La troisième Biennale d’art contemporain de Lyon

Dans l’œil du cyclone

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1995 - 449 mots

La nouvelle édition de la Biennale de Lyon célèbre le centenaire du cinéma et marque l’ouverture du nouveau Musée d’art contemporain : aussi était-il logique qu’elle soit consacrée à \"l’image mobile\" dans la création contemporaine.

LYON - "L’amour de l’art" en 1991, "Et tous ils changent le monde" en 1993, la Biennale de Lyon se passe de sous-titre cette année, manière d’affirmer son existence et sa pérennité, qui a d’autant plus de chances de se vérifier que le Musée d’art contemporain a enfin ses propres murs.

L’invention du cinéma, à Lyon, par les frères Lumière était un argument de départ tout trouvé, que Thierry Raspail, Thierry Prat et Georges Rey ne se sont pas fait faute de saisir. On espère que, comme dans les meilleures pièces, l’argument de départ sera dépassé par un programme qui s’annonce ambitieux et représentatif.

Dans leur inimitable langage imagé, les commissaires expliquent que cette biennale "s’inscrit entre John Fante, Georges Maciunas, John Cassavetes et Houdini, Pinocchio et Perlimpipin". C’est-à-dire entre le drame et le rire, entre le constat et la subversion.

La vidéo est sans aucun doute le meilleur instrument qui soit pour traiter la distance toujours plus grande entre le monde et son image, et pour envisager dans le même temps sa puissance d’homogénéisation. Le "scénario" de cet art nouveau, qui commence tout juste à trouver ses marques, commence avec Nam June Paik et Wolf Vostell, et se poursuit avec l’irruption insistante du corps dans les travaux de Dan Graham, Vito Acconci, Bruce Nauman, Abra­movic & Ulay. Cette partie déjà historique sera présentée dans le tout nouveau musée, tandis que les créations les plus récentes s’abriteront dans le Palais des Congrès, qui sera prochainement détruit.

L’intérêt croissant pour la vidéo
Claude Closky, Stan Douglas, Ann Hamilton, Fabrice Hybert, Toshio Iwai, Tony Oursler, Eric Ronde­pierre, Pierrick Sorin, Mike et Doug Starn ou encore Keun Byung Yook figurent ainsi parmi les 63 participants, tandis que 537 autres artistes, consultés sur dossier, en restent exclus. Mais ces chiffres montrent en tout cas l’intérêt croissant pour la vidéo aux quatre coins du monde et la multiplicité des initiatives.

Pour autant, la vidéo n’est pas un genre encore fixé, et cette manifestation apportera sans aucun doute de précieux éléments en ce qui concerne la présentation même de ces images, leur inscription dans le temps, leur rapport plus ou moins critique aux modes traditionnels de diffusion (cinéma et télévision), et enfin, leur indépendance vis-à-vis de la réalité industrielle dont elles émanent. Outre le catalogue sur papier, un catalogue électronique (autrement dit un CD-Rom) dû à Jean-Louis Boissier, sera édité par la RMN.

-Troisième Biennale d’art contemporain, Lyon, Musée d’art contemporain et Palais des Congrès, du 20 décembre au 18 février 1996.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : Dans l’œil du cyclone

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