Drouot 1996 : les premières ventes

Le Journal des Arts

Le 1 février 1996 - 894 mots

Long à se remettre des grèves de décembre, anormalement lent à démarrer l’année, Drouot organise en février moins de ventes que d’habitude. Mais le mois de mars réserve quelques belles vacations.

PARIS - Entre les deux guerres, le constructeur d’avions Henry Potez a constitué une collection de tableaux impressionnistes et postimpressionnistes, éclectique et de très grande qualité, d’un genre que l’on ne voit hélas plus en France. L’ensemble qui sera dispersé par Mes Rieunier et Bailly-Pommery, le 19 mars, compte vingt-cinq œuvres, jamais exposées depuis leur acquisition voici une soixantaine d’années, dont l’estimation globale, encore provisoire, est de l’ordre de 20 millions de francs.

Un Gauguin, deux Pissarros
Relativement classiques, quoique d’un goût très sûr, une aquarelle gouachée d’un paddock par Raoul Dufy – estimée entre 350 000 et 400 000 francs –, un Buste de femme de Foujita, ou encore Vue de la chapelle, exécutée par Eugène Boudin en 1892 près de Saint-Vaast, dans le Cotentin. Sarah et sa mère avec le bébé, un pastel de Mary Cassatt, vers 1901, estimé entre 2,5 et 3,5 millions de francs, sera présenté aux côtés de deux tableaux de Lebasque, un Lebourg, et un Guillaumin.

Beaucoup plus rare et surprenant, Course de chiens, par Gauguin, estimé entre 4 et 4,5 millions de francs, un très beau paysage à perspective plongeante, peint à la fin du printemps 1888 lors du dernier séjour de l’artiste à Pont-Aven. La vacation comprendra également deux toiles exceptionnelles de Pissarro : Matin, effet de pluie, avant-port de Dieppe, 1902, estimé entre 2 et 2,5 million de francs et Paysanne assise au soleil couchant, 1880, estimé entre 4 et 4,5 millions de francs.

Une centaine d’aquarelles et de tableaux orientalistes par des artistes aussi divers que le Français Maurice Bompard (Scène de harem, estimé entre 250 000 et 300 000 francs), l’Américain Frederick Arthur Bridgman (Après le bain, estimé entre 90 000 et 100 000 francs), et l’Italien Fabbio Fabbi (Mariage au Caire, estimé entre 250 000 et 300 000 francs) figureront parmi les quelque 400 lots de la vente d’art islamique qu’organise Me Jacques Tajan, assisté de l’expert Lucien Arcache, les 18 et 19 mars, mais encore des manuscrits – des Corans et des Chah-Name ("le livre des rois", l’histoire de l’Iran avant la conquête islamique), estimés entre 10 000 et 50 000 francs, de l’orfèvrerie et de l’argenterie, de la verrerie, des céramiques et des textiles.

Particulièrement rare et beau
La vacation comprendra aussi une collection d’armes de 80 pièces, dont deux casques – l’un, mamelouk, de la première moitié du XVe siècle, particulièrement rare et beau, est estimé entre 150 000 et 300 000 francs ; l’autre, moghol de la période Akbar, XVIe siècle, entre 50 000 et 60 000 francs. Six coupelles arméniennes, de la région de Kutahya, XVIIIe siècle, décorées de jeunes femmes et, ce qui est beaucoup plus rare, d’un oiseau et d’un cavalier, sont estimées entre 150 000 et 200 000 francs.

Une collection de miniatures persanes, dont dix belles pages d’un Chah-Name enluminées à Chiraz, vers 1560–1570, provenant d’une collection provinciale constituée pendant les années trente, est au cœur de la vente d’art islamique que tiendra Me François de Ricqlès, assisté de Jacques Soustiel et de Marie-Christine David, les 20 et 21 mars.

Estimés entre 20 000 et 50 000 francs, ces manuscrits seront accompagnés de miniatures indiennes et d’une soixantaine de manuscrits persans, turcs, moyen-orientaux et maghrébins : des Chah-Name, des livres de poésie, des traités d’astronomie et des Corans, estimés entre 5 000 et 50 000 francs.

La deuxième vacation, chez Me Ricqlès, sera consacrée à l’archéologie et aux objets d’art islamique avec, en vedette, une très belle statue romaine en marbre blanc, du Ier ou IIe siècle de notre ère. Estimée entre 600 000 et 800 000 franc, elle représente probablement Mercure, vraisemblablement d’après un modèle de Praxitèle.

Des cartes anciennes
Moins spectaculaires, quoiqu’infiniment plus abordables, une centaine de lots de métaux et de céramiques islamiques compléteront la vente, dont une dizaine de Koubatcha, des céramiques iraniennes polychromes à décor floral du XVIe siècle, estimées entre 4 000 et 15 000 francs.

Le 9 février, Me Jacques Tajan dispersera la bibliothèque d’Abraham Girard, un jésuite du XVIIe siècle qui était sans doute exorciste et s’intéressait aussi bien à la sorcellerie et à l’occultisme qu’à la géographie, la médecine et au ballet. Le 16 février, il mettra en vente des céramiques de la Chine et du Japon, des boîtes kobako en laque du XVIIe au XIXe siècle, des inro et des netsuke. Le 21 février, assisté des experts Georges et Louis Lefebvre, Me Tajan vendra un ensemble de céramiques anciennes, parmi lesquelles des modèles bleu et blanc Louis XIV de Rouen et plusieurs assiettes à décor rayonnant en camaïeu bleu.

Le 12 février, Me Renaud dispersera 250 cartes anciennes – célestes, utopiques, françaises et mondiales, estimées entre 500 et 5 000 francs –, et le 23 février, Mes Beaussant Lefèvre organiseront une vente composée de lettres autographes des XIXe et XXe siècles (d’Aragon, Baudelaire, Céline et Cendrars à Suarès, Verlaine et Zola), de dessins (Artaud, Baudelaire, Many Ray, entre autres) et de livres. Près de 200 tableaux, aquarelles et dessins modernes et contemporains par plus de vingt artistes, de Buffet et Brasilier à Pascin et Villon, en passant par Dufy et Max Ernst, seront dispersés le 25 février par Mes Guy et Philippe Loudmer.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°22 du 1 février 1996, avec le titre suivant : Drouot 1996 : les premières ventes

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