Tony Cragg organique

La culture scientifique du sculpteur resurgit à la Whitechapel

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 434 mots

Le sculpteur anglais Tony Cragg, âgé de 49 ans, a longtemps réalisé des créations à partir d’objets trouvés et de matériaux industriels transformés. L’exposition que lui consacre la Whitechapel Art Gallery présente de nouvelles pièces aux formes plus douces et aux structures biomorphes.

LONDRES - Tony Cragg n’avait pas montré son travail à Londres depuis son exposition à la Tate Gallery, en 1989, lorsqu’il avait remporté le Turner Price. Catherine Lampert, directrice de la White­chapel Art Gallery, a réuni quatorze œuvres de l’artiste, à la fois pour mettre en lumière les nouvelles orientations du Bri­tannique et le faire découvrir à un plus large public. "Tony a présenté plusieurs rétrospectives de son travail à l’étranger, mais nous n’avions pas encore vu ses œuvres récentes ici, souligne-t-elle. Ces dernières années, il s’est intéressé à la création, à l’invention de formes plutôt qu’à l’introduction dans l’art d’objets qui ne font pas partie de son champ, une démarche qui définit à peu près tout l’art du vingtième siècle". Le visiteur pourrait rétorquer que plusieurs des pièces les plus étranges de l’exposition incluent des objets tels que bouteilles, dés et crochets, à l’exemple de Spyrogyra, mais Catherine Lampert précise qu’ils sont utilisés ici comme enveloppe et non comme partie intégrante de la sculpture. Ainsi, Secretion (1996) présente une surface constituée de cubes en plastique qui font penser à des cellules se reproduisant sur une molécule géante. Pour Trade Winds (1995, collection Tuccio Russo, Turin), Cragg a recouvert la membrane translucide de la sculpture de flèches tourbillonnantes qui évoquent une carte des vents des mers du Sud.

De tels rapprochements avec la science ne sont pas le fruit du hasard. Avant d’entrer au Royal College of Art, Cragg a fait des études scientifiques, puis fut ingénieur dans le laboratoire d’une usine de caoutchouc. L’artiste s’intéresse depuis longtemps aux diverses interactions de la science, de la technologie et de l’art mais, dans cette série impressionnante d’œuvres récentes, il se penche sur le grand chaos originel, le bouil­lon cosmique imaginaire, pour explorer l’évolution des formes, de la cellule aux structures plus complexes. Le travail de Cragg tient compte de la place croissante de la science dans la culture contemporaine. "L’homme moderne doit accepter les concepts de structure atomique et moléculaire, de métabolisme, d’impulsion et de croissance électrique, ainsi que les connaissances en écologie et en psychologie, précise l’artiste. Tout ceci ressemble à un immense ballon d’informations qui se gonfle autour de nous et de tous les autres objets".

TONY CRAGG : SCULPTURE, jusqu’au 9 mars, Whitechapel Art Gallery, Whitechapel High Street, Londres, tél. 171 522 7888, tlj sauf lundi 11h-17h, mercredi 11h-20h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Tony Cragg organique

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