Les Italies, les Pieds et les Habitats de Fabro

Au Centre Georges Pompidou, le parcours d’un artiste pauvre

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 436 mots

De nombreuses rétrospectives ont été récemment consacrées (aux États-Unis et en Espagne) au sculpteur Luciano Fabro. Le Centre Pompidou rend à son tour hommage à l’un des protagonistes de l’Arte povera, auteur d’une œuvre singulière.

PARIS - Découverts assez tardivement en France, à la faveur de l’exposition "Identité italienne "organisée au Centre Pompidou en 1981, les artistes qui furent partie prenante de l’Arte povera ne cessent de faire l’objet d’expositions monographiques depuis quelques années, avec un succès qui ne se dément pas. Les œuvres de Pier Paolo Calzolari et Marisa Merz ont récemment été montrées à Paris, et une nouvelle rétrospective d’Alighiero e Boetti s’ouvre cet automne à Villeneuve-d’Ascq (voir page 22). Le travail de Luciano Fabro, né en 1936, a été présenté à de nombreuses reprises à la galerie Durand-Dessert et, sous forme de rétrospective, voilà neuf ans au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.

L’Italie en série
D’apparence répétitive, son œuvre se décline en séries inlassablement reprises au fil des années. La plus marquante d’entre elles est sans aucun doute celle des Italies (depuis 1968), dans laquelle Fabro multiplie les variations autour du profil en botte de son pays. Les différents matériaux – fer, plomb, cuivre… – et processus de fabrication renvoient chaque fois allusivement à de nouvelles connotations (l’Italie en guerre, l’Italie de la mafia, etc…). D’un certain point de vue, ces œuvres sont conformes aux clichés concernant l’aspect pauvre et non-fini de l’art italien de cette période. Pourtant, Fabro a aussi livré des sculptures dont la séduction est délibérée. Les Pieds, en particulier, sont d’une rare sophistication, d’une "beauté insidieuse" qui perturbe précisément les attentes que son travail pouvait susciter.

Une autre série importante sera présentée exhaustivement pour la première fois : les Habitats, dont le premier, en 1966, était un simple cube dans lequel disparaissait l’artiste lui-même au cours de performances. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, la simplicité a cédé le pas à des scénographies plus complexes et plus vastes où transparaissent là encore de nombreuses allusions, notamment aux rapports nature-culture. Dans d’autres œuvres comme les Ephémères, les références à la culture classique ou moderne sont explicites, tantôt sérieuses, tantôt ironiques. De nombreux auteurs ont été mis à contribution dans le catalogue pour décrypter les tenants et aboutissants d’une œuvre parfois didactique. On y trouvera aussi des entretiens avec l’artiste, qui y déploie ses talents de pédagogue.

RÉTROSPECTIVE LUCIANO FABRO, du 9 octobre au 6 janvier, Centre Georges Pom­pidou, Galerie Sud, tlj sauf mardi 12h-22 h, sa­medi et dimanche 10h-22h. Catalogue sous la direction de Catherine Grenier dans la collection "Contem­porains/Monographies", éditions du Centre Pompidou, 300 p., 200 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Les Italies, les Pieds et les Habitats de Fabro

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