Dispersion des trésors des marquis de Bristol

Sotheby’s met en vente le contenu d’Ickworth House

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 546 mots

Les 11 et 12 juin, Sotheby’s dispersera des tableaux et du mobilier conservés depuis plus de deux siècles à Ickworth House, propriété des marquis de Bristol. Le millier d’œuvres et d’objets d’art mis aux enchères – dont certains avaient été vendus par le précédent marquis avant d’être rachetés par son fils – devrait largement dépasser le million de livres (environ 8 millions de francs).

LONDRES (de notre correspondant) - Ickworth House, à Bury St Edmunds dans le Suffolk, a été donnée en 1966 au National Trust, en paiement de droits de succession, avec la plus grande partie des trésors accumulés par les marquis de Bristol. La Rotunda, la partie principale de la demeure, est ouverte au public, mais le VIIe marquis continue d’occuper l’aile est.

L’histoire de cette collection semble se répéter. En 1975, quittant Ickworth House pour s’installer dans le sud de la France, le VIe marquis de Bristol avait déjà liquidé des tableaux et du mobilier que son fils, John Hervey, avait ensuite racheté pour la somme de 2,6 millions de livres. Le même John Hervey, à présent VIIe marquis, se sépare à son tour des trésors artistiques familiaux dans des conditions similaires puisque, selon un porte-parole de Sotheby’s, cette vente "fait suite à la décision du marquis de passer plus de temps à l’étranger" (sans doute à Monte-Carlo et aux Bahamas).

Le National Trust sur les rangs
Les peintures mises en vente comptent notamment une paire de portraits du roi George III et de la reine Charlotte, exécutés par Ramsay et son atelier lors du couronnement (estimation 50 000 à 80 000 livres), des portraits de famille du XVIIIe siècle, tels que Elizabeth Hervey, comtesse de Bristol par Kneller (estimation 12 000 à 18 000 livres), et Lord John Hervey, Lord Privy Seal par Van Loo (estimation 20 000 à 30 000 livres), ainsi que des peintures italiennes des XVIe et XVIIe siècles, acquises par le IVe comte de Bristol au cours de ses voyages en Europe à la fin du XVIIIe siècle. Dans le mobilier, une paire de commodes réalisées en 1827 par les ébénistes de la Couronne Banting & France retient l’attention (estimation 4 000 à 5 000 livres).

Il y a trois ans, le National Trust avait acheté deux tableaux au VIIe marquis : le Comte-évêque de Bristol et Derry siégeant face à un envoyé du Pape par Hugh Hamilton, et un Paysage avec personnages antiques par Jacob More, acquis 200 000 livres grâce au National Art Collections Fund. Mais leurs relations se sont considérablement tendues depuis, au point que le marquis a failli être expulsé il y a deux ans. Des négociations seraient actuellement en cours et pourraient le conduire à libérer ses appartements privés, en dépit d’un bail qui n’expire que dans 64 ans. Toutefois, si le National Trust entrait en possession de l’aile est, ce ne serait vraisemblablement pas pour l’ouvrir au public, mais pour y installer les bureaux et autres services qui occupent actuellement la Rotunda et permettre ainsi aux visiteurs d’accéder à une plus grande partie du bâtiment principal.

Bien que le National Trust ne bénéficie d’aucun privilège pour se porter acquéreur avant la vente, il ne devrait pas manquer d’être intéressé par des peintures ou du mobilier dont l’histoire est particulièrement liée à Ickworth House.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Dispersion des trésors des marquis de Bristol

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