Une année noire pour les musées nationaux

40 millions de francs de déficit à la RMN en 1995

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 428 mots

Gestionnaire des musées nationaux, principal organisateur d’expositions et premier éditeur d’art en France, la Réunion des musées nationaux accuse pour 1995 un déficit commercial de près de 40 millions de francs, contre un excédent de deux millions en 1994.

PARIS. Le chiffre d’affaires commercial global de l’établissement public en 1995 – 343 millions de francs – subit un recul de 9 %. Il s’élevait à 378,6 millions  en 1994, et 370 en 1993. Pour la RMN, un faisceau d’éléments explique cette détérioration, notamment conjoncturels comme les grèves de fin d’année. Ces dernières ont non seulement perturbé l’activité des points de vente, qui réalisent d’ordinaire leur plus fort chiffre d’affaires en décembre, mais aussi la vente par correspondance (VPC) qui a enregistré une croissance de 3 % seulement, contre plus de 40 % l’année précédente. Selon la RMN, "l’effet grève représenterait à lui seul près de 7 millions de francs de manque à gagner". Mais des causes structurelles sont à évoquer également, telle la stagnation du commerce de détail, et du livre en particulier, ainsi que la baisse de fréquentation des musées, évaluée pour la capitale à 10 % en moyenne et pour le seul Louvre à 13 %. Terrorisme, essais nucléaires et politique du franc fort ne suffiraient plus à expliquer cette évolution de la fréquentation muséale si elle se confirmait cette année.

Des conséquences pour les acquisitions des musées
Par ailleurs, les recettes liées aux grandes expositions – tant la billetterie que la vente de livres et produits dérivés – ont connu un fléchissement après une année 1994 particulièrement faste, avec notamment la venue des chefs-d’œuvre de la Fondation Barnes, même si, en 1995, "Cézanne a sauvé la mise", dit-on rue Étienne Marcel.

Enfin, apparaîtront dans son rapport d’activités 1995, publié en novembre, les investissements engagés par la RMN, qui a ouvert trois nouvelles boutiques, s’est implantée à l’étranger (boutique à Rome et filiale au Japon) et a engagé un ambitieux programme de développement de produits multimédias. L’investissement pour produire un CDRom peut en effet s’élever à 1,5 million de francs. Le retour financier de ces investissements lourds et stratégiques ne peut intervenir immédiatement quoique, justement, le chiffre d’affaires de l’édition "non papier" ait déjà connu pour 1995, et en dépit du contexte difficile, une progression de 37 %.

En fait, vont pâtir de ce résultat négatif, d’une part les grandes expositions aux budgets importants et aux résultats aléatoires, et d’autre part, les acquisitions d’œuvres des musées auxquelles sont d’ordinaire affectés les bénéfices de la RMN – budgets d’acquisitions qui n’avaient pas besoin de cette mauvaise nouvelle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Une année noire pour les musées nationaux

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