Maastricht a fêté en beauté ses dix ans de succès

Davantage de transactions et de visiteurs étrangers

Le Journal des Arts

Le 4 avril 1997 - 674 mots

Pour ses dix ans, la foire de Maastricht a remporté un brillant succès avec un volume d’affaires important et une fréquentation en hausse. Cette foire éclectique de haut niveau, très européenne, a attiré de nombreux visiteurs, notamment des États-Unis.

MAASTRICHT - "La foire a démarré très fort", commente Axel Vervoordt, d’Anvers. "Il y a des collectionneurs du monde entier qui se décident très vite", comme ce client de Hongkong qui lui a acheté une superbe pièce de velours cramoisi broché du XVIIe siècle, réalisée en Chine pour le marché portugais. Parmi les 57 000 visiteurs de la foire, 40 % sont venus de l’étranger, principalement de Belgique, de France (20 % de plus cette année), d’Allemagne, du Luxembourg et de Grande-Bretagne. La présence italienne et espagnole a commencé à se manifester. Mais ce sont surtout les Américains qui ont fait les beaux jours de Maastricht. Ils n’étaient que 4 %, le double de l’an dernier, selon l’organisateur Leo Lemmens, mais il y avait là les re­pré­sentants de quatre-vingts mu­sées et des grands collectionneurs venus en jet privé.

"Nous avons eu beaucoup de contacts de qualité", estime Nicolas Kugel, qui a vendu plus de vingt pièces, dont une curieuse Anamorphose du XVIIIe siècle autour de 650 000 francs, et un ensemble de cinq grandes potiches en porcelaine blanc et bleu de la dynastie Quing Kangxi. Patrick Perrin s’estime "récompensé" des efforts qu’il déploie depuis trois ans pour faire découvrir le style français et a notamment cédé un bureau à cylindre estampillé en acajou, une table Transition et un lustre Empire en bronze à douze branches.

Chez Blondeel-Deroyan, la satisfaction est totale, avec une quinzaine d’objets archéologiques vendus, ainsi que deux tapisseries, à des clients particuliers, avec l’option d’un musée pour une tapisserie "mille fleurs" de Bruges. Nouveau venu, Camoin-Demachy demandait 600 000 francs pour un ensemble de dix appliques en bronze 1840, acquises par un particulier. Chez Bresset comme chez de nombreux marchands, les transactions aboutissent parfois plusieurs mois après la foire, surtout lorsqu’il s’agit d’institutionnels. Un musée allemand s’est cependant décidé pour une importante sculpture flamande, vers 1500, et un particulier français a porté son choix sur un rare lion aquamanile en bronze d’Allemagne du Nord, circa 1300.

Les antiquités d’Extrême-Orient ont reçu un bon accueil : venue de Hongkong, Grace Wu Bruce a rapidement vendu une table chinoise en bois huanghuali de la dynastie Ming. L’archéologie précolombienne a suscité aussi un vif intérêt, comme chez Delataille et à la galerie Mermoz, où d’importantes pièces ont été achetées par des particuliers.

Point fort de la foire de Maastricht, la peinture du Nord a été comme toujours très appréciée des acheteurs. Le marchand londonnien Johnny Van Haeften a vendu une huile sur toile de Bruegel le Jeune à un collectionneur pour environ 1,5 million de livres, et Colnaghi un nombre important d’œuvres, dont un Canaletto à un collectionneur privé. Jean-François Heim est satisfait de cette cuvée 1997 : plus de vingt tableaux acquis par des particuliers ou des musées, dont un portrait d’un Jeune garçon avec son chien par Rubio, vendu 750 000 francs à un collectionneur privé américain. Un tableau XIXe d’Ambroise Vollon est réservé pour un musée allemand, et un superbe Portrait de famille d’Hendrik Cornelisz Van Vliet serait l’objet d’intenses négociations de la part d’un musée et de clients privés. Didier Aaron et Emmanuel Moatti, qui proposaient une sélection de tableaux d’un goût très français, ont reçu un accueil plus réservé de la part des visiteurs du Nord, attirant surtout les Italiens et les Américains. Gérald Piltzer se félicite de sa première participation à la foire, avec une quinzaine de dessins vendus et des affaires en vue. Jan Krugier, de son côté, apprécie la qualité de ses visiteurs, avec lesquels "un vrai dialogue est possible" et qui ont porté leur choix, entre autres, sur un Picasso de la période bleue, deux tableaux de Chagall des années trente, un pastel de Degas. Des anciens aux modernes, Maas­tricht donne la température du marché, devenu, selon Bob Haboldt, "plus dynamique, avec une qualité très élevée"

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°35 du 4 avril 1997, avec le titre suivant : Maastricht a fêté en beauté ses dix ans de succès

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