St’art 97 : faux départ

Logistique en hausse et qualité en baisse

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 491 mots

La foire d’art contemporain de Strasbourg, St’art 97, organisée pour la première fois par la Sofex, a souffert de la réputation désastreuse de la logistique des deux premières éditions, dont elle n’était pourtant pas responsable. Malgré une amélioration incontestable des services, la qualité du plateau reste à parfaire.

STRASBOURG. Les visiteurs se sont pressés cette année dans les allées de St’art 97, qui a accueilli, au dire des organisateurs, plus de vingt mille visiteurs en quatre jours, soit, semble-t-il, huit mille de moins que l’an dernier. Les galeries n’étaient qu’au nombre de soixante-treize, soit une diminution de 45 % par rapport à Art Strasbourg 96. Cepen­dant, la réduction du plateau ne s’est pas faite au profit de la qualité, loin de là, certaines grandes galeries déplorant même "le voisinage". Les organisateurs de St’art 97 n’ont, à leur décharge, pas eu la tâche facile : le jugement leur permettant de monter la foire n’a été rendu qu’un peu plus d’un mois avant son ouverture et, outre-Rhin, la logistique désastreuse de 1996 a échaudé plus d’un participant. Face à ces défections, les organisateurs ont alors étoffé leur participation allemande avec des galeries de "seconde zone" mais apportant sur le papier une caution étrangère, notamment pour quelques marchands parisiens peu renseignés. Le comble revient tout de même à la présence, sur l’initiative de la Fondation Pouchkine, d’une galerie russe de chromos qui n’a d’ailleurs pas pu payer son stand. L’absence de jeunes galeries s’est fait cruellement sentir, et l’Espace Jeune Création financé par la Ville de Strasbourg, qui accueillait des plasticiens de la région invités par Françoise Ducros, paraissait bien isolé.

Un trop grand régionalisme
St’art entend s’inscrire dans un contexte régional – réunir des galeries strasbourgeoises et de la région –, ce qui est louable. Elle ne doit pourtant pas tomber dans un trop grand "régionalisme", au risque de décourager les rares galeries de renom international à s’être déplacées cette année. En effet, toutes parient sur le contexte géographique et économique de la capitale européenne, tout en espérant que la foire prendra "une orientation plus claire", selon la galerie Durand-Dessert.
Cette dernière proposait sur son stand deux pièces de François Morellet, 40 000 carrés répartis suivant les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone (1961) à 190 000 francs, tandis que la galerie belge Sabine Wachters Fine Arts présentait une œuvre de Bill Woodrow et Richard Deacon, Ain’t Nothing like the Real Thing (1993), à environ 195 000 francs. Denise René offrait par ailleurs un bel ensemble de pièces de Soto, "pour montrer ce qu’il faut faire", ajoutait-elle, un peu ironique. La galerie Guy Pieters a pour sa part vendu une belle peinture de Karel Appel à une collectionneuse strasbourgeoise. Le Cyber-café des Arts, en offrant connexion à l’Internet et consultation de cédéroms, apportait un peu de dynamisme à une foire qui, après avoir trouvé en la Sofex une logistique digne d’elle, est à la recherche d’un second souffle sur le plan artistique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : St’art 97 : faux départ

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