Les grands salons de juin à Londres

Grosvenor House, Olympia, International Ceramics Fair

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 1143 mots

En juin – qui est aussi un mois de grandes ventes chez Christie’s et Sotheby’s –, Londres devient la capitale mondiale des salons d’art : la prestigieuse Grosvenor House Art & Antiques Fair, haut-lieu du goût britannique, se tiendra du 13 au 22 juin. Avec près de cinq fois plus de marchands – 400 contre 88 –, et des objets rigoureusement expertisés mais de qualité moins exceptionnelle, la Fine Art and Antiques Fair d’Olympia aura lieu du 6 au 16 juin. Last but not least, l’International Ceramics Fair, au Park Lane Hotel du 14 au 17 juin, regroupera 40 galeries spécialisées pour constituer ce que le magazine Country Life qualifie tout simplement de \"l’un des délices de l’été londonien\".

LONDRES - C’est dans une ancienne patinoire, devenue la plus grande salle de banquets d’Europe, dans un sous-sol du Grosvenor House Hotel, à Park Lane, que se déroule chaque année l’Art & Antiques Fair. Sous l’égide de la British Antique Dealers’ Association et sous le haut patronage de la reine mère (des œuvres des collections royales y sont chaque fois exposées), 87 marchands, dont 12 étrangers, y dresseront leurs stands du 13 au 22 juin. Toutes les spécialités du marché de l’art – surtout ancien –, du tableau au mobilier en passant par l’argenterie, l’orfèvrerie et les objets d’art, y seront représentées pour une clientèle qui, bien que pas toujours nombreuse, est réputée pour être internationale et très acheteuse.

Une petite minorité d’étrangers
Connu familièrement sous le nom de "Grosvenor House", le salon s’était d’abord imposé, lors de sa création en 1934, comme événement mondain. Le premier à introduire le vetting (l’examen de tous les objets exposés par un comité d’experts), et considéré aujourd’hui comme l’un des plus importants rendez-vous du marché de l’art au monde, l’Art & Antiques Fair privilégie l’art et le mobilier britannique mais accueille, depuis 1990, une petite minorité d’étrangers.

Le pourcentage d’exposants non-britanniques – parmi lesquels, Ariane Dandois, Yves Mikaeloff, Jacques et Patrick Perrin viennent cette année de Paris –, n’augmentera sans doute plus, au dire des organisateurs. Y introduire des étrangers (Didier Aaron, le premier admis en 1987, dirige une galerie à Londres et ne l’était, selon eux, qu’à moitié), avait froissé la susceptibilité des marchands anglais les plus conservateurs. "C’était pourtant une évolution essentielle, se souvient Alison Vaissière, directrice du salon. Étant une des meilleures foires au monde, nous voulions faire venir des marchands tout aussi prestigieux. Grosvenor House est certes, dans son essence même, britannique. Mais nos marchands vendent des objets internationaux à des clients qui ne le sont pas moins. La présence d’exposants étrangers ajoute à notre internationalisme."

Ariane Dandois, l’un des premiers marchands étrangers à participer à Grosvenor House, montrera une sélection de mobilier et d’objets des XVIIIe et XIXe siècles. Elle trouve l’organisation du salon "fantastique" et, tout comme son confrère parisien Yves Mikaeloff qui, pour la troisième fois cette année, présentera une sélection de mobilier allemand et français, se réjouit de rencontrer de nouveaux clients."Je vois des clients américains, sud-américains et asiatiques qui ne viennent jamais à Paris, remarque-t-elle. Ceci dit, le salon est trop long. Il n’y a pas assez de clientèle à Londres pour justifier une telle durée".

De grandes fortunes à Londres
Membre du groupe Antiquaires à Paris et grand spécialiste du mobilier et des objets français XVIIIe siècle, Jacques Perrin y trouve un autre avantage essentiel : "De grandes fortunes internationales se sont établies à Londres, attirées par des conditions fiscales tout à fait favorables – qui existent en Grande-Bretagne mais malheureusement pas en France – et cette clientèle a besoin de se meubler."

Le marchand parisien Akko Van Acker participe, lui, à la Fine Art and Antiques Fair d’Olympia. Le salon regroupera, du 6 au 16 juin, plus de 400 exposants britanniques, européens, américains et australiens, sur deux niveaux du Grand Hall, à l’extrémité ouest de Kensington High Street. Créée il y a 23 ans, Olympia attire de nombreux acheteurs, souvent des visiteurs de Grosvenor House et de l’International Ceramics Fair : en 1995, selon P & O Events, ses organisateurs, elle a accueilli près de 38 000 personnes et enregistré un chiffre d’affaires déclaré de 23 millions de livres, soit environ 180 millions de francs. La très grande diversité des objets, mais aussi des prix – ils peuvent varier de quelques centaines de livres à plus d’un million –, constitue le grand charme d’Olympia.

Le spacieux rez-de-chaussée du salon, qui regroupe les trois quarts des exposants, est consacré aux tableaux et objets d’avant 1940 (d’avant 1960 pour ce qui concerne la joaillerie), tandis que le premier étage abrite quelque 90 stands plus prestigieux, qui proposent des pièces d’avant 1890. Akko Van Acker se trouvera aux côtés de trois de ses compatriotes – Charles de Langlade, de la galerie Actéon, Gérard Monluc et Anne Jaudel, de A.J. Antiquités – dans un petit "espace français" de 80 m2.

Tous les arts du feu
"Olympia n’est pas un salon à la hauteur de la Biennale, et certains confrères m’avaient conseillé de ne pas y participer, nous a confié Akko Van Acker. Mais j’y vais pour être présent à Londres, où je n’ai pas encore de clients, et pour montrer cinq ou six objets du niveau de qualité de Grosvenor House."

La galerie Dragesco-Cramoisan participe, depuis 1984, au troisième salon londonien du mois de juin. L’International Ceramics Fair se tiendra du 14 au 17 juin au Park Lane Hotel, dans Piccadilly, avec quarante marchands, dont dix étrangers. Créée il y a quinze ans par Anna et Brian Haughton, marchands de céramiques et également organisateurs des International Fine Art Fair et Asian Art Fair de New York, cette foire est la seule au monde qui soit consacrée à tous les "arts du feu". Bernard Dragesco et Didier Cramoisan, seuls Français du salon, y exposeront une sélection de verrerie et de porcelaine française, principalement des XVIIIe et XIXe siècles.

"Un salon aussi spécialisé est idéal pour nous, explique Didier Cramoisan. Nous avons participé deux fois à la Biennale, mais nous n’y retournerons pas – sa clientèle n’est pas forcément intéressée par la céramique. À Londres, en revanche, nous rencontrons des conservateurs de musées, des collectionneurs et d’autres marchands, tous très connaisseurs. Les deux conférences organisées chaque jour, souvent sur des sujets de recherche en cours, font venir beaucoup de visiteurs."

Michael Gillingham et Alistair Sampson, de Londres, exposeront un très rare groupe d’émaux chinois, vers 1720-1800, et Jorge Welsh Oriental Porcelain une paire de pichets à vin, famille verte, du XVIIIe siècle. Des verres anglais du XVIIIe siècle et de la verrerie irlandaise vers 1790-1810 seront présentés chez John Smith of Mallett & Asprey. Pour la première fois, le salon accueille un exposant qui mettra en vente sa propre production : Anne Gordon, comtesse d’Aberdeen, proposera des soupières dont la forme est inspirée par les choux et les choux-fleurs de son propre jardin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Les grands salons de juin à Londres

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