Grands livres, grands meubles

À Drouot, ventes variées et fortunes diverses

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1997 - 537 mots

Livres illustrés, Art nouveau et Art déco, photographies ; les ventes récentes à Drouot ne manquaient pas de variété. Certains lots, comme le mobilier de Frank et Chanaux, ont attiré bien plus l’attention des amateurs que d’autres pièces, plus ordinaires.

PARIS - C’était une vente comme Paris sait bien les faire ; la bibliothèque du dirigeant de société immobilière Henri Paricaud, constituée entre 1963 et le début des années quatre-vingt et rassemblant tout ce que la période comptait de mieux en livres illustrés de grand luxe, a été dispersée le 21 novembre par Mes Poulain et Le Fur. La vente a totalisé 12 478 100 francs, environ 20 % au-dessus de l’estimation, et aucun des 175 lots n’a été ravalé lors d’une vacation qui a attiré des collectionneurs français, britanniques, italiens et suisses.

Avec un taux d’invendus avoisinant les cinquante pour cent – 74 objets sur 150 ont été rachetés –, pour un produit total vendu de 5 760 400 francs, la vacation d’Art nouveau et Art déco organisée par Mes Millon et Robert le 3 décembre à Drouot-Montaigne ne réservait que peu de bonnes surprises. Elles étaient heureusement de taille : parmi les grands lampadaires Art déco, dont presque personne ne voulait, et les éter­nelles verreries d’Émile Gallé, une poignée de meubles Art déco, aux lignes fortes et sobres, ont été acquis à un prix très élevé par des collectionneurs européens, enchérissant contre des marchands.

Une chaise Trône de Pierre Legrain, d’inspiration africaniste, en placage d’érable et galuchat, estimée entre 650 000 et 750 000 francs, est partie à 670 000 francs. Une table basse à plateau rectangulaire, gainée de galuchat, par Jean-Michel Frank et Adolphe Chanaux, s’est vendue 475 000 francs, plus que son estimation, tandis qu’une armoire à hauteur d’appui, des mêmes ébénistes, adjugée 620 000 francs, triplait la sienne.

Lors de la vente d’arts décoratifs du XXe siècle organisée le lendemain par Me Francis Briest, deux meubles de styles tout à fait opposés, provenant de la collection de la Banque commerciale privée, ont également retenu l’attention des amateurs : tout en finesse, un bureau de dame d’Émile Jacques Ruhlmann, estimé entre 150 000 et 200 000 francs, a été adjugé 420 000 francs ; un bureau robuste et anguleux en fer forgé, gainé de peau de porc, modèle MB 405, par Pierre Chareau, estimé entre 300 000 et 350 000 francs, a été vendu 335 000 francs.

Le 10 décembre, Me Briest mettait en vente quatre lots de grand mobilier français provenant de la collection de la Banque commerciale privée, dont deux ont presque atteint leur estimation. Quatre fauteuils et quatre chaises estampillés G. Jacob, Louis XVI, 1789-1790, sont partis à 890 000 francs, contre une estimation de 1 à 1,3 million ; et une paire de porte-torchères Louis XVI attribuée à Molitor, estimée entre 1,5 et 2 milions de francs, a trouvé preneur à 1,1 million. Attribuée à Georges Jacob, une paire de consoles en bois relaqué bleu gris, adjugée 1 100 000 francs, a dépassé de 100 000 francs son estimation basse. Le meilleur résultat a été obtenu pour un bureau plat de 1790, estampillé G. Bene­man, enlevé à 1,6 million de francs (contre une estimation de 1,2 à 1,5 million).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : Grands livres, grands meubles

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