Expertise : gérer le trop-plein

Par Jean-Marie Schmitt · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 242 mots

La disparition du monopole des commissaires-priseurs imposera un aggiornamento difficile aux experts français qui ne cumulent pas les activités d’expert et de marchand. En effet, s’ils sont en principe indépendants, les cabinets d’expertise sont largement tributaires des études, qui elles-mêmes doivent aux experts une part non négligeable de leurs activités.

Cette solidarité de fait a été érodée. En particulier, comme la rétrocession d’honoraires est interdite aux commissaires-priseurs, les études ont pris l’habitude de présenter les apporteurs d’affaires comme des experts. Ceux-ci doivent aussi compter avec les artistes et leurs ayants droit, que la propriété intellectuelle investit de pouvoirs qu’ils mettent de plus en plus souvent en œuvre. L’arrivée des Britanniques et leurs experts salariés va ajouter de nouveaux compétiteurs, forts de moyens documentaires importants et de relations plus détendues avec les conservateurs.
Pour les Français, il va falloir gérer ce trop-plein que, faute de statut, rien ne leur permet de freiner. Si leurs structures légères leur donnent une bonne capacité de résistance, elles marquent aussi leurs limites. Drouot avait tenté de reconstituer une liste d’experts agréés par ses soins et seuls habilités à opérer en ventes publiques. L’initiative, inscrite dans une logique de monopole dépassée, a tourné court. Il semble peu vraisemblable, sauf exceptions, que les études emboîtent le pas aux Britanniques en salariant leurs experts. Peut-être va-t-on redécouvrir les vertus des experts-marchands. Il faudra pour cela que ces derniers démontrent leur capacité à établir et à faire respecter une forte déontologie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Expertise : gérer le trop-plein

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