Le multimédia tisse sa toile en Russie

CD-Rom et serveurs sur l’Internet se multiplient

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 876 mots

À Moscou, le premier CD-Rom pirate – une copie des Trésors de Russie, produit par Kominfo – vient de faire son apparition sur le marché noir, preuve s’il en est de l’effervescence du marché du multimédia en Russie. Quelques musées ont déjà réalisé un CD-Rom : c’est le cas de la Galerie Tretiakov, du Musée Pouchkine, des Musées du Kremlin, du Musée de l’Ermitage (avec Corbis, la société de Bill Gates)… Parallèlement, la création de serveurs consacrés au monde de l’art se poursuit sur l’Internet, notamment à l’initiative du milliardaire George Soros.

MOSCOU - Les importants travaux de rénovation menés pendant près de dix ans à la Galerie Tretiakov n’ont pas empêché le musée de constituer, depuis 1987, une base de données sur ses collections d’art russe, sous la direction de Dimitri Pertsev. Elle comprend 17 000 images numérisées et apporte notamment une aide précieuse en matière d’art russe du Moyen Âge, grâce à l’extraordinaire collection d’icônes que possède le musée moscovite. Cette base de données scientifique n’a pas, pour le moment, de prolongement commercial sous forme de CD-Rom, mais il est prévu d’en éditer un à l’intention des groupes scolaires.

Les départements scientifiques du Musée Pouchkine, en collaboration avec divers partenaires russes, ont de leur côté réalisé un CD-Rom qui permet d’effectuer une visite guidée du musée, en anglais ou en russe. Cent tableaux peuvent être étudiés en détail, et des notices renseignent sur les œuvres, les artistes, les écoles… (tél. 095 203 80 61).

Toujours à Moscou, le Musée du Kremlin a engagé une collaboration avec la société russe Kominfo, concrétisée sous la forme d’un CD-Rom intitulé Le Kremlin de Moscou. Il permet au visiteur de découvrir cet ensemble architectural exceptionnel et de se familiariser avec ses palais, ses musées, ses collections et son histoire. Il rassemble plus de 500 images, 30 minutes de vidéo et 250 notices (tél. 095 267 90 34). Kominfo a par ailleurs réalisé un titre sur Fabergé, et un autre sur Peterhof, décrivant l’édifice et les collections d’art de l’ancienne résidence impériale, située sur le golfe de Finlande, à l’ouest de Saint-Pétersbourg.

Bill Gates, nouveau tsar de l’Ermitage
Dans la capitale de Pierre le Grand, la collaboration engagée depuis 1992 entre le Musée de l’Ermitage et la société russe Intersoft a permis d’éditer récemment un CD-Rom, véritable petite encyclopédie du musée : il réunit 333 images, 650 notices, 45 minutes de visite guidée, 30 minutes de musique et 15 minutes de vidéo (tél. 095 278 04 37). Cependant, cette collaboration pourrait être mise à mal par Corbis, qui a annoncé la signature d’un accord avec l’Ermitage. La société de Bill Gates négocie auprès des collections publiques les droits de reproduction multimédia des œuvres d’art en leur possession et pourra à son tour autoriser certaines maisons d’édition et groupes de communication à exploiter les images numérisées des œuvres conservées par le musée de Saint-Pétersbourg.

En plus de Kominfo et Intersoft, Artinfo a été l’un des pionniers de la production multimédia en Russie, avec notamment la série "Art contemporain", une collection de CD-Rom retraçant l’évolution de l’art russe depuis les années quatre-vingt, dont deux titres viennent de paraître. Ils comportent chacun plus de 1 000 œuvres, exécutées par plus de 100 artistes de Russie et des fédérations de l’ex-URSS. Un troisième volet est en préparation, avec la collaboration du George Soros Contemporary Art Centre de Moscou. Artinfo annonce enfin le premier volume d’une série intitulée "Anthologie de l’art russe, le XXe siècle" (tél. 095 292 37 25).

Artinfo a également mis en place une banque de données accessible sur l’Internet. Le Soros Centre participe lui aussi activement au développement du on-line en Russie, notamment par l’intermédiaire d’un projet de serveur baptisé L’art en Russie, opérationnel sous peu. Outre des sections consacrées aux programmes des expositions, musées, salles des ventes, galeries, éditeurs d’art, experts, artistes contemporains russes, il délivrera des informations sur les modalités d’exportation des œuvres d’art et les règlements douaniers, aussi bien que sur les œuvres d’art volées… Mais la plus grande originalité consistera en un Musée d’art contemporain, également conçu par le Soros Centre.

Ce musée imaginaire "abritera" les œuvres d’une centaine d’artistes russes, caractéristiques de la production des vingt dernières années. Limité dans un premier temps à Moscou et Saint-Pétersbourg, le serveur fournira progressivement des renseignements sur d’autres régions de Russie. Ce projet de George Soros s’inscrit dans un cadre plus général de création d’une fondation internationale Internet, qui devrait permettre à terme de relier entre eux les écoles, bibliothèques, instituts, hôpitaux… disséminés en Russie. Car l’intérêt pour le multimédia se manifeste partout dans le pays.

Le Grand Novgorod du Seigneur
Par exemple, l’université de Iaroslav, en collaboration avec le Musée d’histoire et d’architecture de cette ville, fondée au XIe siècle sur les bords de la Volga, a mis au point un système interactif de recherche d’informations sur l’architecture ancienne de sa région. Il comprend plus de 1 000 références à des églises, monastères, icônes et fresques de la Russie féodale, qui peuvent être consultées soit sur CD-Rom, soit sur le Web. De même, l’université de Novgorod a publié un CD-Rom intitulé Le Grand Novgorod du Seigneur, la colombe de Sainte-Sophie, présentant l’architecture, les fresques et les tableaux de chevalet de l’un des grands complexes monastiques de la Russie féodale.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Le multimédia tisse sa toile en Russie

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque