Le Victoria & Albert soigne son anglais

Remaniement de quinze salles des British Galleries

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 563 mots

Le Victoria & Albert Museum de Londres espère réunir 25 millions de livres (192,5 millions de francs) pour procéder au réaménagement complet de quinze salles des British Galleries, soit les deux tiers de cette section de l’art décoratif anglais qui couvre la période 1500-1900.

LONDRES (de notre correspondant) - "Dans leur présentation actuelle, les trois mille œuvres et objets exposés ne donnent qu’une idée superficielle de l’art décoratif britannique. Nous voulons créer des salles qui stimuleront l’esprit des visiteurs, enchanteront le regard et restitueront l’atmosphère de l’époque", affirme Christopher Wilk à propos des quinze salles des British Art and Design Galleries que le Victoria & Albert Museum (V&A) souhaite entièrement rénover. Ce spécialiste du mobilier, conservateur au musée, est chargé de mener à bien le plus important réaménagement programmé par le V&A depuis cinquante ans.

La reconstruction des British Galleries, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a pris fin en 1952, et les salles sont aujourd’hui en bien piteux état. Depuis les années soixante-dix, la plus grande d’entre elles (la salle 56) est tantôt fermée tantôt utilisée comme réserve. De plus, l’absence de climatisation interdit d’exposer la collection de textiles et les tapisseries. Aussi, beaucoup s’indignent du mauvais traitement infligé à l’art décoratif britannique par un musée qui devrait, selon les vœux de ses fondateurs, être une vitrine de l’excellence nationale. Ces dernières années, le V&A avait trouvé plus facile de réunir des fonds pour ses collections étrangères des salles Toshiba, Nehru, Tsui et Frank Lloyd Wright.

Quatre ans de fermeture
Cette rénovation tant attendue est une initiative du nouveau directeur du V&A, Alan Borg, entré en fonction au mois d’octobre 1995. Contrairement à ses prédécesseurs qui avaient privilégié des interventions limitées, Alan Borg a jugé qu’il serait plus économique de profiter des subsides versés par l’Heritage Lottery Fund pour engager une rénovation en profondeur. Une demande de financement portant sur une part substantielle du coût total du projet a été soumise en ce sens à l’organisme "distributeur" des fonds issus de la Loterie nationale britannique. Celui-ci rendra sa décision à la fin de l’année et, si le musée parvient à boucler son tour de table, les travaux devraient commencer aussitôt. Ils entraîneront la fermeture des quinze salles pendant quatre ans, vraisemblablement de la fin de l’été 1997 jusqu’en 2001. Le V&A pourrait organiser des expositions temporaires ou itinérantes des chefs-d’œuvre de l’art décoratif britannique, mais l’entreprise exigerait alors de nouveaux financements, indisponibles pour l’heure. En conséquence, la majeure partie de la collection restera sans doute dans les réserves en attendant la fin des travaux.

Le Victoria & Albert en tournée américaine

Une exposition des plus belles pièces de la collection du V&A parcourra les États-Unis avant de retourner à Londres, en 1999, pour la commémoration des cent ans de la nouvelle appellation du musée, rebaptisé par la reine Victoria. L’exposition retrace l’histoire du V&A à travers l’enrichissement de ses collections. Elle se tiendra en premier lieu au Baltimore Museum of Art, en octobre 1997, avant de faire étape dans quatre autres grandes villes américaines. Parmi les deux cents pièces exposées : la Crucifixion en ivoire de Giovanni Pisano, un bodhisattva népalais du XIVe siècle, le coffret de Marie de Médicis, le Joyau de Tor Abbey, la cravate de Grinling Gibbons ayant appartenu à Horace Walpole, ainsi que La marquise de Pompadour, par Boucher, La cathédrale de Salisbury, par Constable, et Daydream, de Rossetti.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Le Victoria & Albert soigne son anglais

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