Entretien avec Yannick Durand, antiquaire spécialisé en art précolombien, Paris

« Les objets préhispaniques sont très forts »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2009 - 714 mots

Vous avez ouvert une galerie d’art précolombien il y a un an et demi. Quel a été votre parcours avant cela ?
Après deux années de droit à Besançon, j’ai suivi le cursus de l’École du Louvre, avant de passer une licence d’archéologie en égyptologie à la Sorbonne. Depuis l’enfance, l’archéologie me passionne. À l’issue de mes études, j’ai eu l’opportunité de travailler pour la galerie parisienne Mermoz, spécialisée dans l’art précolombien, et qui venait d’ouvrir une antenne rue des Beaux-Arts, où je suis resté trois ans. Ce domaine est fascinant car les objets préhispaniques sont très forts, en particulier ceux liés au chamanisme. La relation à la mort dans les cultures précolombiennes, considérée comme une étape nécessaire à la continuité de la vie, marque une différence majeure par rapport à nos cultures occidentales.

Comment s’est faite votre installation ?
Je me suis installé avec mon confrère David Ghezelbash, que j’ai connu à l’École du Louvre. Lui s’est spécialisé en archéologie classique et du Proche-Orient, en collaboration avec le marchand Jean-Philippe Mariaud de Serres. Nous souhaitions tous les deux rester dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés et l’opportunité s’est présentée à nous de partager une galerie. Nos activités sont complémentaires et cela nous permet de partager les coûts fixes et notre temps.

N’avez-vous pas souffert de la crise intervenue à peine six mois après le lancement de votre galerie ?
Je venais de démarrer et j’avoue ne pas avoir ressenti la crise. J’ai la chance d’être soutenu par quelques collectionneurs fidèles et réguliers.

Comment développe-t-on son activité lorsqu’on est un jeune marchand ?
Cela demande du temps. Les gens ne vous achètent pas tout de suite. Il faut nouer une relation de confiance. Je me fais connaître en participant à des foires et salons internationaux, tel le Parcours des mondes à Paris en septembre où j’ai exposé deux fois. En février, je serai à San Francisco pour la foire Tribal & Textile Arts Show.

Que pensez-vous du marché des ventes aux enchères dans votre spécialité, lequel est depuis quelques années systématiquement entravé par de multiples procédures de la part des pays d’Amérique latine ?
C’est fort dommage pour le marché de l’art précolombien. Pour ma part, je n’ai jamais été embêté. Je reste très vigilant sur la qualité des objets que je propose, à la fois sur leur provenance et sur leur authenticité. Je n’hésite pas à faire des recherches approfondies et à requérir des avis (comme celui de l’expert Jacques Blazy) plus éclairés que le mien sur certains objets. Quand j’ai un doute sur une pièce, je l’écarte aussitôt.

Vous avez récemment étendu la surface de la galerie. Quelle est l’exposition inaugurale de ce nouvel espace ?
Nous avons eu l’opportunité formidable de pouvoir récupérer un espace mitoyen à notre galerie, ce qui nous a permis de doubler notre surface d’exposition en disposant chacun de notre propre salle. Dans la foulée, je me suis dit que cela valait vraiment la peine de monter une exposition en écho à celle qui a lieu actuellement sur la culture Teotihuacán au Musée du quai Branly et qui rencontre beaucoup de succès. J’ai réuni une soixantaine d’objets, pas seulement issus de cette grande cité de l’ancien Mexique, mais aussi des cultures voisines à la même époque. Autour d’un beau masque Teotihuacán en pierre gravitent des encensoirs en pierre et des figurines en jade ou en terre cuite. À côté de cela, je montre notamment des œuvres mayas et du Veracruz, ainsi que des « excentriques », sculptures de Mésoamérique en obsidienne ou en silex d’où surgissent parfois plusieurs personnages de profil. Les prix des pièces varient en moyenne de 2 000 à 25 000 euros.

Croyez-vous à la légende maya qui prédit la fin du monde pour le 21 décembre 2012 ?
Cette date tirée du calendrier maya correspond davantage à la fin d’une ère et au renouveau du monde qui nous entoure qu’à une véritable fin apocalyptique telle que certains la fantasment. J’espère que cette prédiction légendaire sera l’occasion de faire découvrir la civilisation maya à un large public. En ce sens, je projette d’organiser dans ma galerie en 2012 une exposition sur les Mayas.

« Teotihuacán et son temps », du 4 décembre 2009 au 31 janvier 2010, Galerie 1492, 12, rue Jacob, 75006 Paris, tél. 06 62 18 24 70, www.galerie1492.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°314 du 27 novembre 2009, avec le titre suivant : Entretien avec Yannick Durand, antiquaire spécialisé en art précolombien, Paris

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