Partie de Boulle

Le retour difficile de meubles connus

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 543 mots

Cinq des six meubles en marqueterie de style Boulle – dont trois avaient été acquis à la Biennale des antiquaires de 1994 –, bien connus des marchands parisiens et dispersés par Me Tajan le 3 avril, sont partis, à une exception près, en dessous de leur estimation. En revanche, la vente de mobilier et d’objets d’art de Me Picard le 10 avril a obtenu de bons résultats.

PARIS - Le marché ne pardonne décidément pas les remises en ventes précipitées, même pour les pièces importantes, et surtout dans la ville de leur acquisition. Vendue 2,6 millions de francs il y a guère plus d’un an, une somptueuse paire d’armoires d’époque Louis XIV, estampillées N. Sageot, en placage d’ébène, écaille rouge, cuivre, laiton et corne teintée, a trouvé preneur chez Me Tajan, le 3 avril, à 1 607 383 francs seulement, son estimation basse.

Madame S. perd entre 25 % et 30 %
C’est la surprise la plus désagréable qu’a réservée la vente de Me Tajan à la riche collectionneuse, pudiquement identifiée dans le catalogue comme "Élisabeth S.", qui se séparait de cinq importants meubles Boulle, dont trois, y compris les armoires, avaient été acquis à la Biennale de 1994 chez Jean Gismondi, grand spécialiste de la marqueterie du XVIIe siècle. Rien que pour ces lots, Madame S. aurait perdu entre 25 % et 30 % de son investissement.

Estimé entre 60 000 et 80 000 francs, un socle rectangulaire Louis XIV, richement décoré de bronzes ciselés, est parti à 45 000 francs seulement. Jean Gismondi a racheté à 260 000 francs un rare coffret à jeux estimé entre 150 000 et 200 000, qu’il avait vendu à la Biennale de 1994. Un bureau Mazarin, dont le marchand s’était séparé à la même époque pour 450 000 francs, estimé entre 300 000 et 350 000 francs chez Me Tajan, a été acquis pour 277 135 francs par l’antiquaire parisien Jacques Perrin. Celui-ci a également acheté 831 405 francs une flamboyante commode, estimée entre 800 000 et 1,2 million de francs, venant elle aussi de chez Gismondi, qui s’est offert pour 188 452 francs un cartel et sa console Louis XIV, qu’il avait vendus il n’y a pas si longtemps de cela. La vente de Me Tajan a totalisé 8 249 100 francs sans les frais, avec 104 lots vendus sur 221.
 
Chez Me Picard, le 10 avril, la vente de mobilier et d’objets d’art a enregistré un produit de 5 195 900 francs, avec 199 lots vendus sur 203. Une très belle paire de chenets français en bronze ciselé, vers 1735, a été adjugée 150 000 francs, son estimation haute. Un grand lustre à vingt-sept lumières, XVIIIe siècle, estimé entre 200 000 et 300 000 francs, a trouvé preneur à 340 000 francs, et une exubérante paire de consoles romaines de la même époque, en bois sculpté et doré, est partie à 238 336 francs, juste au-dessus de son estimation basse. Mais une rare suite de quatre fauteuils, vers 1740, estimée entre 800 000 et 1 million de francs, est restée invendue, tout comme un mobilier de salon en acajou, estimé entre 300 000 et 400 000 francs, qui avait déjà été proposé il y a quelques années, sans succès, par le même commissaire-priseur.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Partie de Boulle

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