Le temple d’Horta

Yollande Oostens-Wittamer, Horta. L’Hôtel Solvay

L’Hôtel Solvay, un chef-d’œuvre longtemps en péril

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 442 mots

En marge d’Europalia 96, consacré à Horta (voir p. 3 ), une visite guidée en quelque 200 pages pour découvrir les \"secrets\" du chef-d’œuvre de l’inventeur de l’Art nouveau en Belgique. Plus de dix ans après un premier ouvrage savant consacré à l’Hôtel Solvay (L’Hôtel Solvay, Louvain-la-Neuve, 1980), Yollande Oostens-Wittamer publie aujourd’hui un nouveau recueil, dont l’illustration fastueuse rend à elle seule hommage à ce qui restera comme une œuvre d’art total.

Commandé en 1894 par Armand Solvay, fils du célèbre industriel, l’Hôtel Solvay constituera pour Horta un terrain d’action privilégié. Le commanditaire étant disposé à largement investir, l’architecte a pu concevoir un bâtiment dont le moindre détail sera pensé. Au-delà de la théâtralité du lieu, avec son premier étage entièrement modulable pour permettre une ouverture panoramique des salons lors des réceptions, l’Hôtel Solvay témoigne de l’intelligence d’un artiste trop souvent confiné au bel canto de sa ligne mobile. Horta pense l’architecture à la fois en termes de symbole – il rejoint les idéalistes Fabry, Delville, Braecke, Van der Stap­pen… – et en termes de fonction. C’est à ce niveau que l’ouvrage de Yollande Oostens-Witta­mer se veut le plus riche. Les importantes restaurations entreprises ces dernières an­nées ont permis de mieux comprendre les efforts d’Horta pour que l’édifice, œuvre d’art en soi, incarne aussi un idéal moderne de confort. À la qualité du travail des artisans répond l’intelligence des moyens techniques. Et c’est sans doute ici que l’image de Horta devrait être revue pour situer l’architecte aux origines du mouvement moderne des Gropius et autres Le Corbusier. Pour surprenant qu’il y paraisse, Horta pense la demeure en termes de confort et de fonction : il innove avec son système d’aération, de chauffage ou d’éclairage ; il pense l’espace en distinguant les pièces d’habitation des salons d’apparat, et fait ainsi de l’Hôtel Solvay une œuvre d’art total.

L’auteur était particulièrement bien placé pour fouiller les moindres recoins de l’Hôtel Solvay puisqu’elle est la fille du couple de grands couturiers qui, en 1957, décide de racheter le vaste immeuble déserté par la famille Solvay pour en faire ses ateliers. Leur coup de foudre pour l’œuvre d’Horta sera immédiat. Près de quarante ans plus tard, la famille Wittamer témoigne de son courage dans la défense d’un patrimoine longtemps méprisé, dont il ne reste aujourd’hui que de faibles traces. En 1994, l’Hôtel Solvay a été proposé pour être inscrit à l’inventaire mondial de l’Unesco. Ce livre illustre non seulement cette œuvre, pensée jusqu’en ses moindres détails, mais aussi une aventure épuisante.

Yollande Oostens-Wittamer, Horta. L’Hôtel Solvay, Diane de Selliers éditeur, Paris, 184 p., 158 ill. couleur, 30 noir et blanc, prix 3 950 FB, 650 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Yollande Oostens-Wittamer, <em>Horta. L’Hôtel Solvay</em>

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