Le Louvre va recevoir un David d’exception

Le Journal des Arts

Le 4 avril 1997 - 491 mots

Pour marquer son centenaire, la Société des Amis du Louvre a décidé d’apporter plus de la moitié des fonds nécessaires à l’achat d’une œuvre d’exception pour le Musée du Louvre : le Portrait de Juliette de Villeneuve par Jacques-Louis David, jamais encore reproduit à ce jour. Ce portrait en pied de la nièce de Désirée Clary, haut de plus de deux mètres, était conservé dans la même famille depuis son achat à l’artiste en 1824. Le 30 octobre 1996, le ministère de la Culture avait interdit son exportation pour trois ans, en lui refusant le certificat de libre circulation. Le public pourra le découvrir lors de l’exposition \"Des mécènes par milliers, un siècle de dons par les Amis du Louvre\", prévue du 28 avril au 21 juillet.

PARIS. Peint par David à Bruxelles en 1824, le Portrait de mademoiselle Juliette Blait de Villeneuve à l’âge de 22 ans représente une jeune femme coiffée d’un chapeau à large bord devant un paysage. Acheté 6 000 francs à l’artiste, il est signé Louis David sur le dossier d’une chaise placée derrière une harpe. "Mlle de Villeneuve épousera plus tard son cousin germain Joachim Clary qui devint sénateur du Second Empire. Sa mère était sœur de la reine Désirée de Suède et de la reine Julie d’Espa­gne", indique la notice n° 223 du catalogue de l’exposition "Gros, ses amis, ses élèves" organisée au Petit Palais en 1936, pour laquelle le tableau (2,18 m de haut sur 1,42 m de large) avait été prêté par ses propriétaires d’alors, le baron et la baronne de Beauverger, née Clary. Ce portrait n’a été exposé qu’une seconde fois, peu après la guerre, avant d’être oublié par la plupart des spécialistes. Il appartient en effet à la dernière période de l’artiste, unanimement déconsidérée jusqu’à ce que la critique moderne prenne la mesure du renouvellement du portrait davidien à Bruxelles, annonciateur du Romantisme.

Donateur anonyme américain
Pour réaliser cet achat, dont le Louvre se refuse à révéler le montant mais qui serait d’environ 35 millions de francs selon différentes sources, la Société des Amis du Louvre a dû consacrer plus d’une fois et demi ses crédits annuels d’acquisition. Ceux-ci atteignaient respectivement 13,2 et 14,3 millions de francs en 1995 et 1994, mais en prévision de cette décision exceptionnelle, 2,2 millions de francs seulement ont été dépensés en 1996 pour l’achat du Marchand de cigares, par le peintre danois Christen Købke (1,9 million de francs), et celui de la Coupe d’un roi de Samatura (environ 350 000 francs). En plus de leur cotisation, la générosité des Amis a été exceptionnellement mise à contribution via une souscription interne, tandis que le ministère de la Culture (Fonds du Patrimoine) a été sollicité pour une douzaine de millions de francs. Divers mécènes ont eux aussi contribué à cet "achat du centenaire" : un donateur anonyme américain a offert 2 millions de francs, le groupe LVMH un peu moins, sans oublier le don d’un mécène taïwanais.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°35 du 4 avril 1997, avec le titre suivant : Le Louvre va recevoir un David d’exception

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