Sus aux insectes

L’asphyxie au secours des œuvres ?

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 408 mots

L’asphyxie est l’ultime méthode employée dans la lutte contre les insectes qui détériorent les œuvres et objets d’art. Afin de ne pas recourir à l’utilisation de gaz toxiques ou de produits chimiques qui pourraient abîmer les supports (bois, papier, tissus, matières organiques…), les œuvres sont laissées dans une atmosphère sans oxygène de quinze jours à huit semaines.

LOS ANGELES - Les chercheurs du Getty Conservation Institute et du J. Paul Getty Museum de Malibu ont réalisé des expériences de "fumigation à faible teneur en oxygène" sur dix insectes parmi les plus courants et les plus dangereux pour les œuvres d’art. Leur liste noire comprenait les poissons d’argent, les blattes, les termites, les dermestes et autres charançons ravageurs. Ces essais ont montré que, privés d’oxygène, les poissons d’argent adultes sont exterminés en 3 heures, tandis qu’il faut 8 jours pour détruire les œufs des charançons les plus résistants.

La meilleure façon d’appliquer ce traitement aux œuvres d’art est de les enfermer sous oxygène raréfié dans un sachet en plastique ou sous cloche. L’une des méthodes utilisées pour réduire la teneur en oxygène consiste à purger le sachet en permanence à l’aide d’un gaz inerte comme l’azote ; une autre fait appel à une substance à base d’oxyde de fer et de chlorure de potassium, dont la réaction chimique absorbe l’oxygène. Une fois la proportion d’oxygène abaissée de 21 % – son taux habituel dans l’air – à 0,1 %, l’œuvre doit être laissée de 15 jours à 8 semaines dans le sachet.

Le Getty Museum a employé ces techniques pour traiter des meubles, des tableaux et des sculptures sur bois. Les essais les plus récents concernaient des panneaux en bois peint attaqués par des insectes xylophages, comme les vers du bois, les vrillettes, les capricornes et les termites. En Angle­terre, le National Trust commence également à recourir à ces métho­des de désinsectisation. Les monuments historiques étant souvent situés à la campagne, les œuvres d’art y sont encore plus exposées que dans les musées. Les rideaux de Mottisfont Abbey (Hampshire) ont ainsi été traités contre les mites avec succès. Dans l’année qui vient, le National Trust envisage d’user du même procédé pour les panneaux en bois peint, les cadres et les châssis. Ces techniques sous balayage d’azote ou grâce à l’emploi d’absorbeurs d’oxygène sont utilisées depuis trois ans par les services de restauration des Musée de France, ainsi que par le Centre de recherches sur la conservation des documents graphiques.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Sus aux insectes

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