Marasme des modernes à Paris

Quelques bons prix, beaucoup d’invendus

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 588 mots

Plusieurs ventes à Paris, notamment chez Me Guy Loudmer, Me Jacques Tajan et Me Marc-Arthur Kohn, montrent que le marché du tableau moderne, toujours ralenti par la crise, est desservi par des estimations trop élevées et un manque de qualité.

PARIS - Le tableau moderne n’a pas la cote à Paris. À commencer par l’œuvre tardive (et en assez mauvais état) de Cézanne, Paysage aux environs d’Aix-en-Provence, 1902-1906, présentée par Me Guy Loudmer le 17 juin avec une estimation d’environ 20 millions de francs, mais rachetée, les enchères n’ayant pas dépassé 14,5 millions de francs. L’autre lot important de la vente, L’atelier au lutrin, 1926, d’Henri Matisse, estimé entre 5 et 6 millions de francs, est également resté invendu.

Une vue provençale
Un bronze d’Alberto Giacometti, Petit buste sur colonne, vers 1952, s’est convenablement vendu à 2,3 millions de francs, juste en dessous de son estimation basse. Cependant, des œuvres de moindre valeur ont obtenu d’excellents résultats. Le premier lot de la vacation, par exemple, Paysage de la Crau, 1870, une belle vue provençale de Paul Guigou, est parti à 162 000 francs, le double de son estimation haute, et Paysans sur un chemin de campagne, vers 1863-1865, par Camille Pissarro, adjugé 385 000 francs, n’a pas eu de mal non plus à faire deux fois son estimation. Estimé entre 20 000 et 50 000 francs seulement, Portrait d’une jeune polonaise, un dessin à l’encre de Chine exécuté par Picasso en 1948, a trouvé preneur à 96 000 francs, tandis qu’une composition cubiste de Maria Blanchard, Nature morte à la bouteille, vers 1918, adjugée 310 000 francs, quadruplait presque son estimation. Succès également pour deux œuvres de Calder : 1232114, de 1955, adjugé 310 000 francs contre une estimation de 200 000-250 000 francs, et 480 000 francs pour le mobile Sans titre, estimé 200 000-300 000 francs. 35 lots sur 63 ont été vendus.

Me Jacques Tajan, le 10 juin, a trouvé preneur pour 33 de ses 69 tableaux et sculptures modernes. Le Cicerone, 1947, par René Magritte, et Tête d’homme, une gouache de Picasso de 1939, ont fait respectivement 1,8 million et 900 000 francs. Adjugée 2,3 millions de francs, une toile de Claude Monet, La route de la Roche-Guyon, 1880, a presque atteint son estimation basse. Mais les lots les plus importants sont pour la plupart restés invendus : Paysage aux arbres, 1859, une très intéressante étude de sous-bois de Manet, par exemple, estimée entre 800 000 et 1 million de francs ; Femme en bleu dans un paysage, 1916, par Renoir, surestimée – pour une toile aussi tardive – entre 3 et 4 millions de francs ; ou encore La Parisienne, vers 1898, de Pierre Bonnard, estimée entre 1,8 et 2 millions de francs. Ce tableau élégant, provenant d’une collection privée, avait un prix de réserve trop important.

Chez Me Marc-Arthur Kohn, le 13 juin, moins d’un tiers des tableaux et sculptures – dont beaucoup avaient été consignés par des marchands – se sont vendus, souvent à des prix nettement en dessous des estimations. Parmi les rescapés de la vente, Étalon boulonnais, vers 1907, de Rembrandt Bugatti, a été adjugé 405 000 francs, et Paysage et usine, du Douanier Rousseau, 400 000 francs.
Me Laurence Calmels, en revanche, a vendu 70 des 92 lots de sa vente d’art moderne et contemporain, le 10 juin, qui proposait, certes, des œuvres moins prestigieuses. Deux huiles de Zao Wou-Ki, en particulier, ont fait de bons résultats : 7.4.61, adjugée 460 000 francs, et 25.4.88 vendue 400 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Marasme des modernes à Paris

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