Espagne - Architecture

Barcelone en tenue de ville

Un été sous le signe de l’architecture

Par Roberta Bosco · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 787 mots

BARCELONE / ESPAGNE

Même si le XIXe congrès triennal de l’Union internationale des architectes (UIA) ne dure que du 3 au 6 juillet, attirant six mille participants à Barcelone, une douzaine d’expositions et de nombreux séminaires, conférences et débats transformeront Barcelone en capitale mondiale de l’architecture pendant tout l’été.

BARCELONE (de notre correspondante) - La Pedrera d’Antonio Gaudí (lire ci-contre), tant admirée par Salvador Dalí, accueille jusqu’au 27 août l’exposition la plus attendue de cet été à Barcelone, "Dalí et l’architecture", organisée par La Caixa de Catalogne en collaboration avec la Fondation Gala-Salvador Dalí de Figueras. Selon le commissaire de l’exposition, Juan José Lahuerta, "l’exposition veut mettre en évidence l’importance implicite et explicite de l’architecture dans l’œuvre de Dalí, si l’on considère que, tout en étant une constante de son aventure artistique, elle reste un de ses aspects les moins étudiés".

L’exposition, dont la scénographie a été confiée à l’architecte Oscar Tusquets, comprend vingt-sept huiles, dont la première version de La Madone de Port Lligat (1949), Léda atomique (1949), Tête raphaélesque (1951), L’homme invisible (1929), ainsi que Le jeu lugubre (1929) et Ma femme nue contemplant son propre corps (1945) qui appartiennent toutes deux à des collectionns privées et ne sont exposées qu’en de rares occasions. Une centaine de dessins originaux, pour la plupart inédits et provenant à 90 % de la fondation de Figueras, ainsi que des maquettes, photographies, textes et affiches de Dalí, viendront compléter l’exposition qui a coûté l’équivalent de 3,3 millions de francs.

"Dalí s’est toujours beaucoup intéressé à l’architecture, comme le montrent ses œuvres et sa contribution théorique, souvent polémique, sans oublier son implication plus ou moins grande dans différents projets, y compris sa maison et son musée", explique Juan José Lahuerta. Pour preuve, la remarquable série d’une dizaine de maquettes reflétant les mutations esthétiques successives de sa maison de Port Lligat qui, avec le château de Púbol et le Théâtre-Musée de Figueras, lui ont permis de réaliser ses idéaux en la matière. Au-delà, les opinions de Dalí en faveur d’une architecture délirante se concrétisent dans le visage de Mae West transformé en appartement, tandis que l’influence de Gaudí, qui eut bientôt fait de remplacer Le Corbusier dans le cœur du peintre, est sensible dans les dessins de l’Église suspendue (1929) et d’autres édifices affublés d’ yeux.

La ville habitée
Jusqu’ au 28 juillet, le palais Macaya, siège de la Fondation La Caixa, rend un hommage au groupe El Paso, intitulé "L’architecture et l’art des années cinquante à Madrid". Constitué à partir d’un noyau d’artistes et d’architectes madrilènes, parmi lesquels Antonio Fernández Alba, Javier Sáez de Olza, Miguel Fisac, Curro Inza et R.V. Molezún, El Paso a été le moteur d’un mouvement artistique à l’origine d’une architecture différente et de grande qualité, qui eut une influence considérable dans le reste de l’Espagne. L’exposition est structurée autour d’une série d’œuvres emblématiques, représentées par des maquettes, dessins originaux et photographies que le commissaire Gabriel Ruiz Cabrero a mis en parallèle avec une sélection d’œuvres plus classiques et rationnelles.

Parmi les autres expositions organisées à l’occasion du congrès de l’UIA : "Light Construction" (jusqu’au 20 octobre) et "Regards sur le musée" (jusqu’au 22 septembre), toutes deux au nouveau Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba) conçu par Richard Meier. La première, produite en collaboration avec le Museum of Modern Art de New York, détermine à partir d’une trentaine de projets de dix pays différents, les tendances actuelles visant à redéfinir les relations entre l’espace, la structure architecturale et la perception visuelle. La seconde rassemble treize installations conçues par autant d’artistes sur le thème de la relation entre l’œuvre d’art et l’espace qui l’accueille. Ignasi Abellí, Perejaume, Daniel Buren, Craig Wood, Richard Wilson, Michel Verjux et Terry Smith, entre autres, ont été invités par le commissaire, Antonia Perelló, à utiliser aussi bien l’espace intérieur qu’extérieur du Macba. De son côté, la Fondation Antoni Tàpies présente jusqu’au 28 juillet une cinquantaine de photographies de grand format, toutes réalisées à Barcelone par la Britannique Craigie Horsfield sur le thème de "La ville habitée".

DALI ET L’ARCHITECTURE, jusqu’au 27 août, à La Pedrera, Passeig de Gracia, 92. Ouvert tlj, sauf lundi, 10h-14h et 16h-20h, dim. 10h-14h. Tél. : 3 484 59 00.

L’ARCHITECTURE ET L’ART DES ANNÉES CINQUANTE À MADRID, jusqu’au 28 juillet, au Centre culturel de La Caixa, Passeig de San Joan 108. Ouvert tlj, sauf lundi, 11h-20h, dim. 11h-15h. Tél. : 3 458 89 07.


LIGHT CONSTRUCTION, jusqu’au 20 octobre, REGARDS SUR LE MUSÉE, jusqu’au 22 septembre, au Musée d’art contemporain, Placa dels Angels. Ouvert tlj, sauf lundi, 12h-20h, sam., 10h-20h, dim., 10h-15h. Tél. : 3 412 08 10.


CRAIGIE HORSFIELD, jusqu’au 28 juillet, à la Fondation Antoni Tàpies, Aragó 255. Ouvert tlj, sauf lundi, 11h-20h. Tél. : 93 487 03 15.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Barcelone en tenue de ville

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