Les Musées du Vatican en quête d’espace

Francesco Buranelli, nouveau directeur des musées pontificaux

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 707 mots

Âgé de 41 ans, Francesco Buranelli a été récemment nommé directeur général des monuments, des musées et des galeries pontificales, en remplacement de Carlo Pietrangeli, disparu en 1994. Entré comme assistant au département des Antiquités étrusques du Vatican en 1982, il était directeur du Museo Gregoriano Etrusco depuis 1993. Francesco Buranelli est à l’origine de l’acquisition de plusieurs pièces de la collection Guglielmi et de la création des vingt-deux nouvelles salles du musée étrusque. Aujourd’hui à la tête d’un des ensembles muséaux les plus importants au monde, il précise ses projets : canaliser les trois millions de visiteurs annuels, redéployer les collections, ouvrir de nouvelles salles, élargir les horaires d’ouverture, achever la restauration de la chapelle Sixtine…

Professeur Buranelli, quelles sont vos priorités ?
Francesco Buranelli : En premier lieu, améliorer l’information dispensée aux visiteurs dans les salles et, plus généralement, la signalétique à l’intérieur du musée tout entier. Nous devons impérativement offrir au public un service adapté à ses besoins et lui fournir des explications plus détaillées sur les collections et les œuvres elles-mêmes. Lorsque je dirigeais le Museo Gregoriano Etrusco, j’avais fait installer des cartels en deux langues, italien et anglais. Cela m’était apparu indispensable, surtout dans la perspective du Jubilé de l’an 2000. De plus, j’avais demandé à ce que les textes d’introduction aux différentes sections, ou ceux accompagnant certaines œuvres particulièrement significatives, soient traduits en cinq langues : italien, anglais, français, espagnol et allemand. Cette initiative devrait bientôt être généralisée à l’ensemble des musées pontificaux. Le nombre toujours plus élevé de touristes est également une source de problèmes. Les Musées du Vatican n’ont pas été conçus pour accueillir une telle foule de visiteurs. Composé de plusieurs palais appartenant au souverain pontife, le Saint-Siège se présente comme une suite d’appartements de prestige plus ou moins vastes, avec des chapelles, des églises, des salons le plus souvent inadaptés à l’accueil d’un public important. Cette situation est à l’origine de files d’attente interminables à l’entrée et provoque des engorgements qui pourraient occasionner des dommages aux œuvres. Toutes ces questions méritent une attention particulière.

Dans la perspective d’éventuelles modifications de parcours ?
Je ne le pense pas, car la visite à sens unique a donné d’excellents résultats. Elle doit cependant s’adapter au nombre croissant des visiteurs, qui dépasse aujourd’hui le seuil des trois millions par an.

Envisagez-vous d’élargir les horaires d’ouverture ?
Nous étudions plusieurs possibilités, dont celle d’un accès élargi aux musées pontificaux et du redéploiement d’une partie de nos collections dans d’autres sites. Alors que le Vatican est un des plus grands musées du monde, il ne dispose que de 297 agents, soit beaucoup moins que des institutions comparables, comme le Louvre, le British Museum ou le Metropolitan. Nous avons besoin d’un personnel spécialisé proportionnel à notre taille.

Prévoyez-vous des extensions au sein du Vatican ?
Deux nouvelles salles prises sur les appartements de Saint Pie V seront ouvertes ce mois-ci, ce qui constitue une nouveauté absolue. La première sera consacrée à la céramique médiévale, moderne et contemporaine, absente jusqu’ici de nos collections, la seconde abritera la magnifique collection de micro-mosaïques que possède le Vatican.

Où en sont vos programmes de restauration ?
Après être intervenus dans la chapelle Sixtine sur les fresques de Michel-Ange, nous sommes en train de restaurer celles du XVe siècle immédiatement sous-jacentes. Dans le même temps, des travaux se poursuivent dans les chambres de Raphaël et, dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, dans la loggia des Bénédictions dévastée par l’attentat de 1993. Nous avons en revanche terminé la restauration de la chapelle Niccolina. Quantité de peintures, sculptures, pièces archéologiques et tapisseries sont par ailleurs en cours de restauration dans les divers ateliers des musées.

Recherchez-vous de nouveaux mécènes ?
La restructuration du Museo Gregoriano Etrusco a été réalisée en plusieurs phases : un mécène en a financé la première tranche, mais nous avons dû organiser une exposition itinérante aux États-Unis ("Les Étrusques : héritage d’une civilisation perdue") pour terminer les travaux. Nous avons abandonné l’idée de mécénat au profit de la mise à contribution des collections pour la restauration du musée lui-même. D’une manière générale, les opérations sont conçues et organisées au coup par coup, selon les objectifs et les moyens. Nous accordons toutefois une attention particulière à la recherche de financements pour nos activités scientifiques et culturelles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Les Musées du Vatican en quête d’espace

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