Conseil de la création

Jeunisme et patrimoine

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 2 mars 2010 - 513 mots

Marin Karmitz mise sur un événement jeune et festif pour justifier l’existence de son Conseil de la création artistique

PARIS - « C’est comme si nous avions secoué une bouteille de champagne impatiente d’être ouverte. » Marin Karmitz a brodé la métaphore, le 17 février, pour qualifier l’aîné des projets du Conseil de la création artistique, qu’il pilote maintenant depuis un peu plus d’un an à la demande du président de la République – en marge du ministère de la Culture. Cela, dans un climat de défiance de la part de nombreux acteurs culturels, notamment du Syndeac (Syndicat des entreprises artistiques et culturelles) qui dénonce l’octroi de subventions déguisées à des institutions dirigées par certains membres du conseil. Malgré ces assauts répétés, une dizaine d’autres initiatives devraient être formalisées d’ici l’été, Frédéric Olivennes venant notamment d’être nommé coordinateur du projet générique de « Colline des arts », destiné à constituer un pôle culturel autour de la tour Eiffel.

Baptisée « Imaginez maintenant », la première opération du conseil, qui émane d’une commande du haut-commissariat à la Jeunesse, aura lieu du 1er au 4 juillet dans huit villes de l’Hexagone (Amiens, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Marseille, Metz, Paris et Toulouse), mais aussi à Basse-Terre, en Guadeloupe. Elle consistera en la tenue de quatre journées festives destinées d’abord au jeune public, et au cours desquelles seront présentés les projets de centaines de créateurs de moins de trente ans, invités à intervenir dans une sélection de monuments historiques. S’appuyant sur un opérateur culturel par ville, l’opération a été précédée d’une série d’appels à projets lancés à destination du réseau d’écoles de la filière artistique et culturelle, mais aussi de quelques écoles hôtelières ou de centres de formation et d’insertion. Dans quel but ? Faire émerger des talents dans un esprit pluridisciplinaire, « découvrir des intentions créatrices », a expliqué Dominique Hervieu, animatrice du Centre chorégraphique national de Créteil et instigatrice de ce projet.

Concept nostalgique
Le programme sera plutôt baroque, alliant « déambulations environnementales », installations d’art contemporain, ballets de voltige ou pique-niques géants, dans la tradition culturelle festive qui avait fait le succès des années Lang. Le concept est, en effet, emprunt d’une certaine nostalgie des années Mitterrand mâtinée de références aux slogans soixante-huitards, lorsque Marin Karmitz affirme vouloir, avec cette manifestation, « mettre l’imagination au pouvoir »… Le succès sera t-il au rendez-vous ? Comme pour se dédouaner par avance, Karmitz a défendu le « rôle de passeur aux méthodes très empiriques » de son conseil, dont tous les projets feront l’objet d’une évaluation. Le ministère de la Culture a déjà lancé un appel d’offres – d’un montant de 120 000 euros – pour vérifier a posteriori la pertinence du concept. Martin Hirsch, haut-commissaire à la Jeunesse, commanditaire du projet, soutient de son côté ardemment l’initiative. « J’assume pleinement, a défendu l’ancien président d’Emmaüs France. Ce n’est pas de l’argent jeté par les fenêtres. À chaque fois que nous interrogeons les jeunes sur leurs attentes, ils citent la création artistique et le besoin d’expression. Or, jusqu’à présent, nous ne faisons pas grand-chose dans ce domaine. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°320 du 5 mars 2010, avec le titre suivant : Jeunisme et patrimoine

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