Temps de crachin sur les musées

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 373 mots

Accusée de manquer de diligence pour retrouver les propriétaires des œuvres récupérées en Allemagne après la guerre, la Direction des Musées de France (DMF) va exposer 900 \"MNR\" dès le mois prochain. Par ailleurs, sa gestion des collections nationales est critiquée dans le dernier rapport de la Cour des comptes.

Du virtuel au réel. La préparation d’un catalogue et une présentation sur l’Internet n’ont visiblement pas suffi au ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, qui a voulu une exposition réelle en espérant qu’elle calmera le jeu dans la polémique sur les biens spoliés. Que­lques jours après avoir accordé au JdA  l’entretien que l’on peut lire pages 38-39, le ministre a annoncé sur France Culture que le Louvre, Orsay, le Musée de Sèvres allaient exposer environ 900 "MNR" (Musées nationaux récupérations). De son côté, le Musée national d’art moderne fera de même avec 39 œuvres (Ernst, Léger, Matisse, Picasso…), accompagnées de "l’état actuel de la documentation en la possession du musée sur leur provenance". 2 058 "MNR" sont actuellement conservées par la DMF. Leur dernière exposition au château de Compiègne, qui avait abouti à une trentaine de restitutions, remonte à plus de quarante ans.

Dans un rapport d’une centaine de pages, la Cour des comptes passe au crible la gestion des musées nationaux. Elle souligne les masses financières en jeu depuis les années quatre-vingt, début de la grande modernisation des établissements.  "Un effort considérable d’adaptation a été entrepris, relève la Cour, mais il a été jusqu’ici d’une portée insuffisante au regard de l’importance des enjeux, et les réformes qui restent à mener ne s’opèrent que lentement". Plus sévèrement, la Cour critique "l’absence d’une véritable inspection des musées nationaux", de graves négligences en matière de dépôts, aujourd’hui non localisés, et de déclarations d’œu­vres volées. Un "pillage organisé", entre 1962 et 1980, au Musée Gustave Moreau n’a fait l’objet d’une plainte qu’en… 1987. La recherche de trois montres volées au Louvre a été interrompue ; à Versailles, une plainte a été déposée en mai 1990 pour des vols commis en 1987 et 1989. Par ailleurs, la Cour recommande une clarification des relations qu’entretiennent les musées avec les sociétés d’Amis et les mécènes. Ce devrait être l’un des buts de la loi musées, une nouvelle fois annoncée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Temps de crachin sur les musées

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