Traffic calme

Une trentaine de jeunes artistes au Capc

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 464 mots

Dans la continuité des expositions organisées par Harald Szeeman et Laurent Busine en 1993 et 1994, le Capc donne carte blanche cette année à Nicolas Bourriaud. Le résultat est loin des promesses.

BORDEAUX - Déployé principalement dans la grande nef du Capc, "Traffic" regroupe une trentaine d’artistes jeunes, pour la plupart "étrangers", si ce terme a ici un sens. Tout en disposant d’une grande latitude d’action, aussi bien intellectuelle que spatiale, chaque créateur était invité à Bordeaux à développer un projet centré autour de la communication et, plus précisément, sur les relations humaines.

Ce contexte est bien sûr lié au développement des télécommunications, de l’Internet, et des émissions télévisées interactives. Mais si tous ces instruments ont pour objet de faciliter la communication et le rapprochement entre les individus, ces moyens techniques les éloignent de plus en plus physiquement. Les projets des artistes de "Traffic", dans leur majorité, essaient de retrouver une certaine proximité, de renouer des relations de face à face avec les individus. Or, cette démarche se concrétise chez certains d’entre eux – et notamment pour Jes Brinch & Henrik Plenge Jakobsen – par un retour à une conception basique, voire tribale, de la vie, les Danois construisant, puis vivant le temps de l’exposition, dans un refuge qui n’a rien à envier aux habitations troglodytes de Cappadoce.

Cheminée et foyer
D’autres artistes tentent au contraire de provoquer des rencontres directes ou de les susciter en créant des espaces de convivialité. Quelques projets se rapprochent cependant dangereusement de la démagogie. C’est le cas par exemple du Japonais Noritoshi Hirakawa, lorsqu’il décide d’établir une communication entre la communauté maghrébine de Bordeaux et les visiteurs du Capc au moyen d’une ligne téléphonique directe.

La réponse littérale de Xavier Veilhan, aménageant une cheminée autour de laquelle tout un chacun peut se réchauffer, n’est pas loin d’être emblématique, tant la charge symbolique du foyer en tant que lieu fédérateur d’un groupe humain est aujourd’hui encore importante.

Cette volonté de délimiter justement un groupe d’artistes, plus représentatif d’une tendance que d’un véritable style, et de l’inscrire dans une perspective historique, apparaît en filigrane dans le propos du commissaire de l’exposition, Nicolas Bourriaud.

Malheureusement, le résultat objectif de cette démarche subjective est loin de tenir ses promesses. Malgré les projets, les espaces dits conviviaux manquent manifestement de vie dans la pratique, et les endroits ouverts à l’échange apparaissent souvent comme des lieux de refuge. Finalement, et en dépit des événements et des animations prévues trois jours durant pour le vernissage, les échanges ne semblent pas dépasser ici, par leur intensité, ceux que l’on rencontre habituellement dans des expositions similaires de jeunes artistes.

TRAFFIC, Capc Musée d’art contemporain, Entrepôt, 7 rue Ferrère, 33000 Bordeaux. Du mardi au dimanche de 12h à 19h, le mercredi juqu’à 22h. Fermé le lundi. Jusqu’au 24 mars.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Traffic calme

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