Ventes aux enchères

Entretien

Fabien Béjean-Leibenson : « Je m’intéresse à la scène contemporaine israélienne »

Spécialiste en art moderne et contemporain,SVV Pierre Bergé & associés, Paris et Bruxelles

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 février 2010 - 645 mots

Quel a été votre parcours avant d’intégrer la maison de ventes Pierre Bergé & associés (PBA) ?
Après une formation en droit et histoire de l’art à l’École du Louvre, j’ai travaillé pour la maison de ventes Alice, créée en 2000 par Francis Simon – un ancien directeur général de Sotheby’s France – et qui n’a existé qu’une année. J’ai poursuivi mon expérience quelques mois chez Tajan au département d’art moderne, avant de rejoindre le galeriste parisien Jean-Jacques Dutko, spécialisé en Art déco et en art contemporain. En 2004, j’ai rencontré Frédéric Chambre et Antoine Godeau, coprésidents de PBA, au moment où ils développaient les ventes d’art moderne et contemporain.

Comment les ventes ont-elles évolué chez PBA ?
À mon arrivée, il y a six ans, nous avons développé les ventes d’art moderne et contemporain à Paris. En 2006, PBA a racheté la salle des Beaux-Arts à Bruxelles et délocalisé là-bas les ventes d’art du XXe siècle (arts décoratifs, design, tableaux modernes et contemporains et bijoux).

Pourquoi miser sur Bruxelles plutôt que sur Paris ?
La salle des Beaux-Arts est vraiment un lieu magique. PBA y imprègne une image forte. Nous pouvons y organiser des expositions assez longues en mélangeant mobilier, design et tableaux. Nous apprécions de créer un goût plus global. Nous y avons gagné une clientèle de collectionneurs très pointus et rigoureux en art contemporain, essentiellement des amateurs belges, hollandais, allemands.

Que pensez-vous de l’engouement pour l’art contemporain chinois, indien, iranien ?
Nous en présentons dans le cadre de nos ventes généralistes sans pour autant faire de vacations spécialisées. Cela serait à mon sens trop réducteur pour nos collectionneurs.

Vous lancez cette année un département d’art contemporain israélien. N’est-ce pas aussi réducteur ?
Il s’agit d’une découverte personnelle que j’ai eu envie de faire partager. Et d’une aventure inédite en Europe. Sotheby’s a déjà organisé des ventes d’art israélien à New York, mais en mélangeant des œuvres des XIXe et XXe siècles. Je ne m’intéresse qu’à la scène contemporaine israélienne, dont la dynamique est extraordinaire. Les démarches des artistes l’attestent par la qualité des thématiques proposées sur la civilisation, l’histoire, le temps ou encore le langage.

Quand ce phénomène a-t-il débuté ?
À la suite d’un voyage à Tel-Aviv l’an dernier, j’ai été fasciné par la vigueur de la création artistique et son histoire, notamment avec le mouvement « Les Nouveaux Horizons » des années 1960 et « Le Léviathan », un groupe hiérosolymitain des années 1970 réunissant des artistes ayant réalisé des performances dans le désert du Néguev. Ces derniers ont pour principe fondamental la recherche d’une identité juive israélienne à travers le mysticisme juif et le lien avec la Terre d’Israël.

J’ai aussi rencontré toute une jeune génération d’artistes à la fois imprégnés des mouvements de leurs pères et en même temps affranchis de certaines problématiques, créant ainsi différents mouvements post-conceptuel, minimal et autour d’une nouvelle approche de la figuration. Beaucoup de pays ont connu à un moment de leur histoire un âge d’or de l’art particulièrement prolifique et créatif ; nous assistons depuis plusieurs années à cet instant magique en Israël.

À quand la vente inaugurale ?
J’ai programmé deux vacations annuelles se déroulant alternativement à Paris et Bruxelles. Je prépare actuellement un catalogue très documenté d’environ 150 lots pour une vente inaugurale qui aura lieu en mai à Paris, autour d’une cinquantaine d’artistes sélectionnés avec l’assistance de deux consultants en Israël, Jacques Bacri et Eliahou Haviv. La fourchette des prix varie de 1 000 à 50 000 euros. Les amateurs pourront par exemple découvrir les photographies de Gilad Ophir, un grand tableau de Yuval Shaul ou encore une sculpture de Zadok Ben-David.

Avez-vous d’autres projets ?
À titre personnel, je me suis lancé dans la rédaction d’un ouvrage présentant la scène contemporaine israélienne autour d’une centaine d’artistes. La publication de ce livre bilingue français-anglais est prévue à l’automne 2010.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°318 du 5 février 2010, avec le titre suivant : Entretien : Fabien Béjean-Leibenson, spécialiste en art moderne et contemporain,SVV Pierre Bergé & associés, Paris et Bruxelles - 'Je m’intéresse à la scène contemporaine israélienne'

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