Histoire

Du krach de Wall Street à la Deuxième Guerre mondiale

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1997 - 1479 mots

Une chronologie des événements

LES ÉTATS-UNIS

- Économie et société

1929.
Hoover, "le président de la Prospérité", entre à la Maison Blanche. Le krach boursier de Wall Street du 24 octobre entraîne la débacle financière des États-Unis, puis de l’Europe.
1930. Les usines ferment.  Il y a 10 millions de chômeurs.
1931. Nombreuses manifestations dans les grandes villes, organisées par les grands syndicats – AFL et CIO – et les communistes.
1932. 15 000 vétérans, qui voient remis en cause leur droits, marchent sur Washington. Dans l’Iowa, les fermiers barrent les routes : les prix de vente sont inférieurs au coût de production. Le 8 novembre, Franklin D. Roosevelt, candidat du parti démocrate, remporte l’élection présidentielle. L’économie va à vau-l’eau : "Notre première tâche est de remettre les gens au travail dans ce pays qui a été prospère".
1933. Durant les premiers "Cent jours" du New Deal (du 3 mars à fin juin), le président et son équipe prennent des mesures pour satisfaire les industriels, les agriculteurs, les classes moyennes, et traiter du chômage. Ces réformes économiques et sociales mêlent la réduction des dépenses budgétaires et celle des salaires et des pensions ; l’augmentation des prix agricoles et la limitation de la production (Agricultural Adjustment Act) ; l’augmentation des prix industriels (National Industrial Recovery Act, NIRA) et la réduction de la semaine de travail. La parité du dollar avec l’or est supprimée. 1933-1934. 18 mai 1933, la Haute Autorité de la Vallée de la Tennessee (TVA), la vitrine du New Deal relie le Sud aux Grands Lacs et distribue l’électricité provenant des barrages, en assurant 4 millions d’emplois.
1935. Des mesures sociales concernant la retraite et l’assurance chômage, financées par les employeurs et les salariés, sont prises. Le "Welfare State" est né.
1936. 8 millions de personnes, pour un salaire mensuel de 41 $, participent à 1 million de projets de travaux publics. L’économie s’est quelque peu rétablie. Profits et salaires augmentent, mais la dette publique a doublé. Les ouvriers des grandes mégapoles nordistes, les Sudistes, les partisans du Welfare State, les minorités ethniques et les antifascistes soutiennent Franklin Roosevelt, réélu en novembre.
1937. Après un nouvel essor, l’économie s’effondre. La Bourse chute. Des grèves très dures éclatent. Les organisations syndicales s’opposent. 10 millions de personnes sont sans emploi. Roosevelt ne peut imposer ses réformes. La Cour Suprême annule neuf mesures du New Deal. 
1938. Août : la Chambre des Représentants nomme une Commission des activités anti-américaines, chargée d’enquêter sur les organisations fascistes
et sur l’influence communiste.
1940. L’Amérique, enfermée dans le "Neutrality Act" de 1937, ne s’engage pas dans le conflit mondial. Roosevelt est porté une troisième fois à la présidence.
1941. 7 décembre : l’attaque de Pearl Harbor entraîne l’Amérique dans la guerre. Une économie
de guerre est mise en place. Le "programme de la Victoire" prend la relève.

- Arts et culture

1929.
C’est le triomphe du cinéma parlant avec Le Chanteur de Jazz. Hemingway raconte sa guerre dans L’adieu aux Armes. À New York, le MoMA est inauguré.
1930. Le Docteur Barnes commande à Matisse La Danse.
1931. Faulkner évoque le Sud dans Sanctuaire, et Chaplin tourne Les lumières de la ville. Construction à New York de l’Empire State Building et ouverture du Whitney Museum, premier musée consacré à l’art contemporain américain.
1932. La crise atteint la ville et la campagne. Raoul Walsh évoque la vie d’un quartier de Manhattan dans The Bowery. King Vidor, dans Notre pain quotidien, dépeint la détresse et la révolte des fermiers.
1933. E.Y. Harburg dépeint la Dépression dans sa comédie musicale Americana : la complainte d’un mendiant, Brother, Can you Spare a Dime ? (Frère, t’as pas une pièce ?), devient l’hymne de la Dépression.
1934. Le PWAP (Public Works of Art Project) est dissous en juin. Un chanteur noir, Jimmy Gordon, proteste : "Lord, Mister President, listen to what I’m goin’ to say / You can take away all the alphabet, but please leave the PWA". (Monsieur le Président, écoutez ce que je vais vous dire, vous pouvez supprimer tout l’alphabet, mais, je vous en prie, laissez-nous le PWA). En quelques mois, 4 000 artistes ont été embauchés. Le gouvernement fédéral commandite des œuvres pour décorer les lieux publics.
1935. Willem de Kooning, Jackson Pollock, Ralph Ellison, Saul Bellow, Edward Hopper travaillent pour le WPA. John Cheever, Conrad Aidken et Richard Wright sont employés à la rédaction de guides touristiques. Woody Guthrie chante l’exode des fermiers de l’Oklahoma chassés de leurs terres, From that Dust Bowl to the Peach Bowl (De la terre stérile à la terre fertile).
1936. 5 000 artistes travaillent dans le cadre du WPA. L’exposition "Ame­rica Today" rassemble 100 œuvres d’artistes du WPA. Elle ouvre dans 30 villes.
1937. Dead End, de William Wyler. Les femmes du syndicat de la confection créent une comédie musicale, Pins and Needles, qui s’inspire de leur vie quotidienne, et chantent "Sing me a song of social significance / Sing me of wars and sing me of breadlines" (Chantons sur notre condition, chantons sur la guerre et la soupe populaire).
1938. Exposition d’œuvres créées dans le cadre du Four Arts Project, à la ACA Gallery de New York. Le projet de loi de William Sirovich, qui prévoit la création d’un ministère rassemblant les arts, les lettres et les sciences, est repoussé en juin.
1939. 15 millions d’Américains fréquentent les Community Art Centers créés par le Federal Art Project. 1940. John Ford réalise Les Raisins de la Colère, à partir du roman de Steinbeck. Hemingway retrace l’épopée des républicains espagnols dans Pour qui sonne le glas.
1943. Le projet WPA est interrompu. Le service documentaire de l’armée récupère quelques artistes, qui tournent des films de propagande. En dix ans, les artistes ont créé 1 500 fresques murales, 17 000 sculptures, 108 000 toiles, et 240 000 gravures ont été éditées à partir de 11 000 dessins. 500 expositions ont été organisées à travers le pays. Mais rien n’a été prévu pour protéger ces œuvres d’art ; beaucoup seront vendues au poids de la toile ou détruites. Quelques musées et des collectionneurs ont su les préserver.

L’EUROPE
Les années 30

1929.
28 août, accords de La Haye sur l’évacuation anticipée de la Rhénanie. Thomas Mann reçoit le prix Nobel de littérature. Le livre d’Erich Maria Remarque, À l’Ouest, rien de nouveau, est porté à l’écran.
1931. 14 avril, la République est proclamée en Espagne. La crise financière américaine a des répercussions en Europe. La Tragédie de la mine, le film franco-allemand de Georg Wilhelm Pabst, symbolise le courant pacifiste.
1932. 2 au 24 février, la Conférence sur le désarmement se tient à Genève. La SDN évalue le nombre total des chômeurs en Amérique et en Europe à 25 millions, dont 6 millions en Allemagne, 3 millions en Grande-Bretagne, 1 million en Italie. Les peintres de l’"École de Paris" – Van Dongen, Chagall, Soutine, Utrillo, Rouault, Giacometti, Brancusi – et les musiciens du "groupe des Six" font l’actualité artistique.
1933. 30 janvier, Hitler devient chancelier du Reich. Les syndicats ouvriers sont dissous, le droit de grève aboli. L’école du Bauhaus, fondée par Gropius, est fermée par les Nazis. Klee, Kandinsky, Schlemmer, Moholy-Nagy, Albers, Hannes Meyer, Mies van der Rohe quittent l’Allemagne et se réfugient en Europe de l’Ouest et aux États-Unis. Le film Metropolis de Fritz Lang connaît un succès mondial. Malraux remporte le Goncourt pour La Condition humaine.
1934. Durant la "Nuit des Longs couteaux", en Allemagne, 1 000 per­sonnes sont assassinées. Le Comité central de l’URSS, après avoir dissous les groupes d’artistes et l’Union des artistes, impose le Réalisme socialiste.
1936. 16 février, le Frente Popular remporte les élections en Espagne. En France, Léon Blum prend la tête d’un gouvernement de Front populaire. À côté de la semaine de 40 heures et des congés payés, les syndicats revendiquent le droit à la culture, "sublimer l’instinct de création qui est en chaque travailleur". Le 18 juillet, la guerre civile éclate en Espagne. De nombreux intellectuels se mobilisent : Malraux, Hemingway, Orwell, Mauriac, Picasso, Miró du côté républicain. Hitler remilitarise la Rhénanie. Berlin organise les Jeux olympiques. Chaplin filme Les Temps Modernes.
1937. Picasso peint la grande fresque de Guernica. Sartre publie La Nausée. En Espagne, auprès des républicains, Malraux filme L’Espoir.
1938. 15 mars, l’Allemagne nazie proclame le rattachement de l’Autriche (Anschluss). Dans l’espoir de préserver la paix, le 30 septembre, les représentants de la France et de la Grande-Bretagne signent les accords de Munich. En vain.
1939. 1er septembre, les troupes allemandes entrent en Pologne. Le 3 septembre, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Le 20 mars, Hitler condamne l’"art dégénéré" et fait brûler 5 000 peintures, dessins et aquarelles de Kirchner, Heckel, Schmidt-Rottluff, Grosz, Kokoschka, Picasso, Kandinsky, Van Gogh et Grünewald.
1940. La guerre est partout : du 10 au 13 mai, la Belgique, les Pays-Bas sont envahis. L’armistice franco-allemand est signé le 22 juin.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : Du krach de Wall Street à la Deuxième Guerre mondiale

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