Fascisme et olympisme

Des fresques du Foro Italico vont être restaurées

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 378 mots

Le Comité olympique national italien a reçu une lettre de la surintendance aux Biens architecturaux de Rome l’enjoignant d’entreprendre immédiatement la remise en état du décor du Grand amphithéâtre de l’ancienne Académie d’éducation physique au Foro Italico. Certains s’interrogent sur la nécessité de restaurer des fresques fascistes de mauvaise facture.

ROME (de notre correspondante) - Le Comité olympique italien occupe des bâtiments du Foro Italico depuis la fin de la guerre. Construit entre 1928 et 1943 aux abords de Rome, le Foro Italico, comme la Cité universitaire et les bâtiments de l’Exposition universelle de Rome, est l’un des ensembles architecturaux voulus par le régime fasciste pour exprimer son idéologie.

Au-delà des réserves inévitables que cette réalisation inspire, l’œuvre de nombreux architectes ne peut être passée sous silence. Luigi Moretti y créa notamment quelques-uns des plus beaux exemples de l’architecture rationnelle italienne, tels que la Maison des armes – l’intérieur a été inconsidérément détruit pour être transformé en tribunal –, le gymnase du Duce et la Cella commémorative. De nombreux artistes ont également participé à l’élaboration de ce forum mussolinien, notamment Gino Severini et Giulio Rosso, qui y ont réalisé des fresques, des mosaïques et des sculptures.

Faut-il restaurer l’Apothéose du Fascisme ?
"La restauration des couleurs et la remise en état du décor original" du Grand amphithéâtre, tel qu’il est écrit dans la lettre de la surintendance, inclut notamment une fresque murale de Luigi Mon­tanarini, l’Apo­théose du Fascisme, unanimement jugée plus que médiocre. Cette peinture à la détrempe occupe un mur entier du grand salon (14 m x 32 m, et 16 m sous plafond) réservé aux réunions internationales du Comité olympique. Elle fait face à une autre tempera tout aussi faible, exécutée par Angelo Cane­vari, tandis que les autres murs sont décorés de panneaux peints par Roman Lazzi. Alors que la médiocre fresque de Ca­ne­vari célébrant l’empereur Trajan a toujours été visible, celle de Monta­narini, représentant Mus­solini, fut recouverte d’un panneau de tissu que le Comité olympique se voit donc obligé de déposer. Certains se demandent déjà si cette restauration ne risque pas de passer pour une réévaluation de l’artiste, et pire encore, du sujet représenté. D’autres s’interrogent sur la nécessité de restaurer une fresque célébrant le fascisme dans une salle où se réunissent les représentants de l’organisation olympique…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Fascisme et olympisme

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