Baltimore gardera ses chefs-d’œuvre

L’intervention du gouverneur empêche la vente de la collection Lucas

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 431 mots

À Baltimore, la dispersion très attendue de près de 20 000 œuvres d’art de la collection Lucas n’aura finalement pas lieu. Composée pour l’essentiel de dessins et d’estampes, cette collection évaluée entre 8 et 11 millions de dollars comprend notamment des œuvres de Manet, Whistler, Daumier, Delacroix…

BALTIMORE - Grâce à l’intervention de l’État du Maryland, la collection Lucas restera à Baltimore. Pour alimenter leur dotation, les responsables du Maryland Ins­titute College of Art, son propriétaire, avaient annoncé en janvier 1995 leur intention de vendre cette vaste collection (lire encadré). Aussitôt, le Baltimore Mu­seum of Art et la Walters Art Gallery, où la collection est en dépôt depuis les années trente, avaient entrepris des démarches pour empêcher la dispersion. Les deux institutions réclamaient plusieurs millions de dollars au Maryland Institute en compensation des frais de conservation de la collection. Pour couper court à une longue bataille juridique, le gouverneur du Maryland, Parris N. Glendening, s’est efforcé trouver un accord entre les parties en présence. Au terme de dix-huit mois de négociations, la collection sera achetée 8,5 millions de dollars (43 millions de francs) au Maryland Institute. Selon certaines sources, 4,5 millions de dollars (23 millions de francs) seraient apportés par l’État du Maryland, tandis que des donateurs privés prendraient le solde à leur charge.

C’est la seconde fois que l’État du Maryland intervient pour empêcher la vente d’une collection de Baltimore. En 1989, il avait pris part aux négociations qui ont conduit à l’acquisition de la collection du Peabody Conservatory, moyennant le versement, échelonné sur cinq ans, de quelque 15 millions de dollars.

La collection Lucas
Natif de Baltimore, George Lucas s’est installé en Europe au tournant du siècle en vue d’acquérir des œuvres d’art pour le compte des nouveaux millionnaires enrichis par le commerce florissant du port de Baltimore. Parallèlement à ces activités d’intermédiaire, George Lucas s’est constitué sa propre collection de gravures, dessins, mobilier et de sculptures, parmi lesquelles figurent plusieurs bronzes de Barye. Il a également acquis les palettes de plus de soixante-dix artistes, leur correspondance, ainsi que des centaines de livres. À sa mort, en 1909, Henry Walters, l’un de ses clients, hérita de sa collection avant de décéder à son tour l’année suivante. Baltimore ne disposait pas encore de musée à l’époque, aussi l’exécuteur testamentaire de Walters donna-t-il les œuvres au Maryland Institute College of Art, seul établissement à bénéficier de salles à l’épreuve du feu. La collection fut transférée au début des années trente au Baltimore Museum of Art qui les conserve depuis, à l’exception de cinq peintures en dépôt à la Walters Art Gallery.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Baltimore gardera ses chefs-d’œuvre

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