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Une antenne de l’IMA annoncée à Roubaix

À la demande de la Région Nord - Pas-de-Calais, l’Institut du monde arabe pourrait ouvrir une antenne à Roubaix

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2009 - 824 mots

À l’initiative de la Région Nord - Pas-de-Calais, Roubaix pourrait prochainement accueillir une antenne de l’Institut du monde arabe. Destiné à abriter des expositions, conférences et spectacles concoctés par le musée parisien, le futur pôle devrait aussi dispenser des cours d’arabe littéraire en s’appuyant sur une structure locale déjà existante, le Centre culturel du monde arabe.

ROUBAIX - Le 5 octobre, lors de la réunion du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais, son président, Daniel Percheron (PS), a fait allusion à la création d’une antenne de l’Institut du monde arabe (IMA) à Roubaix (Nord). Un accord de principe aurait été donné par le musée parisien à la Région. Relayée le lendemain dans un entrefilet du quotidien local Nord Éclair, l’information a eu son petit effet à l’heure où les travaux du futur Louvre-Lens (Pas-de-Calais) vont enfin pouvoir démarrer, avec la pose de la première pierre, annoncée pour le 4 décembre. Si l’antenne du Louvre installée dans l’ancien centre urbain du bassin minier doit faire venir de manière pérenne quelque 360 œuvres de l’institution parisienne en région, le projet de l’IMA prendrait plutôt la forme d’un partenariat événementiel. Une sorte de pôle culturel où seraient organisés des expositions, conférences, colloques et spectacles. Il est aussi question d’y dispenser des cours de langue arabe. À cette fin, la Région s’appuierait sur le Centre culturel du monde arabe (CCMA). Créé en 1997 dans l’objectif de diffuser les langues et la culture arabes dans un contexte purement laïque, le CCMA (financé en partie par la Région) réclamait depuis quelque temps des moyens supplémentaires pour mener à bien sa mission. Une convention devrait, en outre, bientôt être signée entre la Région et l’IMA pour développer l’enseignement de la langue arabe au lycée.

Expositions clés en main
L’IMA et la Région Nord-Pas-de-Calais n’en sont pas à leur première collaboration. L’administration régionale est à l’origine de la venue, il y a deux ans, de l’exposition « Pharaon. Homme, roi, dieu » au Musée des beaux-arts de Valenciennes (Nord), tandis que « Bonaparte et l’Égypte » vient de fermer ses portes au Musée des beaux-arts d’Arras (Pas-de-Calais). Contrairement à des expositions comme « De la scène au tableau », organisée par le Musée d’Orsay pour et en partenariat avec le Musée Cantini, à Marseille, les manifestations de l’IMA ont été fournies clés en main moyennant finance, même si les deux parties parlent, elles, de « coproduction ». Avec ce type d’événement, la Ville et la Région se garantissent une belle opération de communication s’appuyant sur un indéniable succès de fréquentation – même si les chiffres de « Bonaparte » sont plutôt décevants avec 55 000 visites contre 100 000 attendues. Pour l’IMA, l’intérêt est double : d’une part, l’institut qui a traversé une grave crise financière trouve ici de nouvelles ressources ; d’autre part, il étend son influence et sa notoriété à l’image du Louvre-Lens ou du Centre Pompidou à Metz (Moselle). Lors de son arrivée à la présidence de l’IMA, en février 2007, Dominique Baudis avait promis de sortir l’établissement de son déficit en trouvant de nouveaux modes de financement. Dans nos colonnes, il avait déclaré vouloir « obtenir une aide des grandes collectivités locales », les élus locaux étant désormais conscients « qu’ils doivent faire un effort, vu la composition de la population dont ils ont la charge ». Cet effort a un prix : environ un million d’euros (selon nos informations) pour la seule manifestation « Bonaparte et l’Égypte ». Les accords financiers de la future antenne de l’IMA à Roubaix ne nous ont pas été communiqués.

Pour accueillir les événements concoctés par l’IMA, les musées de Valenciennes et d’Arras ont été contraints de fermer entièrement leurs espaces permanents, privant par là même durant plusieurs mois les visiteurs des collections publiques. Un lieu entièrement consacré à l’IMA est donc le bienvenu, à condition qu’il ne vienne pas grever les budgets des autres musées. L’antenne de l’IMA pourrait, comme l’avait suggéré René Vandierendonck, le maire de Roubaix (PS), trouver sa place à La Condition publique, un centre culturel pluridisciplinaire devenu en 2007 établissement public de coopération culturelle, financé en partie par la Ville et la Région. Si ces espaces se révélaient insuffisants pour accueillir les projets du musée parisien, d’autres pistes ont été explorées. Selon La Voix du Nord (dans son édition du 8 octobre), Dominique Baudis aurait ainsi déjà vendu, contre un euro symbolique, les bâtiments démontables appartenant à l’IMA destinés à l’accueil des expositions. Soit 1 200 mètres carrés à monter sur l’une des nombreuses friches industrielles encore disponibles à Roubaix. Si René Vandierendonck a confirmé le 8 octobre, lors du conseil municipal, qu’un accord de principe avait été donné par l’IMA, il a rappelé que, pour l’heure, le contenu de ce projet régional n’était pas défini. Bien que l’antenne de l’IMA à Roubaix n’en soit qu’au stade des balbutiements, elle semble donc avoir d’ores et déjà séduit des élus soucieux de mettre en avant leur politique culturelle.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°312 du 30 octobre 2009, avec le titre suivant : Une antenne de l’IMA annoncée à Roubaix

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