Les dépôts de la Caisse

Cinquante-cinq œuvres au Musée de Saint-Étienne

Le Journal des Arts

Le 1 février 1996 - 425 mots

Le générique de l’exposition, réunissant entre autres Absalon, Bustamante, Cazal, IFP, Lavier, Leccia, Rutault, Tosani, Verjux, Vilmouth, pourrait laisser prévoir un certain \"déjà vu\". Il n’en est rien grâce à un accrochage qui mêle œuvres contemporaines et anciennes.

SAINT-ÉTIENNE (de notre correspondant) - La Caisse des dépôts et consignations (CDC) réoriente ses activités de mécénat. Après avoir beaucoup acheté, elle participe aujourd’hui à la production d’œuvres destinées être intégrées immédiatement aux collections des institutions. Ses précédentes acquisitions sont aujourd’hui déposées pour dix ans au Musée d’art moderne de Saint-Étienne, qui en assurera l’exposition et la conservation. Le musée, qui a déjà bénéficié des collections Vicky Rémy (années 1960) et Ninon et François Robelin (années 1970), complète ainsi un parcours au sein de l’art des trente dernières années.

Mais l’exposition ne se contente pas d’un simple inventaire des œuvres déposées. Il s’agit au contraire d’une véritable mise en perspective historique des œuvres de la CDC avec celles du musée. Les pièces contemporaines, réalisés par des artistes très connus des années 1980, prennent ainsi une dimension nouvelle. La permanence des thématiques au travers des siècles apparaît clairement : le temps, le paysage, la question de la lumière, etc…

Valoriser l’art contemporain
À chaque œuvre répond un tableau plus ancien. Ainsi les ciseaux découpant ou augmentant une feuille d’arbre, de Jean-Luc Vilmouth, sont-ils mis en parallèle avec une composition florale du XVIIe de Jean-Marie Picard. Michel Verjux, qui délimite l’espace avec un projecteur, est "éclairé" par les découpes abstraites d’Hélion et les effets de lumière d’un Intérieur de chambre (1840) de Paul Huet.
D’autres artistes pratiquant une analyse quasi sociologique du monde de l’art se trouvent eux aussi habilement mis en valeur. Les géométries minimales de Claude Rutault, qui prennent le cadre pour tableau, font face à de petites œuvres accrochées à touche-touche comme au XIXe siè­cle. Le panneau publicitaire de Philippe Cazal, De plus en plus de gens apprécient l’art moderne, nous aussi (1991), prend tout son sens face à la toile académique de Michel Genod, Saint Laurent présentant ses trésors au préfet de Rome.

Cette exposition, qui aurait pu avoir un caractère convenu, voire officiel, s’avère en fait une excellente façon d’aborder un art contemporain réputé abscons. La subtilité de l’accrochage du conservateur, Bernard Ceysson, a certes pour objectif de valoriser les œuvres qui arrivent dans son musée, mais contribue à démontrer clairement l’intérêt de l’art actuel au-delà des polémiques sur l’académisme contemporain.

COLLECTIONS, COLLECTION, Musée d’art moderne de Saint-Étienne, ouvert tous les jours de 10h à 18h, jusqu’au 25 février. Catalogue 150 F, éditions MAM Saint-Étienne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°22 du 1 février 1996, avec le titre suivant : Les dépôts de la Caisse

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