Deux bâtiments distincts

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 462 mots

Deux bâtiments distincts composent le nouveau Musée archéologique. Le premier abrite les expositions temporaires, l’atelier de restauration, le centre de re­cher­ches, le second présente les collections permanentes.

Visible depuis la rive gauche du Rhône, ce musée d’une taille comparable à celui d’Arles prend l’exact contre-pied de son voisin lyonnais : point de lourde métaphore de l’excavation, comme celle voulue par Bernard Zehrfuss, mais au contraire une enveloppe légère, posée sur pilotis.

En verre et en fer
 Le premier bâtiment est un vaste rectangle offrant à la rue une façade aveugle en inox gris. Ponctué par de simples colonnes de béton qui supportent un toit plat et enveloppant, il s’ouvre par son autre façade sur le site en cours de fouille. Un monumental escalier éventre ce rectangle, allusion rectiligne au théâtre romain qui lui fait face, et conduit à une vaste terrasse panoramique. Il abrite aussi les réserves où s’accumulent puzzles de tessons et pléthore d’amphores. Découpe, armature et matériaux rappellent la Maison carrée construite à Nîmes par Norman Foster, mais ici la monumentalité ne l’a pas emporté sur la fonctionnalité.

Le deuxième bâtiment est posé sur 24 pieds, fichés sur les fondations d’une villa romaine dont il reprend le contour général. Cette fausse baraque de chantier archéo­logique, entièrement vitrée, donne à la fois sur le Rhône, le site et, à terme, sur la maison par un plancher qui pourra être vitré lui aussi. Sa transparence est modulée par des pare-soleil en verre sérigraphié.

Finitions à revoir
Un vaste hall d’accueil permet de se repérer immédiatement. À gauche, la salle d’exposition temporaire, à droite la cafétéria précédée de la boutique ; en face une passerelle conduit à la salle d’exposition permanente. Ici, pas de dédales, mais des espaces simples qui n’excluent cependant pas une extrême sophistication. Chaque aspect du bâtiment est dessiné sur mesure : les rambardes, les escaliers en colimaçon, le mobilier de la cafétéria, tous déclinent de sobres formes de métal, de verre ou de bois. Un souci du détail qui n’est pas toujours suivi par les entreprises : le béton est parfois mal fini, le plancher subit d’étonnantes variations de nuances, le dallage de la terrasse est curieusement mal jointé. Mais l’ensemble frappe par sa cohérence et cette rare prouesse : le musée est à la fois intégré à son environnement et aussi visible que lisible.

Architectes : Philippe Chaix et Jean-Paul Morel
Coût total : environ 147,5 millions de francs
Surface totale : 13 900 m2
Expositions permanentes : 2 500 m2
Expositions temporaires : 630 m2
Auditorium : 300 m2
Réserves : 1 100 m2
Centre de recherche archéologique : 3 500 m2
Mosaïques en réserve : plus de 200 m2
Atelier de restauration des mo­saïques : 2 800 m2
Personnel : 32, dont 10 pour le personnel scientifique

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Deux bâtiments distincts

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