Shanghai fait son marché

Musées et galeries ont le vent en poupe

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1997 - 626 mots

Le développement économique sans précédent que connaît Shanghai profite en partie à l’art et à son marché. En effet, alors que le nouveau Musée de Shanghai vient d’être inauguré, un autre musée, consacré cette fois à l’art moderne, pourrait ouvrir ses portes d’ici deux ans, sans compter la création attendue d’une dizaine de galeries privées en 1997.

SHANGHAI - Bellsouth, filiale de AT&T, achète régulièrement des toiles de peintres chinois contemporains, tandis qu’une autre multinationale américaine, Coopers & Lybrand, possède plusieurs œuvres de Wang Ming Shi. De même, les représentants du groupe chimique allemand Henkel investissent dans la peinture chinoise contemporaine pour le compte de leur société. Bref, le marché de l’art contemporain chinois se réveille depuis que quelques galeries de Shanghai répondent aux normes internationales. Ainsi ShanghART, installée depuis le mois de mars dans l’hôtel Portman Shangri-La, sur Nanjing Dong Lu. "Nos clients sont avant tout des Européens, des Américains, des personnes originaires du Sud-Est asiatique installées en Chine, et quelques collectionneurs étrangers qui viennent ici épisodiquement. Mais depuis peu, des Chinois ont acheté quelques œuvres, ainsi que plusieurs galeries étrangères", affirme son directeur, le Suisse Lorenz Helbling. Selon lui, les artistes qu’il représente doivent être "de véritables créateurs", et de citer en exemple les peintures de Pu Jie et de Ji Wen Yu, qui posent un regard satirique sur la société chinoise contemporaine.

Dirigée par un Chinois des États-Unis et installée dans la colossale tour de la télévision, la C&S Gallery a pour sa part récemment proposé une exposition de portraits de représentants de minorités ethniques habillés en costumes nationaux, peints à l’huile par un artiste renommé, Ding Shaoguang. La galerie se concentre pour l’heure sur la vente de tirages limités d’estampes et de gravures de maîtres occidentaux : Miró, Matisse, Renoir, Cézanne… Deux autres galeries privées complètent ce paysage, la Sun Bird Art Gallery et la Zhu Qi Zhan Art Gallery, mais l’ouverture d’une dizaine de galeries supplémentaires est attendue pour 1997.

"L’argent se trouve à Shanghai"
Parallèlement à cette nouvelle vague, des galeries telles que ShanghART défendent aussi la peinture traditionnelle d’un Tang Guo ou d’un Jin Weihong, qui travaillent à l’encre et au pinceau. En effet, dans la foulée de l’inauguration du nouveau Musée de Shanghai (lire notre précédent numéro) et du Liu Hai-su Museum, ouvert en mars 1995, un an après la mort du célèbre peintre, la peinture traditionnelle continue elle aussi d’être très demandée. L’une des plus célèbres salles des ventes de Shanghai, Duo Yun Xuan (Pan de nuage), également située sur Nanjing Dong Lu, attire même "un large public d’amateurs de Shanghai, de Hong Kong et de Taiwan, à l’occasion de ses ventes de peinture traditionnelle, explique Jennifer Livingstone, du British Council de Shanghai. Les prix peuvent aller jusqu’à l’équivalent de 10 000 dollars (50 000 francs) pour une peinture."

De leur côté, Sotheby’s et Christie’s ont chacune ouvert un bureau à Shanghai, il y a trois ans. Le représentant de Sotheby’s, Mike Bruhn, reconnaît que sa présence à Shanghai permet à la maison de vente d’attirer des acheteurs pour les vacations qu’elle organise à Hong Kong et Taipei. Mais il estime que "la plupart des habitants de Shanghai ne s’intéressent pas à l’art contemporain, aussi les artistes attendent-ils des galeries de Hong Kong et de Taipei qu’elles les soutiennent". Mike Bruhn déplore également l’absence de mécanismes qui pourraient encourager la constitution de collections privées. Ainsi, il n’existe ni déductions d’impôts, ni compagnies d’assurances spécialisées dans le domaine de l’art en République populaire de Chine. La législation chinoise ne précise pas non plus si les œuvres d’art doivent être considérées comme des biens mobiliers ou immobiliers. Mais "tout l’argent se trouve à Shanghai et, dans le passé, cette ville comptait de nombreux collectionneurs", se plaît à rappeler Mike Bruhn.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : Shanghai fait son marché

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