Les ventes d’art impressionniste, moderne et contemporain à New York - Part II

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 780 mots

Les ventes d’art contemporain ont tourné à l’avantage de Christie’s, qui a vendu des œuvres de W. de Kooning, J. Johns, J. Shapiro, J. Mitchell et H. Hodgkin au-dessus de leurs estimations. Sothe­by’s n’a en revanche pas atteint ses objectifs, l’échec du de Kooning en début de vacation ayant pesé sur l’ensemble de la soirée.

Le 7 mai, Christopher Burge donnait le ton chez Christie’s en adjugeant 140 000 dollars (728 000 francs) une gouache de Dubuffet estimée entre 60 000 et 80 000 dollars, avant d’en venir aux pièces maîtresses du catalogue : deux œuvres de l’Expressionnisme abstrait consignées par Edmund Pillsbury, le directeur du Kimbell Art Museum de Fort Worth. Malgré ses dimensions réduites, Mailbox par de Kooning (estimée entre 2,5 et 3 millions de dollars) a été acquise 3,4 millions de dollars par un collectionneur américain anonyme, après une compétition acharnée avec Pace-Wildenstein, tandis que Something of the Past (estimée entre 2 et 2,5 millions de dollars), l’une des deux toiles les plus importantes de Pollock à passer en vente publique depuis quinze ans, était achetée 2,2 millions de dollars (17,7 millions de francs) par Robert Mnuchin, de C & M Arts, après une lutte serrée avec le consultant Jeffrey Deitch.

Deux amateurs se sont disputés, par téléphones interposés, une sculpture réalisée par Donald Judd en 1968 (estimée entre 150 000 et 200 000 dollars), finalement enlevée au prix record de 370 000 dollars (1,9 million de francs). Plus surprenant encore, les 365 000 dollars déboursés par un autre amateur enchérissant par téléphone pour un récent tirage en bronze de Joël Shapiro (estimé entre 200 000 et 300 000 dollars).

Prix dérisoire pour Tony Cragg
In the Bay of Naples, vaste et beau tableau de Howard Hodgkin (estimé entre 350 000 et 400 000 dollars) consigné par le courtier David Workman, de la maison Bear Stearns, est parti sur enchère téléphonique à 440 000 dollars (2,3 millions de francs), et une jolie composition abstraite de Joan Mitchell (estimée entre 300 000 et 350 000 dollars), vendue par la Fondation Graham Gund, a atteint 420 000 dollars (2,2 millions de francs).

L’accueil a été moins enthousias­te pour les deux œuvres consi­gnées par la légendaire collectionneuse Elaine Dannheisser, qui a récemment légué d’importantes œuvres au MoMA de New York. Three Urinals de Robert Gober (estimé entre 120 000 et 180 000 dollars) a été adjugé 130 000 dollars (676 000 francs) sur enchère téléphonique, mais Shell de Tony Cragg (estimé entre 40 000 et 60 000 dollars) n’a obtenu qu’une enchère dérisoire de 20 000 dollars (104 000 francs). Enfin, le délicat Portrait d’Elke par Baselitz (estimé entre 150 000 et 200 000 dollars) a été vendu, sur ordre écrit, à 160 000 dollars (832 000 francs). Anthony d’Offay a acquis pour 320 000 dollars (1,7 millions de francs) la seconde toile allemande de la soirée, une Nature morte aux trois pommes de Richter (estimée entre 200 000 et 300 000 dollars).

Un Howard Hodgkin pour Bill Gates
La soirée du 8 mai avait pourtant bien commencé chez Sotheby’s, sous la direction d’une Diana D. Brooks très autoritaire, tout juste sortie de sa vente mirifique des biens personnels de Jacqueline Kennedy Onassis. Mais sa belle confiance allait vite être entamée par l’échec complet de Woman as Landscape par de Kooning (estimé entre 6 et 8 millions de dollars). En revanche, une grande Abstraction noire et blanche du même artiste (estimée 600 000-800 000 dollars), récemment passée en salle de vente, a été achetée 950 000 dollars par la collectionneuse de San Fran­cis­co Leanne Roberts. Parmi les autres toiles réapparues sur le marché, Indian Subject de Howard Hodgkin (estimée entre 100 000 et 150 000 dollars), vendue à son estimation basse (520 000 francs) à Bill Gates, et Plus and Minus III de Roy Lichtenstein (estimée entre 80 000 et 100 000 dollars) enlevée à 50 000 dollars (260 000 francs), alors qu’elle avait atteint 160 000 dollars chez Sotheby’s en 1993.

Deux anciennes œuvres de la collection Saatchi consignées par l’homme d’affaire Arnold Forde se sont mieux comportées : un relief en fibre de verre d’Eva Hesse, Sans II (estimé entre 450 000 et 550 000 dollars), adjugé 600 000 dollars (3,1 millions de francs)sur enchère téléphonique, et Report de Robert Ryman (estimé entre 350 000 et 450 000 dollars), parti sur ordre écrit à 350 000 dollars (1,8 million de francs), alors qu’il ne s’était pas vendu en avril 1991. Enfin, une belle toile de Gorky, Study for Agony (estimée entre 2,5 et 3,5 millions de dollars), dessin colorié à l’huile probablement vendu par un membre de la famille de l’artiste, a fait 2,2 millions de dollars (11,4 millions de francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Les ventes d’art impressionniste, moderne et contemporain à New York - Part II

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