Les Américains au Salon du Livre

Des ventes de 250 000 exemplaires pour les catalogues d’exposition

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 670 mots

Les éditeurs américains sont les hôtes d’honneur du XVIe Salon du livre, qui se tient à Paris, Porte de Versailles, du 22 au 27 mars. Près de 10 000 ouvrages représenteront la production américaine dans le cadre d’un grand stand-librairie situé au centre du Salon. Des auteurs, des traducteurs se joindront aux éditeurs, et participeront à un programme de débats

Parmi les invités, des presses d’universités, des petits et moyens éditeurs, ainsi que des éditeurs de renom : Random House, John Wiley & Sons, Norton & Co, Farrar Strauss & Giroux, et les éditions Abrams qui, depuis près d’un demi-siècle, se consacrent aux livres d’art.

"Nous pensons que le marché européen et le marché mondial sont de plus en plus importants pour nous, affirme Paul Gottlieb, président d’Abrams. J’espère que ma présence au Salon me permettra de mieux comprendre le marché français, et de rencontrer des professionnels de l’édition et des musées". Abrams publie environ 130 livres par an, dont 20 à 30 sont des catalogues d’exposition du Metropolitan Museum of Art, du Louvre, du Museum of Modern Art de New York, et du Whitney Museum of American Art, qu’il distribue en exclusivité.

Vendre à tout prix
Les catalogues qui accompagnent les grandes expositions sont l’objet de coéditions internationales et représentent une part très importante du marché du livre d’art. La collaboration entre Abrams et le Musée de l’Ermitage illustre ces liens nouveaux entre musées et éditeurs. Paul Gottlieb, invité à Saint-Pétersbourg en septem­bre 1994, a pu voir les 74 tableaux saisis en Allemagne en 1945 et conservés secrètement dans les réserves de l’Ermitage. L’éditeur a participé de bout en bout à la réalisation de Trésors retrouvés, pour lequel il a obtenu les droits mondiaux d’édition. Six mois, c’est le délai – très bref – accordé par le musée pour photographier les toiles, traduire le texte et mettre à longueur la version anglaise, la retraduire en 7 langues, réaliser la mise en page et imprimer.

Le premier tirage a été de 170 000 exemplaires (dont 50 000 exemplaires en langue russe). L’impression a été faite simultanément aux États-Unis, en Russie et en Italie, juste à temps pour l’inauguration de l’exposition à l’Ermitage. Le 24 septembre 1994, Boris Piotrovsky, directeur du Musée de l’Ermitage, avait annoncé que l’exposition ouvrirait en janvier 1995. Paul Gottlieb obtint un report jusqu’en mars 1995. Trésors retrouvés, vendu 49 dollars, a déjà été réimprimé, et les ventes à fin décem­bre 1995 étaient d’environ 250 000 exemplaires.

L’exposition est prolongée jusqu’en mars 1996. Si l’on compare ce chiffre aux ventes d’un catalogue d’exposition – 10 000 à 15 000 exemplaires –, on mesure le succès remporté. Aux États-Unis, l’éditeur suggère un prix de vente, mais le libraire peut choisir de réduire sa marge et proposer certains livres à prix très réduits. Les éditeurs européens publient des livres d’art à tirage restreint et à des prix généralement plus élevés que ceux pratiqués en Amérique. Le marché américain a toujours été plus difficile, plus price resistant. "Je suis toujours très étonné, dit Paul Gottlieb, lorsque des amis cultivés s’exclament : Les livres d’art sont si coûteux ! Cher, mais seulement si l’on ne tient pas compte du travail long et méticuleux que nécessite la production d’un livre d’art. Et pourtant, ces mêmes personnes n’hésitent pas à payer des prix incroyables pour une paire de chaussures, et dans ce cas la marge bénéficiaire du fabricant est largement supérieure à celle d’un éditeur".
 
La qualité et la diversification des publications, les accords d’exclusivité pour la diffusion des catalogues, les accords avec des clubs de livres permettent une politique de prix raisonnables : de 12 à 50 dollars pour les grandes collections. La collection "Discoveries", qui reprend certains titres de la collection Découvertes Gallimard. Schliemann, vendu 12 dollars, paraît en même temps que le catalogue de l’exposition du Musée Pouchkine. The Helga Pictures, l’ouvrage qui accompagnait aux États-Unis l’exposition itinérante du peintre Andrew Wyeth, a été le premier livre d’art proposé par le Book-of-the-Month Club et s’est vendu à 500 000 exemplaires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Les Américains au Salon du Livre

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