Un troisième musée d’art moderne

À l’Arche, des expositions, mais pas encore de collection permanente

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 590 mots

Situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Copenhague, à Ishøj, L’Arche est le troisième musée d’art moderne et contemporain à s’ouvrir dans la région. Construit d’après les plans de Søren Robert Lunds pour un coût équivalent à 145 millions de francs, ce bâtiment aux lignes futuristes ne présentera cette année qu’une série d’expositions temporaires, en attendant d’enrichir sa collection permanente.

Arken (L’Arche), le nom du musée, fait allusion à sa forme architecturale qui évoque un navire aux lignes futuristes, et résout à sa manière un problème longuement débattu dans la presse danoise. Il faut savoir en effet qu’il existe déjà dans la région deux prétendants au titre de musée d’art moderne : le célèbre Louisiana Museum of Modern Art d’Humlebaek, et un musée d’Art conceptuel du mouvement Fluxus, créé par Knud Petersen en 1957, qui porte légalement le titre de Musée d’art moderne de Copenhague. Autrement dit, aucune institution nouvelle désireuse de se spécialiser en art moderne ou contemporain ne peut revendiquer cette appellation.

L’architecte Søren Robert Lunds a conçu un édifice étonnant, ambitieux et hors normes. Mais seules les expositions qui s’y succéderont et la future installation d’une collection permanente, aujourd’hui à l’état embryonnaire, pourront dire s’il met en valeur les œuvres d’art. Le bâtiment s’articule autour d’une salle tout en longueur, effilée comme un aileron géant et baptisée Art-Axis (l’axe de l’Art), d’où rayonnent cinq salles d’expositions de différentes dimensions, ainsi que deux patios de sculptures, un espace multimédia, un restaurant et une salle polyvalente (cinéma, théâtre, opéras, ballets…).

Pour l’art le plus contemporain
Le coût du musée, 165 millions de couronnes danoises (145 millions de francs), a été assumé par la Région de Copenhague, et non uniquement par la Ville. K96, l’organisme directeur de "Copenhague, capitale européenne de la Cultu­re 1996", a apporté un financement complémentaire de 10 millions de couronnes (8,8 millions de francs), et la municipalité d’Ishøj a fait don d’un million de couronnes (880 000 francs). Le budget de fonctionnement s’élève à 45 millions de couronnes (40 millions de francs).

Pour le moment, la collection permanente du musée ne comprend qu’une poignée d’œuvres d’artistes danois contemporains, et aucun budget d’acquisition n’a encore été voté pour enrichir ce département en particulier. Selon Andres Kold, responsable des expositions de l’Arken et ancien conservateur d’Aarhus – où il avait organisé les expositions "Les nouveaux tableaux démocratiques" de Gilbert & George (1992) et "Jeff Koons" (1993) – l’institution a toute latitude pour acquérir des œuvres de l’après-guerre. Toutefois, des artistes comme Giacometti, Klein et Warhol sont si largement représentés au Louisiana qu’il estime plus judicieux de reporter son attention sur les mouvements artistiques les plus actuels.

Aucune acquisition n’étant programmée d’ici la fin de l’année, Anna Castberg, directrice du musée, et Holger Reenberg, conservateur en chef, ont décidé d’affecter leurs ressources au programme d’expositions temporaires.

Robert Frank et Bill Viola en 1997
Après la rétrospective Emil Nolde, présentée jusqu’au 12 mai, les artistes danois contemporains seront naturellement à l’honneur tout au long de l’année, avec des rétrospectives d’Egill Jacobsen, fondateur de Cobra (31 mai-14 juillet), de Per Kirkeby (20 septembre-10 novembre), et des œuvres tardives du surréaliste Vilhelm Freddie (15 novembre-31 décembre). Figurent déjà au programme de 1997 : "Les Américains" de Robert Frank, Guillaume Bijl, la collection d’art contemporain de Dakis Joannou, récemment présentée à Athènes sous le titre "Tout ce qui est intéressant est nouveau" (lire le JdA n° 22, février 1996), et les "Secrets enfouis" de Bill Viola, les cinq installations vidéo créées pour le pavillon des États-Unis à la Biennale de Venise 1995.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Un troisième musée d’art moderne

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