Dix villes italiennes célèbrent la Grande Grèce

Le "trésor d’Héra"

De Crotone au Musée Barracco

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 382 mots

Le Musée Barracco de Rome apporte sa contribution à l’année de la Grande Grèce en présentant \"Le trésor d’Héra\", un choix d’environ cent cinquante objets (orfèvrerie, bronzes, céramiques...) mis au jour lors des campagnes de fouilles menées entre 1987 et 1990 autour du sanctuaire d’Héra Lacinia, à Capo Colonna di Crotone, pillé et vandalisé au cours des siècles.

ROME - "La renommée de Crotone, explique Giovanni Pugliese Car­ratelli, est liée à deux moments de son histoire civile : l’institution du culte d’Héra sur le promontoire lacinien et la fondation de l’école de Pythagore." Le sanctuaire d’Héra, l’un des plus anciens et des plus vénérés de l’Antiquité, est probablement antérieur à la fondation même de Crotone, vers le milieu du VIIIe siècle avant notre ère, que Pétrone définissait comme "urbs antiquissima et aliquando Italiae prima", c’est-à-dire une "ville fort ancienne et jadis première de l’Italie".

Sirènes, sphinx et gorgones
À partir du Ve siècle av. J.-C., le déclin de cette "polis" grecque s’accompagne de multiples pil­lages du sanctuaire : une première fois par Denys Ier, tyran de Syra­cuse, puis, après le passage d’Han­nibal, par le censeur Quin­tus Flavius Flaccus, qui déroba les fameuses tuiles de marbre du temple (dont quelques-unes sont exposées), suivi par des bandes de pillards anonymes (en 70 av. J.-C.), par Sextus Pompée, et bien d’autres en­core… Il semble toutefois que, jus­qu’au début du XVIe siècle, la forêt des quarante-huit colonnes doriques de l’Hé­raion ait été en grande partie préservée, même s’il n’en reste aujourd’hui qu’une seule, très abîmée. Les sources anciennes font état de trésors exceptionnels, tels une mythique coupe historiée en bronze donnée par Énée et les offrandes extraordinaires faites par Hannibal : une colonne d’or, ses exploits ciselés dans le bronze, une bucula (petite vache) en or, les tableaux de Zeuxis illustrant l’histoire d’Hé­lène, des vêtements précieux... Rien de tout cela ne figure, bien sûr, parmi les objets et les bijoux actuellement exposés au Musée Barracco, datés de la fin du VIIe au milieu du Ve siècle, où se distinguent un diadème en or, probablement destiné à la statue réservée au culte d’Héra, ainsi que des trépieds de chaudron en bronze à décor de sirènes, sphinx et gorgones.

IL TESORO DI HERA (Le trésor d’Héra), jusqu’au 30 juin, Musée Barracco, 168 Corso Vittorio Emanuele II, Rome, tél. 668806848.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Le "trésor d’Héra"

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