Bram Van Velde autonome

Le centenaire de l’artiste commémoré à Genève

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 508 mots

Bâtie autour d’une importante collection de quatorze toiles et gouaches conservées à Genève, la rétrospective rend hommage à Bram Van Velde, qui vécut douze ans en Suisse. Un choix de 130 œuvres, dont près de la moitié peintes avant la guerre, montre les étapes marquantes qui lui ont permis de développer un langage extraordinairement autonome

GENÈVE - Parfaitement chronologique, l’exposition rassemble des huiles, gouaches et lavis qui vont de 1920 à 1980. En plus des œuvres de la collection de Genève et de différents musées, la présentation compte de nombreux travaux provenant de collections privées. Organisée par Rainer Michael Mason, auteur avec Jacques Putman du catalogue raisonné des lithographies de Bram Van Velde, la rétrospective tente de renouveler l’exceptionnel panorama réuni à Paris en 1989.

Le premier étage du musée, consacré au développement de l’artiste vers une peinture sans objet, permet de se rendre compte de ses débuts pompiers, de son attirance pour une peinture expressionniste, mais sans fébrilité, et de sa découverte, à son arrivée à Paris en 1924, de l’œuvre de Matisse. Une influence majeure montrée par une série d’huiles, en particulier une suite de natures mortes dont la composition va vers une dissolution des formes et présente déjà les éléments d’un langage autonome.

Cette première partie est articulée sur quelques œuvres fortes et relativement connues du corpus de Bram Van Velde. La peinture dite de Beckett (1937), premier achat de l’écrivain et point de départ d’une relation fondamentale entre les deux hommes, est confrontée à une œuvre de la même époque appartenant au musée de Genève. Une comparaison qui confirme la marginalité de Bram Van Velde dans le grand circuit de la production artistique. C’est aussi l’occasion de constater la fragilité de certaines huiles, comme de nombreuses gouaches, dont l’état pose de réels problèmes de conservation. Heureusement en excellent état, une série de magnifiques Grande gouache (1939) montre une évolution beaucoup plus libre du peintre vers une forme d’abstraction où les couleurs organisent la composition.

La seconde partie de l’exposition, avec une gouache de 1962, le premier achat de Bram Van Velde par le musée de Genève, révèle l’œuvre aux formes très amples d’un artiste dont le discours est totalement autonome. La grande huile du Stedelijk Museum d’Amsterdam (1961), avec des coulures, est à cet égard impressionnante. Les dernières huiles (1970), gouaches sur chiffon et lavis, sont empreintes d’une expressivité, d’une luminosité particulièrement fortes, et de ce que le peintre hollandais a appelé de la "sauvagerie", en référence à l’art africain.

Cette présentation genevoise constitue une importante étape dans la connaissance du peintre, dont la carrière fut marquée par une première exposition rétrospective à la Kunsthalle de Berne, en 1958. Du reste, le catalogue offre, en plus des préoccupations scientifiques, une approche très personnelle de l’homme qu’était Bram Van Velde.

BRAM VAN VELDE 1895-1981 RÉTROSPECTIVE DU CENTENAIRE, Musée Rath, Place Neuve, Genève, jusqu’au 7 avril, ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h, le mercredi de 12h à 21h. Catalogue, 336 p., publié par le Musée d’art et d’histoire. Prix 50 FS (200 F)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Bram Van Velde autonome

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