Élèves-restaurateurs en banlieue parisienne

L’Ifroa s’installe à Saint-Denis

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 532 mots

L’Institut de formation des restaurateurs d’œuvres d’art (Ifroa) vient de s’installer dans de nouveaux locaux à Saint-Denis, en banlieue parisienne. Constituant désormais un département de l’École nationale du patrimoine, il en a profité pour remanier son enseignement.

SAINT-DENIS - L’Institut de formation des restaurateurs d’œuvres d’art a quitté les locaux du Mobilier national et de la Manufacture des Gobelins dans le 13e arrondissement de Paris pour s’installer dans un ensemble immobilier industriel désaffecté, loué à un propriétaire privé dans le nord de la banlieue parisienne. "Il n’est pas indifférent qu’une institution d’enseignement patrimonial quitte le cœur de Paris et s’installe à Saint-Denis", a déclaré Philippe-Douste-Blazy, lors de l’inauguration.

Le site de Saint-Denis "correspondait à plusieurs exigences : il est d’abord situé à la périphérie de Paris, dans une cité à l’histoire et au patrimoine prestigieux. Il est d’autre part au cœur d’un quartier en restructuration, où ne manquent pas les équipements culturels, comme par exemple l’"atelier archéologique d’Utica" et les futures réserves du Centre national d’arts plastiques. Enfin, l’Ifroa n’est pas éloigné de l’université de Saint-Denis", a ajouté le ministre de la Culture.

Les bâtiments sans charme ont le mérite d’être fonctionnels. Disposés en équerre autour d’une cour centrale, ils abritent d’un côté les ateliers et les laboratoires, de l’autre un bâtiment administratif regroupant les bureaux, les salles de cours et la bibliothèque. Avant le déménagement, la bibliothèque de l’Ifroa était séparée des ateliers puisqu’elle était installée boulevard Raspail, assez loin du quartier des Gobelins. Le coût des travaux de rénovation a atteint 9,5 millions de francs pour le ministère de la Culture, auxquels viennent s’ajouter 5 millions de francs financés par le propriétaire.

Pour les exercices pratiques, les étudiants travaillent sur des œuvres provenant des collections publiques. Dans l’atelier de peinture, un élève travaille ainsi à la restauration de La Nativité, d’un peintre anonyme du XVIIe siècle, propriété de l’église de la Madeleine à Paris. "Ce tableau a déjà été nettoyé, et du mastic a été posé à certains endroits. Je ne suis pas le premier à m’exercer dessus", explique cet élève.

Éloignement géographique
Parallèlement au déménagement, une refonte complète de l’enseignement de l’Institut a été engagée. "La scolarité était devenue compliquée. Des enseignements étaient venus s’ajouter avec les années sans vraiment suivre une ligne directrice", précise Adrien Goetz, conseiller pour la recherche à l’École nationale du patrimoine. Depuis le début de cette année, l’Ifroa, qui dépendait jusque-là du Centre national des arts plastiques, est devenu un département de l’École nationale du patrimoine.

Ce rattachement devrait permettre aux élèves-restaurateurs d’être en contact avec les conservateurs-stagiaires, mais l’éloignement géographique ne devrait pas faciliter ces échanges, l’École nationale du patrimoine étant installée boulevard Saint-Germain à Paris. Ce rattachement permettra aussi à l’ENP d’exercer un contrôle scientifique sur l’Ifroa et sur la profession de restaurateur.

Quatre ans d’études

L’Ifroa est composé de huit sections : arts du feu, arts graphiques, arts du métal, arts textiles, mobilier, peinture, photographie, sculpture. Trois disciplines sont aujourd’hui enseignées en tronc commun : histoire de l’art, sciences, enseignements artistiques. Une douzaine de places sont proposées chaque année au concours. Pour s’incrire, aucun diplôme n’est exigé ; les candidats doivent être âgés de 20 à 35 ans. Les études durent quatre ans et sont gratuites.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Élèves-restaurateurs en banlieue parisienne

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