Histoire

Art de vivre

Le Musée du château de la Malmaison fait l’inventaire de la cave de Joséphine

Ce soir, on reçoit au château

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 16 février 2010 - 456 mots

Le Musée du château de la Malmaison dresse l’inventaire de la cave de Joséphine dans une mise en scène retraçant le savoir-vivre au tournant du XIXe siècle

RUEIL-MALMAISON (HAUTS-DE-SEINE) - Aujourd’hui disparue, l’aile droite du château de la Malmaison renfermait des trésors à faire pâlir les plus grands œnologues. Une caverne d’Ali Baba où étaient entreposées plus d’une dizaine de milliers de bouteilles, dont les plus grands crus de Bourgogne et de Bordeaux, mais également des champagnes, des côtes du Rhône, des vins du Rhin et du Languedoc, sans oublier digestifs et autres liqueurs. Inspirée par la lecture de l’inventaire dressé après le décès de l’impératrice Joséphine, la nouvelle exposition du château ruellois s’intéresse aux arts de la table du tournant du XIXe siècle, et plus précisément aux goûts de l’impératrice et de la cour impériale au sens large pour le nectar des dieux.

L’époque fut non seulement le théâtre d’une profonde mutation de la production et du commerce viticole, mais aussi de l’évolution des formes des bouteilles et de leur étiquetage, et des avancées techniques des fabricants en cristallerie. L’avènement du couple formé par Joséphine et Napoléon Bonaparte correspond ainsi à celui d’un certain art de vivre à la française, dont les grands noms incarnent encore aujourd’hui le plus grand luxe : Moët et Ruinart pour le champagne, Baccarat et Christofle pour la cristallerie et l’orfèvrerie.

Mis en valeur par une scénographie soignée et parfaitement didactique, le parcours fait revivre cet enivrant aspect de la vie du château, où il devait faire bon vivre : inventaires, livres de comptes, bouteilles (vides), collection particulière d’étiquettes à bouteille en émail et en porcelaine, ancêtre des étiquettes en papier, mais également deux beaux exemples de bols à punch, dont Joséphine (née en Martinique) était amatrice – Napoléon, lui, ne buvait que du chambertin.

Le « Grand Vermeil »
Les pièces les plus vivantes sont sans doute les seaux à bouteilles provenant du service « Grand Vermeil », portant les marques d’une utilisation intensive. De même que les multiples exemples de verres, de flûtes et de coupes, faisant écho à l’évolution marquée du travail des cristalleries et de la diversification de leurs catalogues – le verre en forme de ballon apparaît autour de 1820. Touche finale, Le Manuel du sommelier d’André Jullien (1822) propose une recette à base de lait et d’amidon blanc pour « corriger la couleur altérée d’un vin d’Espagne ». Le genre de manipulation qui vaudrait aujourd’hui un procès aux producteurs de vin.

LA CAVE DE JOSÉPHINE

Commissaires : Élisabeth Caude, conservatrice en chef ; Alain Pougetoux, conservateur en chef
Itinérance : Musée Napoléon Thurgovie, château et parc d’Arenenberg, Salenstein, Suisse, 10 avril-10 octobre ; Museo Napoleonico, Rome, Italie, octobre 2010-28 février 2011
Scénographie : Frédéric Beauclair, architecte d’intérieur DSAA

LA CAVE DE JOSÉPHINE. LE VIN SOUS L’EMPIRE À MALMAISON, jusqu’au 22 mars, Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, avenue du château de Malmaison 92500 Rueil-Malmaison, tél. 01 41 29 05 55, www.chateau-malmaison.fr, tlj sauf mardi 10h-12h30 et 13h30-17h15. Catalogue, éd. RMN, 144 p., 220 ill. couleurs, 25 euros, ISBN 978-2-7118-5614-5

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°319 du 19 février 2010, avec le titre suivant : Le Musée du château de la Malmaison fait l’inventaire de la cave de Joséphine

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