En route pour Byzance

Quatre siècles de faste à New York

Le Journal des Arts

Le 4 avril 1997 - 442 mots

Vingt ans séparent \"Le temps de la spiritualité\" de \"La gloire de Byzance\", et pourtant, ces deux expositions organisées par le Metropolitan Museum of Art forment un tout. Après avoir évoqué, en 1977, l’art byzantin du IIIe au VIIIe siècle, le musée new-yorkais embrasse aujourd’hui la période qui va de la fin de l’iconoclasme, en 843, jusqu’à la chute de l’Empire latin de Constantinople, en 1261.

NEW YORK (de notre correspondant) - Plus ou moins récemment, le Musée du Louvre, le British Museum et le National Museum de Copen­hague ont consacré des expositions à l’Empire Byzantin, mais celles-ci englobaient toute la période byzantine et ne montraient que des œuvres extraites de leurs collections respectives. L’exposition du Metropolitan est non seulement la première à être centrée sur l’époque byzantine intermédiaire, de 843 à 1261, mais elle a de surcroît bénéficié du concours de 119 institutions émanant de 24 pays, qui lui ont permis de rassembler plus de 350 pièces : mosaïques, fresques, ivoires, émaux, manuscrits enluminés, tissus, pierres taillées, bijoux, céramiques, orfèvrerie et argenterie… Ces objets proviennent de musées d’Europe et des États-Unis, mais aussi d’Ukraine, de Turquie, d’Égypte, de Bulgarie, de Géorgie, de Syrie, et surtout de Grèce. Beaucoup n’étaient jamais sortis de leur pays d’origine, comme les œuvres prêtées par les monastères orthodoxes d’Iveron (Mont Athos), de Saint-Jean-le-Théologien (Patmos) et de Sainte-Catherine (Mont Sinaï).

Davantage qu’une succession de chefs-d’œuvre, cette présentation, très documentée, entend apporter la preuve de la richesse de la culture byzantine, prétendument monolithique, et prendre la mesure de son influence au-delà des limites de son Empire. Des pièces aussi précieuses qu’une icône en marqueterie de marbre (Musée archéologique, Istanbul) ou le coffret Veroli aux panneaux d’ivoire (Victoria & Albert Museum, Londres) rendent compte de l’art impérial, tant religieux que séculier. D’autres œuvres majeures ont été prêtées par l’Ukraine, la Russie et la Bulgarie : la mosaïque de Saint-Stéphane de Kiev, le collier Staraia Riazan du Kremlin, et celui du Trésor de Preslav, aujourd’hui au Musée d’histoire naturelle de Sofia. Les relations avec l’Islam et l’Orient sont évoquées à l’aide de manuscrits arméniens provenant du monastère de Mechitaristi (San Lazzaro, Venise) et de fresques du Musée national de Damas, tandis que l’exposition se conclut sur les échanges entre l’Empire et l’Occident, de l’Italie à la Scan­dinavie, à travers le commerce, les relations diplomatiques, les alliances dynastiques avec l’Alle­magne… sans oublier, bien sûr, les Croisades et leur cortège de pillages.

LA GLOIRE DE BYZANCE, jusqu’au 6 juillet, Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 879 55 00, tlj sauf lundi 9h30-17h15, ven. et sam. 9h30-20h45, catalogue chez Abrams. Symposium international les 23 et 24 mai.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°35 du 4 avril 1997, avec le titre suivant : En route pour Byzance

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