographe et peintre, il a obtenu, en 1985, le premier prix des moins de trente ans décerné par le Centre national de la photographie, et a été pensionnaire de la Villa Médicis en 1989-1990.

Camille Cabana, proche de Jacques Chirac et adjoint au maire de Paris Jean Tiberi, chargé des finances, remplace à la présidence de l’Institut du Monde Arabe (IMA) Edgar Pisani, qui a quitté ses fonctions quatre mois avant la fin de son mandat. M. Pisani, ancien chargé de mission auprès de François Mitterrand, était à la tête de la vitrine parisienne de la civilisation arabe depuis sept ans. Le président de l’IMA est élu par un conseil d’administration, sur proposition de la France.

Ce départ précipité est lié aux vives critiques entourant le projet d’exposition "déserts – Désert", prévu au printemps prochain. Son coût est évalué à quelque 20 millions de francs, alors que l’IMA se débat dans de graves difficultés financières dues aux réticences de certains pays arabes à verser leur contribution. Les pays arabes ne contribueraient au budget de l’institution qu’à hauteur de 10 %, alors qu’une participation de 40 % était prévue. Les arriérés s’élèveraient à 200 millions de francs.

M. Pisani, qui s’était personnellement très engagé dans le projet "déserts – Désert", a affirmé après sa démission que "l’exposition n’est pas remise en cause et qu’elle aura bien lieu". L’ancien ministre du général de Gaulle va se consacrer à la création à Marseille d’un Musée multimédia des civilisations de la Méditerranée.

Hubert Astier, ancien directeur de cabinet de Jacques Toubon au ministère de la Culture, a été nommé président de l’établissement public regroupant le musée et le domaine national de Versailles. Jean-Pierre Babelon en est le directeur général.

Le budget de la Culture 1995 est amputé de 682 millions de francs, soit 5 % des quelque 13,5 milliards de francs initialement prévus, après le collectif budgétaire adopté le 15 novembre. Principale victime, l’Établissement public du Grand Louvre, qui perd 180 millions de francs en crédits de paiement et 125 millions de francs en autorisations de programme.
 
L’achèvement des travaux du musée, prévu pour 1998, pourrait être repoussé d’un an. 126 millions de francs sont supprimés sur les crédits de fonctionnement du ministère et ceux de certains établissements publics, comme celui de la Bibliothèque nationale de France, qui perd 53 millions de francs. Les acquisitions des musées et commandes publiques régressent de 67 millions de francs, soit plus de 40 % d’une enveloppe de 172 millions de francs. Par ailleurs, le projet de budget de l’an prochain a subi une ponction 20 millions de francs à l’Assemblée nationale, mais représente toujours 1 % des dépenses de l’État !

La collection Renault sera sur la sellette le 13 décembre, au tribunal de Nanterre. La famille Vasarely et la fondation portant le nom de l’artiste ont assigné le constructeur automobile à la suite, selon eux, de la disparition de six toiles et de la dégradation de plusieurs autres.

Dans les années 70-80, la Régie s’était lancée dans une politique de mécénat et avait acquis une collection d’art contemporain réunissant des pièces d’Arman, Alain Clément, Dubuffet, Jasper Johns, Tinguely, Vasarely… Le tout était géré par Renault Art et Industrie, dirigé par Claude Louis Renard. Les œuvres sont acquises souvent à des conditions privilégiées, mais les artistes ont l’assurance qu’elles seront inaliénables et présentées dans le cadre d’un organisme culturel à vocation non lucrative.

En dépit de cette inaliénabilité, plusieurs artistes sont étonnés d’en voir réapparaître, et certaines sous la mention d’autres propriétaires. Renault semble incapable aujourd’hui de livrer un état exact de son patrimoine. Des œuvres auraient été restituées à leurs auteurs, d’autres transmises à un collectionneur privé. Cette assignation pourrait faire éclater au grand jour les interrogations qui circulent depuis quelques années dans le monde de l’art.

Gilles Vincent-Heugas est décédé le mardi 31 octobre. Il n’avait que trente-sept ans. Journaliste responsable de la rubrique Art à Panorama du Médecin, où il était entré en 1982, il a également collaboré à Beaux-Arts Magazine et au Journal des Arts. Intéressé par toutes les formes de création, mais ayant une prédilection pour le design, Gilles Vincent-Heugas touchait ceux qui le rencontraient par sa sensibilité et sa profonde gentillesse.

Traversant la vie comme un lutin, il a affronté l’épreuve de la maladie avec courage et volonté, sans plainte. Sur son lit d’hôpital, il interrogeait ses visiteurs sur les expositions, les dernières créations des artistes, et réclamait un ordinateur pour écrire des articles.
Une messe à sa mémoire sera célébrée le jeudi 14 décembre à 19 heures à l’Église Saint-Pierre, 90 avenue du Roule à Neuilly. Le Journal des Arts assure sa famille de toute sa sympathie.

Le Metrobus de Rouen a demandé à seize artistes – dont Laurent Baude, Brian Coleman, Antony Gormley, Olivier Mosset, David Nash… – de créer une œuvre destinée à être exposée soit à l’extérieur, soit à l’intérieur des vingt-deux stations que compte actuellement le réseau de tramway rouennais, en service depuis un an. Pour l’ensemble du parcours extérieur, chaque œuvre est exposée au sommet d’un mat identique de quatre mètres de haut, alors qu’elles s’intègrent à l’architecture des quatre stations souterraines.

La Caisse des Dépôts s’expose à Saint-Étienne
La Caisse des dépôts et consignations dépose pour 10 ans au Musée d’art moderne de Saint Étienne 55 œuvres d’Alberola, Absalon, Baquié, Boltanski, Bustamante, Cazal, Frize, IFP, Lavier, Leccia, Morin, Mouraud, Rutault, Toroni, Tosani, Varini, Verjux, Vermeiren et Vilmouth. Ces œuvres seront exposées du 19 décembre au 25 février 1996. L’utilisation de la photographie, les interrogations sur l’image ou les questions sociales, l’analyse de la peinture constituent quelques-uns des axes forts de cet ensemble représentatif de l’art en France au cours des années 1980.

Ce dépôt complète les donations Vicky Rémy (années 1960) et Ninon et François Robelin (années 1970). Cette politique dynamique est désormais soutenue par une direction commune aux trois musées stéphanois (Art moderne, Arts et industrie, Mine) qui ont mis en commun leurs services "pour réaliser des économies d’échelle et utiliser les compétences de chacun au mieux" explique Bernard Ceysson, conservateur du MAM et désormais directeur des Musées de Saint Étienne.

Le centenaire du Carnegie International
Avec un an d’avance, le Carnegie International de Pittsburgh commémore son centenaire, jusqu’au 18 février. Cette 52e édition, organisée par Richard Armstrong, conservateur pour l’Art contemporain au Musée de Pittsburgh, et Mark Rosenthal, son homologue à la National Gallery de Washington, présente les œuvres d’une quarantaine d’artistes originaires de 16 pays : Baselitz, Agnès Martin, Chuck Close, Marlène Dumas, Gary Hill, Rachel Whiteread, Cindy Sherman, Chantal Akerman, Artschwager, Araki, Tuttle, West, Zaugg, Kirkeby…

La 4e Biennale internationale d’Istanbul
Ouverte jusqu’au 10 décembre, l’organisation et la direction artistique de la Biennale d’Istanbul ont été confiées cette année à René Block. Cet ancien marchand berlinois avait déjà organisé la Biennale de Sydney en 1990. Après la suppression des pavillons nationaux et pour donner une cohérence nouvelle à la manifestation, il a choisi de réunir les travaux de 110 artistes autour d’un thème, "Orientation", qui joue sur la position géographique d’Istanbul, pont jeté entre l’Europe et l’Asie. Parmi eux, Mona Hatoum, Kabakov, Anish Kapoor, Kounellis, Paik, Joseph Beuys, Broodthaers, Sophie Calle, Nauman, Polke, Trockel, Wentworth…

La Biennale des bronzes et de la sculpture de Padoue
Après une interruption de quatre ans, la Biennale internationale des bronzes et de la sculpture de "petit format" a repris possession du Palazzo della Ragione, jusqu’au 18 janvier. Mais cette seizième édition, intitulée "Sculptures et autres", déborde de ce cadre prestigieux pour se diviser en cinq sections et autant de lieux. Parmi les artistes représentés, Minguzzi, Pomodoro, Niki de Saint-Phalle, Nagasawa, Bill Viola, Nam June Paik…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : Les Brèves: Le château de Fontainebleau, Marc Le Mené, Camille Cabana..

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