Uni Dufour : Ier prix ex æquo

Deux interventions minimales pour le bâtiment genevois

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 469 mots

Le Japonais Tatsuo Miyajima et la Brésilienne Maria-Carmen Perlin­geiroe ont remporté le premier prix ex æquo du concours pour la rénovation de l’extérieur du bâtiment Uni Dufour, siège du rectorat de l’université de Genève. Leurs projets, dont le coût est évalué à deux millions de francs suisses, financés à hauteur d’un million par la banque Darier Hentsch & Cie, promoteur du projet, et le solde moitié par l’État, moitié par des sponsors privés, devraient être inaugurés dans un an.

GENÈVE (De notre correspondante) - La délibération a été difficile et a provoqué un vif débat au sein du jury international composé, entre autres, du critique d’art Jean-Christophe Amman, remplaçant au dernier moment Harald Szeemann, des architectes Mario Botta et Richard Meier, du compositeur Pascal Dusapin et du créateur de mode Yohji Yamamoto. Le résultat n’est sans doute pas à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre, étant donné l’ampleur de l’événement. Le choix d’un premier prix ex æquo est conciliant, et les deux interventions sont minimales.

Celles-ci répondent au désir initial de respecter au maximum l’architecture du bâtiment. Le "Projet végétal" de Maria-Carmen Perlin­geiro propose simplement de dégager l’entrée principale et de planter trois immenses cyprès, alors que Tatsuo Miyajima a préféré évoquer l’idée d’une "Forteresse des droits de l’Homme" et transformer discrètement le bâtiment avec des diodes lumineuses où défilent des chiffres. Dix autres prix, d’une valeur de 3 000 à 14 000 francs suisses, ont été attribués à des projets souvent irréalisables ou difficiles à vivre. Frank Stella a reçu le troisième prix pour son projet intitulé "X2", Jean-Pierre Raynaud et François Tamisier le quatrième prix pour leur proposition "Day Night".

Le concours a suscité un véritable intérêt international et une diversité de projets dont le public a pu se rendre compte lors de l’exposition des ébauches anonymes au Musée d’art et d’histoire, un mois avant la délibération du 21 juin.

Le "Bunker"
La présentation avait déjà soulevé toute une polémique, répondant ainsi à l’un des objectifs du concours qui était d’attirer l’attention des Genevois sur ce bâtiment mal-aimé et de discuter de sa réintégration dans le contexte architectural et urbain. L’exposition des projets a parfaitement montré les différents partis pris : les détracteurs d’Uni Dufour qui proposaient la destruction définitive du "Bunker", ceux qui préféraient respecter l’intention des architectes-concepteurs en reprenant l’idée d’une végétation, et ceux qui jouaient sur la symbolique universitaire du bâtiment. La lumière, le végétal et l’écriture ont été les éléments prépondérants.

Le concours a été lancé par la banque privée Darier Hentsch & Cie pour marquer son bicentenaire. Ces banquiers, qui sont également collectionneurs, ont préféré s’engager en organisant entièrement le projet plutôt que de le soutenir uniquement sur le plan financier La médiatisation du concours ayant porté ses fruits, souhaitons à présent que les projets des co-lauréats soient pleinement réalisés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Uni Dufour : Ier prix ex æquo

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