Ventes Dina Vierny

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1996 - 456 mots

Grand succès à Drouot pour la vente de la collection d’autographes de Dina Vierny, mais résultat plutôt décevant pour la dispersion de sa collection de poupées, chez Sotheby’s à Londres. Paris, pour une fois, avait de quoi pavoiser face à la concurrence britannique.

PARIS - C’est dans l’espoir de réunir quelque 60 millions de francs pour achever l’institution parisienne qu’elle a fondée et dédiée à l’œuvre de Maillol – dont elle a longtemps été le modèle – que Dina Vierny s’est séparée récemment de deux importantes collections personnelles (d’autres ventes, notamment celle de sa collection d’attelages, devraient suivre). Dina Vierny reste pourtant loin du compte, malgré le triomphe remporté le 28 octobre par la vente de ses autographes littéraires et historiques. La vacation en 157 lots de Mes Laurin Guilloux Buffetaud, à laquelle assistaient de nombreux collectionneurs américains, allemands, britanniques, français et suisses, a réalisé un taux de vendus de près de 100 % et totalisé un produit de 4 880 000 francs.

Les lettres avaient été collectionnées pendant trente ans, en salles de vente et auprès du marchand Jacques Lambert, rue Bonaparte à Paris. Le premier auteur de prédilection de Dina Vierny avait été Georges Sand. Une lettre écrite par Baudelaire à sa maîtresse Madame Sabatier, signée "Charles, 31 août 1857", estimée entre 250 000 et 300 000 francs, a été adjugée 330 000 francs, tout comme une lettre d’Alfred Dreyfus, écrite à sa sœur Henriette et son beau-frère, le 14 janvier 1895, de la prison de la Santé – "Je souffre horriblement de l’infamie dont on a couvert mon nom..." –, modestement estimée entre 40 000 et 50 000 francs. Une lettre de Baudelaire à sa mère concernant Les Fleurs du Mal, datée du 9 juillet 1857, est partie à 285 000 francs, contre une estimation de 150 000 à 200 000 francs.

Les Archives nationales et la Bibliothèque nationale ont acquis plusieurs lots, avec pour cette dernière, à 200 000 francs, la correspondance de Gustave Flaubert à Tourgueniev entre 1863 et 1880. Les musées nationaux ont préempté à 75 000 francs une lettre écrite par Géricault à Horace Vernet à l’Aca­démie française de Rome, en 1820.

Les poupées de Dina Vierny, en revanche (654 lots, principalement du XIXe siècle, la plus grande collection en mains privées au monde, pour laquelle elle avait même caressé le projet d’un musée), avaient été confiées à Bunny Campione chez Sotheby’s ("la meilleure experte au monde", disait Dina Vierny) pour être vendues à Londres – "la Mecque de la poupée, où vous êtes sûr de faire bouger le monde entier des collectionneurs". Résultat : 2 684 859 livres, soit un peu plus de 22 millions de francs, à peine au-dessus de l’estimation basse de 2,3 millions de livres.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Ventes Dina Vierny

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque