Priorité à l’excellence

Art déco et Art nouveau : les acheteurs sont exigeants

Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 669 mots

À Paris et New York, l’Art nouveau et l’Art déco ont été l’objet de plusieurs dispersions importantes réunissant les grands noms de l’époque : Gallé, Daum, Printz, Ruhlmann, Frank, Brandt ou Eileen Gray. Très sélectifs, les acheteurs se sont décidés pour les œuvres d’exception et ont délaissé les pièces de qualité moyenne.

PARIS - Des verreries Art nouveau au mobilier Art déco, les tendances majeures de la création du début du XXe siècle étaient représentées dans les deux ventes organisées par l’étude Millon-Robert les 25 et 27 mars à Drouot Montaigne. Dans le domaine de l’Art nouveau, les plus belles pièces de Daum et Gallé ont eu la préférence des acheteurs, comme cette lampe en forme de corolle en verre ambre de Gallé, adjugée 340 000 francs, ou ce merveilleux vase de Daum en verre pommelé bleu avec une silhouette de femme soufflant des bulles de savon, vendu 750 000 francs. Une jardinière de Guimard en fonte de fer à patine d’origine brun clair, identique à celle du Musée d’Orsay, a été adjugée 300 000 francs, le double de l’estimation. En revanche, les vases et lampes plus sombres de Daum et Gallé, les lustres recherchés de Guimard, Brandt ou Lalique et les meubles très typés de Degaine n’ont guère trouvé acquéreur. Cette grande exigence des acheteurs s’est également fait sentir dans la vente d’Art déco, où les plus fortes enchères ont porté sur le célèbre canapé d’inspiration égyptienne d’Eileen Gray, vers 1919-1922, de l’ancienne collection Hélène Rochas, acquis 1 200 000 francs par un particulier européen, et un "meuble triplan" précieux en chêne massif plaqué d’ébène de Macassar de Ruhlmann, adjugé 1 250 000 francs à un collectionneur privé français, contre un enchérisseur américain. Si certains meubles de Frank sont restés invendus, les tables basses ont eu un grand succès, telle la table "japonaise" en chêne blond très épurée, vers 1930, estampillée "Jean-Michel Frank et Chanaux", vendue 136 000 francs. De Frank toujours, un ensemble d’une table et de huit chaises de salle à manger en placage de sycomore, vers 1939, a fait 420 000 francs, et une méridienne gainée de galuchat ivoire grenu, vers 1935, 300 000 francs. Sobre et élégant, un secrétaire d’appui à facade galbée, gainé de galuchat ivoire, réalisé par Jacques Adnet vers 1935, est parti à 170 000 francs. Les pièces très décoratives de Jean Dunand restent dans la fourchette des estimations : Le ruisseau, paravent à quatre feuilles, 390 000 francs, et La moisson, panneau à décor moulé de laque polychrome à dominante or, 180 000 francs. Un spectaculaire panneau décoratif de salle à manger de Jouve et Jeannin, formé de neuf dalles en glace représentant des lions s’abreuvant dans une forêt, est finalement demeuré invendu. Une enchère de 350 000 francs a été enregistrée pour une console en fer forgé aux formes végétales et à plateau de marbre vert de mer de Poillerat, qui représente là le courant des années quarante.

Chez Sotheby’s à New York, la vente d’arts décoratifs du XXe siècle du 14 mars dernier a une fois de plus accordé une large place à Tiffany, toujours bien accueilli par la clientèle américaine, avec des enchères élevées, dont celle de 294 000 dollars pour un grand vitrail en verre favrile, vers 1910, à motif de treille de roses sur un fond de ciel voilé. Les meubles Art déco français ont été appréciés à leur juste valeur, comme cet étonnant cabinet en loupe d’amboine et ébène de Macassar incrusté d’ivoire, de Ruhlmann, vers 1925, adjugé 51 700 dollars, ou ce magnifique secrétaire en galuchat et palissandre, de Dominique, vers 1928, qui a fait 35 650 dollars. De Brandt, deux conso­les en fer forgé et marbre se sont chacune vendues 35 650 dollars, tandis qu’une lampe en verre et bronze à motif de serpent, créée en collaboration avec Daum, partait à 43 700 dollars. Les sculptures Art nouveau ont dépassé les estimations , telle La Nature se dévoilant devant la science, sculpture en marbre et bronze de Barrias, adjugée 34 500 dollars.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Priorité à l’excellence

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