Collectif, Mythes grecs au figuré, de l’Antiquité au Baroque

Métamorphoses du mythe. Un recueil exemplaire

Par Alain Cueff · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 440 mots

Fruit d’un colloque qui s’était tenu à Delphes en 1993, ce deuxième volume de la collection "Le temps des images" rassemble des contributions qui discutent, selon différents point de vue, les métamorphoses des mythes grecs dans les arts visuels.

"Quand un thème mythique se métamorphose de récit en image, qu’advient-il de lui ? Que subsiste-t-il de commun entre la narration et la représentation figurée ?" Telles sont, posées d’emblée par Stella Geor­goudi et Jean-Pierre Vernant, quel­ques-unes des questions auxquelles ce volume tente de ré­pondre. Questions essentielles, bien sûr, qui offrent un champ d’investigation si étendu qu’on ne saurait attendre d’un seul colloque l’ensemble des réponses possibles. Les sept essais qui composent Mythes grecs au figuré, de l’Antiquité au Baroque n’y prétendent certes pas, mais offrent plutôt des cas d’espèce qui témoignent précisément de la complexité et de la richesse de l’héritage grec dans la culture occidentale.

Des spécialistes du monde gréco-romain discutent des différents traitements qui furent infligés aux dieux, qu’il s’agisse de l’Autel des douze dieux de l’agora athénienne (Stella Georgoudi), de la représentation spécifique d’Hercule dans les bains romains (Mary Beard), ou encore des nombreuses métamorphoses de l’histoire et de la signification du mythe de Danaé (François Lissarague, par ailleurs directeur de cette collection avec Jean-Claude Schmitt). L’approche de Françoise Frontisi-Ducroux est semblable et concerne cette fois le mythe d’Andromède et la "naissance" du corail – où l’on constate une nouvelle fois à quel point les mythes s’inscrivent dans un monde lui-même changeant.

Frontières
Les propos de Jacques Thuillier et Joselita Raspi Serra sont plus généraux. Ils traitent, pour le premier, de l’emploi parfois paradoxal qui est fait de la mythologie gréco-romaine et de ses liens avec la religion chrétienne, et, pour la seconde, de l’essor d’une approche plus scientifique de la matière mythique. Autant de points de vue, exposés avec clarté et soutenus par une iconographie précise, qui ouvrent des perspectives capitales quant à la place de l’esprit mythique. Le texte de Jean-Pierre Vernant entend précisément en tracer les frontières et souligne l’extrême complexité des rapports qu’il entretient avec le langage. À l’origine, les deux termes veulent signifier presque la même chose, et ce n’est que peu à peu, à la fois par le développement des récits, de l’histoire – en particulier avec Thucydide – et celui de la philosophie que se développe une distinction qui deviendra centrale dans la culture occidentale. Ce recueil exemplaire invite à reconsidérer ce qui se joue d’essentiel entre l’imaginaire et le langage, entre le récit et l’image.

Collectif sous la direction de Stella Georgoudi et Jean-Pierre Vernant, Mythes grecs au figuré, de l’Antiquité au Baroque, éditions Gallimard, 238 p., 160 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Collectif, <em>Mythes grecs au figuré, de l’Antiquité au Baroque</em>

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