Objectif Pyramides

Les multiples visions des photographes

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 336 mots

De Maxime Du Camp à Lynn Davis, en passant par Felice Beato, Henri Cartier-Bresson, Lee Fried­lander, Duane Michals…, nombre de photographes ont été fascinés par les Pyramides du plateau de Gizeh. Une exposition et un beau livre évoquent cette relation.

PARIS - Du haut de leurs objectifs, plus de quarante photographes les contemplent… "L’engouement pour l’Égypte est plus ou moins contemporain de l’invention de la photographie", relève dans l’ouvrage le commissaire de l’exposition Alain d’Hooghe. Les pyramides comptent donc parmi les tout premiers «modèles» et, hormis les pictorialistes peu enclins au voyage lointain, paysagistes, reporters, photographes de mode et «plasticiens» les ont approchées. Ainsi ce site offre-t-il l’intérêt de retracer à la fois l’histoire de la photographie et la richesse de ses moyens d’expression.

Le choix d’un format carré, rectangulaire ou panoramique, celui d’un cadrage frontal ou décentré, d’une vue d’avion, du noir et blanc ou de la couleur révèlent une vision particulière. John Beasly Greene prend le monument triangulaire dans sa solitude parmi un paysage dépouillé, d’autres photographes saisissent un personnage furtif ou ajoutent à l’image un symbole – un crâne pour François Huguier. Martin Munkacsi accentue l’immobilité majestueuse avec un cheval au galop. À l’inverse, Lynn Davis livre une image de calme où trois chameaux marchent lentement devant les Égyptiennes enrobées d’une brume poétique.

Le reporter René Burri s’intéresse plus à Richard Nixon et Anouar El Sadate, encerclés de gardes du corps sur le qui-vive, qu’aux monuments ; quant à Duane Michals, il apporte une touche d’humour dans une série de six images le montrant édifiant sa petite pyramide "perso".

Au-delà de l’exposition, ces différentes approches sont servies par un ouvrage dont il faut souligner la qualité d’impression des photographies et de la réalisation. L’éditeur nous offre le texte sur un papier couleur sable, tandis que le Tintoretto de la couverture en donne le grain.

LES TROIS GRANDES ÉGYPTIENNES, jusqu’au 5 janvier, Hôtel de Sully, 62 rue Saint-Antoine 75004 Paris, tlj. sauf lundi 10h-18h30. Livre publié par les éditions Marval, 188 p., 395 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Objectif Pyramides

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