Les folies Art déco de Bruxelles

Quatre expositions pour les mille facettes de l’Art déco

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 496 mots

Pour son dixième anniversaire, la Fondation pour l’architecture offre une passionnante lecture de l’Art déco à Bruxelles en quatre volets.

BRUXELLES (de notre correspondant) - Dès le début des années 1900, le style viennois se propage à Bruxelles avec la maison du peintre Khnopff, et surtout le Palais Stoclet, construit entre 1905 et 1911, dont l’incidence sera considérable. Le lyrisme floral de l’Art nouveau se contracte, la ligne s’épure. Cette montée en puissance du géométrisme ne concerne pas que l’architecture et s’assimile à une perception «cubiste» des formes au goût du jour. Bruxelles est riche de témoignages archi­tecturaux que l’on associera au style Art déco : la villa Van Buuren de Léon Govaerts, l’hôtel Empain de Michel Polak, le hall de la Prévoyance sociale des frères Brunfaut, sans oublier le Palais des beaux-arts d’Horta, participent d’un même esprit qui, sans être totalement d’avant-garde, s’inspire des thèses les plus avancées de l’architecture moderne pour les adapter au goût dominant.

Le "style paquebot"
L’exposition centrale de la Fon­dation pour l’architecture retrace l’histoire de l’Art déco à Bruxelles de 1920 à 1930. Entre le rêve américain qui se diffuse à travers l’Europe et les formes venues de Vienne, le vocabulaire architectural évolue et se détache des formules épuisées de l’Art nouveau. Le style permettra l’assimilation des formes modernistes à travers une typologie qui allie l’audace plastique des avant-gardes et le respect des traditions. Le succès rencontré par l’Art déco en Belgique égale celui de l’Art nouveau qui l’a précédé. Les formes qui se développent marquent une époque dont elles deviennent le symbole en touchant tous les registres de la vie sociale.

En marge de ce parcours, se succéderont des expositions-dossiers qui éclairent certaines facettes du sujet. Ainsi, "Spectacles des Années folles" souligne l’unité de la vision d’une époque. Qu’il s’agisse des Ballets russes, avec leur remarquable Train bleu  créé en 1924, des Ballets suédois et du Skating Ring créé en 1922, ou du cinéma avec L’inhumaine de Marcel L’Herbier et L’Atlantide de Jacques Feyder, le style Art déco a voulu totalement s’identifier à l’esprit du jour, dans un compromis entre les formules radicales de l’avant-garde et le goût d’une élite sociale qui se reconnaîtra tout particulièrement dans le "style paquebot" que la Fondation pour l’architecture présentera en octobre prochain.

Riches de plans, d’études, d’objets, de photographies et de maquettes, ces expositions retracent avec éclat l’histoire de l’Art déco, qui connaîtra son couronnement avec l’Exposition universelle de Bruxelles en 1935. Ces expositions à ne pas manquer sont remarquablement épaulées par un catalogue passionnant et intelligent, qui va au-delà des nomenclatures pour pénétrer ces années que l’on voulait folles.

L’ARCHITECTURE ART DÉCO À BRUXELLES, jusqu’au 1er décembre 1996. En parallèle : SPECTACLES DES ANNÉES FOLLES, du 10 septembre au 20 octobre, et LES TRAVERSÉES DE NORMANDIE ET BAUDOUINVILLE du 29 octobre au 1er décembre. Fondation pour l’architecture, tlj sauf lundi 12h30-19h, samedi-dimanche 11h-19h. Catalogue illustré en couleur, publié par les Archives d’architecture moderne, 240 p., 1 900 FB. En France, éditions Norma.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Les folies Art déco de Bruxelles

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