Bauhaus à la hausse

Reconstruction d’une sculpture de Johannes Itten à Weimar

Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 443 mots

La reconstruction de l’un des fleurons de la sculpture expressionniste, la Turm des Feuers (Tour du feu) de Johannes Itten, vient d’être achevée. Elle va enrichir la collection du Musée du Bauhaus de Weimar.

WEIMAR - La version originale de la Tour du feu, considérée comme l’une des œuvres majeures d’Itten, a été réalisée en 1920. Itten était alors enseignant dans la première école du Bauhaus. La pièce, une tour à douze étages en verre coloré, incarne les utopies architecturales de l’époque. Elle a été exposée au public devant l’atelier d’Itten avant de disparaître, peu de temps après, en 1937, lors du départ de l’artiste fuyant le national-socialisme. Anneliese Itten, la femme de l’artiste, se souvient l’avoir vu emporter la sculpture dans des caisses. Elles ont sans doute été détruites par une bombe à Krefeld, mais aucun document ne confirme cette hypothèse.

L’idée de reconstituer cette œuvre est née en même temps que l’exposition à succès de 1994, "Les débuts du Bauhaus et Johannes Itten". Les recherches autour du projet, qui sont essentiellement fondées sur le journal d’Itten, ont été menées par Rolf Bothe, directeur du Kunst­sammlung zu Weimar. Michael Sienbenbrodt, conservateur du Bau­haus Museum, en a supervisé la reconstruction. L’atelier de verre qui avait exécuté l’original, soixante-dix ans plus tôt, a accepté d’en réaliser le fac-similé. La Fondation Mazzotta de Milan a financé les 15 000 marks (52 000 francs) du projet, à condition que la sculpture soit présentée pour la première fois à Milan, pour l’exposition sur le Bauhaus. Elle fera ensuite partie de la collection permanente du Weimar Bauhaus Museum.

Le noyau de la collection de ce musée est constitué des cent cinquante pièces caractéristiques données au Land de Thuringe par Walter Gropius, en 1925, quand le Bauhaus dut déménager à Dessau. La collection s’est ensuite agrandie régulièrement, notamment grâce aux nombreux dons qu’elle a reçus récemment. Pour éviter de concurrencer inutilement la Fondation du Bauhaus de Dessau et le Bauhaus Archive de Berlin, le musée de Weimar est consacré aux débuts de l’école, qui prônait l’union des arts plastiques et décoratifs. Parmi les acquisitions récentes figure une étonnante série de marionnettes confectionnées par Julia Feiniger, la femme de Lyonel, qui enseignait au Bauhaus en même temps qu’Itten, Kandinsky et Klee.

Si l’enrichissement de la collection l’enchante, Rolf Bothe n’est pas sûr de pouvoir recevoir ni exposer toutes ces œuvres de façon adéquate dans le bâtiment relativement exigu qui abrite actuellement le musée. Il regrette surtout que le Bauhaus, considéré pourtant comme l’école d’art la plus importante de tout le XXe siècle, ne semble pas devoir bénéficier de subventions en 1999, l’année où Weimar sera capitale européenne de la Culture.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Bauhaus à la hausse

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