Mars qui rit malgré les averses

Le Salon de Mars veut vaincre la morosité du marché

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 566 mots

Organisée à l’Espace Eiffel-Branly, du 27 mars au 1er avril, la huitième édition du Salon de Mars souffre à la fois de la concurrence, accrue cette année, des grandes foires internationales qui mobilisent un certain nombre de ses participants habituels, et de la crise du marché de l’art contemporain. Ses organisateurs espèrent malgré tout accueillir entre 70 et 90 exposants.

PARIS - "Le Salon de Mars est formidable, et j’aime beaucoup les organisateurs, estime le marchand d’art contemporain Renos Xippas, l’un des exposants d’envergure internationale que le salon parisien ne verra pas cette fois. Je vais y retourner quand le marché français ira mieux, mais je suis trop pris cette année par le Salon de Bâle et l’ouverture de ma galerie à Athènes."

Les critiques entendues l’an dernier sur la qualité peu homogène des stands, l’aspect inhospitalier de l’Espace Eiffel-Branly et la baisse du nombre de visiteurs (60 000 personnes contre 70 000 en 1994) ne sont pas seules en cause. Le désistement, cette année, d’habitués importants, surtout dans le domaine de l’art contemporain, tient aussi à la dureté de la crise et à la concurrence accrue. Les pièces de première qualité sont de plus en plus difficiles à trouver, se plaignent les marchands, et les salons concurrents prolifèrent : la Biennale des antiquaires en septembre, les foires de la TEFAF à Maastricht et à Bâle, comme celles d’art contemporain de Bâle et de Cologne, drainent les efforts de beaucoup d’exposants.

Les spécialistes d’art primitif
L’art primitif, secteur dans lequel le salon parisien s’était forgé une certaine réputation au niveau international, sera représenté par Bernard Dulon, la galerie Leloup, la galerie Christine Valluet, la galerie Alain Schoeffel et la galerie Vanuxem, qui vend également de l’art contemporain.

La galerie Alain Blondel présentera des œuvres des peintres Pamela Crook, Monique de Roux et Ivan Loubbennikov, entre autres, tandis que la Bouquinerie de l’Institut, spécialiste des livres illustrés modernes, exposera des gravures d’animaux du XXe siècle par plus d’une trentaine d’artistes, de Bonnard à Braque et Dufy, en passant par Laboureur, Fernand Léger et Steinlen.

Le mobilier du XVIIIe siècle sera représenté par Étienne Lévy, Jean-François Anne, Philippe Perrin, et Gérard Orts, qui montrera une paire de rafraîchissoirs en acajou du Canada, époque Louis XVI, et une pendule lyre en porcelaine bleu turquoise de Sèvres, vers 1770–1776.

Une officine de pharmacie
Charles et Philippe Boucaud, de Nice, pour leur première participation, orneront leur stand d’une boiserie en noyer provenant d’une officine de pharmacien, époque Restauration. Ils proposeront des étains anciens, Art nouveau et Art déco, par des artistes tels que Jules Brateau, Alfred Foretay, et Jean Despres.
 
La galerie Claude de Cologne, quoique n’ayant rien vendu l’année dernière, revient avec un choix imposant de mobilier Art déco. Pierre Brullé, de Paris, présentera des sculptures et tableaux récents de François Marie Anthonioz, Rucardo Cavallo, Eric Ménétrier, Bernard Michel et Kenneth Wahl. La galerie d’art contemporain Nohra Haime, de New York, participera également au salon.

"Nous subissons une double crise, la crise mondiale, qui n’est pas de notre fait, et une sorte de contre-coup à la course folle des prix que nous avons connue, affirme Daniel Gervis, l’un des organisateurs du Salon. En France, pays plus mal en point que ses voisins, nous avons un problème de dépression, due à des facteurs politiques. Les gens sont dans une espèce d’attentisme, le marché est déprimé et les marchands sont très fragilisés."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Mars qui rit malgré les averses

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