Où voir l’art primitif : expositions et musées

L’Océanie à Paris, le Vanuatu à Bâle, un nouveau musée à Barcelone,…

Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 1968 mots

- ARTS RITUELS D’OCÉANIE : LA NOUVELLE-IRLANDE DANS LES COLLECTIONS BARBIER-MUELLER, 30 avril-28 juin, Mona Bismarck Foundation, 34 avenue de New York, 75116 Paris, tél. 01 47 23 38 88, tlj sauf lundi et dimanche 10h30-18h30. Catalogue par Michael Gunn, 164 p., 180 F, éditions Skira, Milan.
Cett ensemble d’une quarantaine de masques et de sculptures de la Nouvelle-Irlande est exposé en France  pour la première fois dans sa totalité. Provenant du fonds Barbier-Mueller, c’est l’une des plus importantes collections privées. Frises sculptées, effigies et masques intervenaient dans les cérémonies funéraires malangans. L’enchevêtrement des figures complexes et colorées ainsi que les masques hérissant les coiffures ne manquèrent pas de séduire les surréalistes. Ancienne colonie allemande, l’archipel Bismarck – dont fait partie la Nouvelle-Irlande – fut à la fin du XIXe siècle le terrain d’étude d’un ethnologue amateur, Richard Parkinson, qui laissa dans son œuvre Dreissig Jahre in der Südsee, une véritable somme sur les cultures mélanésiennes. Il collecta par ailleurs de nombreux objets pour les musées allemands. La majorité des pièces présentées sont issues d’échanges ou de ventes entre la famille Barbier-Mueller et de prestigieux musées : Dresde, Hambourg, Brême, Leipzig ou Stuttgart. L’exposition s’accompagne d’un catalogue, un des premiers ouvrages en français faisant le point sur les arts de la Nouvelle-Irlande. Son auteur, Michael Gunn, a beaucoup travaillé sur le terrain, notamment aux îles Tabar, avant d’être nommé conservateur au département Océanie du Metropolitan Museum of Art de New York.

- LES MAYAS AU PAYS DE COPÀN, jusqu’au 7 septembre, Centre culturel Abbaye de Daoulas, 29460 Daoulas, tél. 02 98 25 84 39. Catalogue collectif, 300 p., éditions Skira, Milan. L’exposition sera ensuite présentée à Milan.
Qualifiée d’"Alexandrie du monde maya", la cité de Copàn est célèbre pour son vaste complexe architectural et fut décrite par les Espagnols dès le XVIe siècle. En association avec les musées archéologiques du Honduras, l’exposition rassemble pour la première fois en France près de 300 sculptures et céramiques mayas issues pour la plupart de fouilles récentes. Autels en pierre, bijoux, sculptures monumentales et stèles (moulages) représentant des rois et des glyphes sont présentés en compagnie d’un ensemble remarquable de céramiques dues à des populations indigènes du Honduras.

- MASQUES AFRICAINS DE LA COLLECTION BARBIER-MUELLER, jusqu’au 27 avril, Haus der Kunst, Prinzregentenstr. 1, 80502 Munich, tél. 49 89 21 12 70. Catalogue collectif, Prestel-Verlag, Munich. L’exposition ira ensuite à Bielefeld, Luxembourg, Tervuren et à Paris, à la Fondation Mona Bismark, en 1998. À cette occasion, le catalogue sera publié en français par Adam Biro.
Le musée a prêté à Munich la fine fleur des masques africains – 250 au total – qu’il conserve à Genève. Cette collection, dont les pièces célèbres sont désormais connues et publiées régulièrement dans tous les ouvrages sur l’art africain, ne cesse de surprendre. Par sa diversité d’abord, puisqu’elle présente un large aperçu des productions plastiques africaines, sa qualité ensuite, car elle révèle ici un goût très net pour le chef-d’œuvre (masque Kwelé ayant appartenu à Tristan Tzara, masques Teké, Punu, Dan, Guro, etc...).

- DE CÉZANNE À L’ART NÈGRE, PARCOURS D’UN COLLECTIONNEUR, jusqu’au 15 septembre, Musée Barbier-Mueller, 10 rue Jean Calvin, 1204 Genève, tél. 222 312 02 70, tlj 11h-17h.
Le Musée Barbier-Mueller fête son vingtième anniversaire et commémore la mort de son fondateur Josef Mueller(1887-1977). Grand amateur d’art primitif mais aussi découvreur de Cézanne et des cubistes, il est à l’origine d’un musée dont la réputation dépasse désormais les frontières européennes. Cette collection s’est enrichie grâce au travail de sa fille Monique Mueller et de son gendre Jean-Paul Barbier, qui poursuivent l’action du mécène. Né à Soleure, en Suisse, Josef Mueller achète son premier Cézanne en 1911 sur les conseils d’Ambroise Vollard. En 1918, sa collection comprend déjà, outre des toiles de Picasso et Braque, 7 Cézanne, 5 Matisse, 5 Renoir. À partir des années vingt, il commence à collectionner l’art nègre. "C’est par une grande audace de goût que l’on est venu à considérer ces idoles nègres comme de véritables œuvres", déclarait Apollinaire en 1917. Et de l’audace Josef Mueller n’en manqua pas. Pour nous le rappeler, l’exposition montre en même temps les tableaux et les sculptures africaines qui lui ont appartenu et s’attache davantage à évoquer les affinités entre les artistes européens et africains que leurs influences stylistiques réciproques.

- MAGIES, jusqu’au 29 septembre, Musée Dapper, 50 avenue Victor Hugo, 75116 Paris, tél. 01 45 00 01 50, tlj 11h-19 h. Catalogue collectif, édition Dapper, 272 p., 138 ill. couleurs, 170 F et 295 F.
Créé en 1983, le Musée Dapper mène, sous la houlette de sa co-fondatrice et directrice Christiane Falgayrettes-Leveau, un travail de connaissance et de diffusion de l’art africain. Jusqu’à récemment, cette fondation privée, installée dans un luxueux hôtel particulier, organisait en moyenne deux expositions par an. Voué entièrement à l’esthétique africaine, c’est un des rares musées dans ce domaine à hisser au rang d’œuvres d’art des objets confinés en d’autres lieux au savoir ethnographique. Autour d’une thématique dépassant parfois le simple champ de l’histoire de l’art, les manifestations s’accompagnent toujours d’un catalogue, fruit d’un travail scientifique.

- OCÉANIE, CURIEUX, NAVIGATEURS ET SAVANTS, jusqu’au 22 juin, Musée des beaux-arts, 22 rue Paul-Doumer, 62000 Arras, tél. 03 21 71 26 43. Catalogue collectif, éditions Somogy, 150 ill. dont 120 couleurs, 240 F jusqu’au 30 juin, 300 F ensuite. L’exposition voyagera ensuite à Dunkerque, Valenciennes, Lille, Nantes, Boulogne-sur Mer, puis à Nouméa à l’automne 1998.
Cette exposition itinérante présente le résultat de plusieurs années de recherches sur les collections océaniennes des musées du Nord/Pas-de-Calais, riches en objets "exotiques". À travers l’histoire des navigateurs et des collectionneurs de la région est retracée la grande époque des découvertes dans le Pacifique dès le XVIIIe siècle, et la constitution des cabinets d’amateurs aux siècles suivants.

- VANUATU, KUNST AUS DER SUDSEE, jusqu’au 10 août, Museum der Kulturen, Bâle, Augustinergasse 2, tlj 10h-17h, mercredi 10h-21h. Catalogue en allemand, Christian Kaufmann, Vanuatu, 168 p,193 ill, édition Christian Merian-Verlag, 39 FS. tél. 0612665500.
Après Port-Vila et Nouméa, ce projet international sur les arts de Vanuatu, conçu avec la RMN sera présenté ensuite au MAAO à l’automne, mais sous une forme différente. État indépendant depuis 1980, le Vanuatu (ex. Nouvelles-Hébrides), chapelet d’îles situé entre la Nouvelle-Calédonie et les îles Fidji, a été étudié par l’ethnologue bâlois Félix Speiser. L’exposition se fait l’écho du travail qu’il a réalisé sur le terrain entre 1910-1912, et réunit aussi bien des documents photographiques que des objets collectés à cette époque : tambours de danse d’Ambrym, mannequins funéraires, masques peints à structure végétale et figures de grades.

- LES AINU : ABORIGENES DU JAPON, du 26 avril au 9 juin. Musée des beaux-arts et d’archéologie, 1, place de la Révolution, 25000 Besançon, tél 03 81 82 39 89, tlj sauf mardi, 9h30-12h et 14h-18h.
Prêtés par les musées japonais d’Hokkaido et d’Hakodate, une centaine d’objets  Aïnu – bijoux,  kakemono (rouleau vertical), paravents peints, vêtements et parures, pointes de flèches pour la cérémonie de l’ours, têtes de harpons, et de rares pièces en écorce tissée sont exposés au Musée de Besançon. La population aborigène Aïnu, dont l’origine est différente de celle des Japonais, vit dans le nord du pays et pratique essentiellement la chasse et la pêche. Parmi ces œuvres inédites, onze peintures sur soie représentant des chefs Aïnu et réalisées par le peintre japonais Hakiyo Kakizaki (1764-1826) proviennent du fonds du musée.

- LES INDIENS D'AMERIQUE DU NORD, du 13 mai au 31 juillet. Musée d’art et d’histoire, 27 avenue de l’Abreuvoir, 49000 Cholet, tél 02 41 49 29 00, tlj sauf mardi 10h-12h et 14h-18h
Cette exposition accueille près de 250 pièces des Indiens d’Amérique du Nord appartenant au collectionneur Marc Beluet. Datant du XIXe siècle et début XXe siècle, l’ensemble regroupe, autour de trois thèmes (histoire, religion et vie quotidienne), des objets usuels (céramique, vannerie) ou rituels (masques de chamane), des coiffes en plumes, armes et boucliers ou encore des peaux de bison peintes. Collectées sur place, ces œuvres racontent toutes une histoire, celle des Indiens des Plaines (Cheyennes, Apaches), des Pawnee, des Crow, des Iroquois, Blackfoot, et celle des Indiens de la côte Nord-Ouest (Kwakiutl et Bella Coola).

Les musées dans le monde

FRANCE

Paris
- Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (MAAO)
Ancien Palais des colonies, construit en 1931 à l’occasion de l’exposition coloniale, il fut créé sous sa forme actuelle en 1960 par André Malraux. En 1990, il devient le 12e département des Musée nationaux. Collections d’arts africains, océaniens et islamiques.
- Musée de l’Homme
Ancien Musée d’ethnographie du Trocadéro, créé en 1878, il devient Musée de l’Homme, en 1937, au Palais de Chaillot. Collections “ethnographiques”? des cinq continents (environ 1 million de pièces).

Marseille
- Musée d’arts africains, océaniens et amérindiens
Créé en 1992 dans le Centre de la Vieille-Charité à partir des collections de l’ancien Musée des Colonies. Le seul musée en France, à l’exception de Paris, consacré aux arts primitifs.

ANGLETERRE

Londres
- British Museum
Les collections ethnographiques (Afrique, Océanie et Amériques, Asie et Indonésie) ont été transférées en 1970 au Museum of Mankind. Pour abriter ces 350 000 pièces seront créées, en 1999, de nouvelles réserves et un centre d’étude (Study Centre) à Bloomsbury. Dans le cadre de la rénovation du musée, des galeries permanentes d’art primitif sont prévues d’ici l’an 2000.

BELGIQUE

Tervuren
- Musée royal de l’Afrique centrale
Rénové depuis peu, le musée conserve un ensemble très important d’art africain – 250 000 pièces - provenant essentiellement des anciennes colonies belges (Zaïre, Congo, etc.)

ALLEMAGNE

Berlin
- Museum für Völkerkunde
Fondé en 1873 par Adolf Bastian, le “père de l’ethnologie allemande”?, à partir d’une première collection remontant à 1829, le musée est l’un des plus importants et des plus anciens d’Allemagne (avec celui de Hambourg, créé en 1877). Plus de 500 000 objets provenant d’Afrique, Asie, des Amériques, d’Océanie et d’Europe.

SUISSE

Genève
- Musée Barbier-Mueller
Créé en 1977, il rassemble l’une des plus importantes collections privées sur les arts d’Afrique, d’Océanie, d’Insulinde et des Amériques.

Bâle
- Museum der Kulturen
Ancien Musée d’ethnographie, créé en 1849, il a changé de nom depuis le 1er décembre 1996. L’une des plus riches collections d’Europe sur le Pacifique, et notamment sur la Mélanésie grâce aux missions d’ethnologues célèbres, tels Fritz Sarasin, Félix Speiser ou Alfred Bühler.

AUTRICHE

Vienne
- Museum für Völkerkunde
Des collections très anciennes,en particulier les premiers objets rapportés du Nouveau-Monde et ceux issus des Kunstkämmern (cabinets de curiosités).

ITALIE

Rome
- Museo Nazionale Preistorico e etnografico Luigi Pigorini
Fondé en 1875, il conserve la plus importante collection d’art primitif d’Italie : environ 40 000 pièces, parmi lesquelles, 14 000 objets d’Océanie, où figurent des objets collectés par Cook au XVIIIe siècle, et 9 000 provenant d’Afrique, comprenant des sculptures anciennes rapportées par le Père Kircher en 1695.

Florence
Museo di Antropologia e Etnologia
Avec le Museo degli Argenti, il conserve des pièces amérindiennes ayant appartenu aux Médicis (masques Aztèque en jade, collier Taïnos, etc.)

ÉTATS-UNIS

New York
- National Museum of the American Indian
Créé en 1994, il est né du projet de la Smithsonian Institution et de la Fondation Heye pour promouvoir les cultures amérindiennes. Le banquier George Gustave Heye avait rassemblé plus d’un million d’objets.
- Museum of Primitive Art, Metropolitan Museum of Art
Ce musée encyclopédique comprend une importante section d’art primitif – Océanie, Afrique et Amérique – enrichie grâce aux dons, et notamment la Michael C. Rockefeller Memorial Collection.

SÉNÉGAL

Dakar
- Musée d’art africain
Créé en 1940 et rénové en 1994, collection de l’Afrique de l’Ouest et francophone.

MEXIQUE

Mexico City
- Museo nacional e Antropologia
Construit en 1964, l’un des plus importants musées d’Amérique centrale sur les civilisations précolombiennes et sur les cultures amérindiennes contemporaines.

HAWAII

Honolulu
- Bishop Museum
Fondé en 1889 par Charles Reed Bishop, il est le plus ancien musée consacré aux arts d’Océanie installé dans le Pacifique.

Ouverture à Barcelone du Musée Barbier-Mueller d’art précolombien
Le Musée Barbier-Mueller, connu pour ses chefs-d’œuvre d’art africain, possède également une importante collection d’art précolombien. Grâce à l’accord conclu entre l’Institut de la Culture de la mairie de Barcelone et l’institution genevoise, une grande partie des pièces sera prêtée à la ville espagnole pour une durée de cinq ans. La capitale catalane s’est empressée de trouver un lieu à la mesure du projet. Un ancien édifice, le palais Nadal (XVe-XVIe siècles), situé juste en face du Musée Picasso dans le quartier historique, a été choisi pour accueillir un choix de 248 objets. En restauration, le musée ouvrira ses portes le 27 mai. Cette sélection d’art précolombien rassemble des pièces provenant aussi bien de la Mésoamérique et de l’Amérique centrale que des aires andines et amazoniennes. Environ 180 œuvres seront montrées en permanence au public, par roulement, dans neuf salles du palais sur une surface de 320 m2. Le musée compte développer de multiples activités, notamment avec le Museu Etnolojic. Sont déjà prévus au programme un centre d’études précolombiennes et des manifestations internationales : expositions, concours, prêts à l’étranger, dont celui à l’Art Institute de Chicago, l’an prochain.
Museo Barbier-Mueller de Arte Precolombino, Palais Nadal, 14 calle Montcada, Barcelone. Catalogue collectif, Arts rituels de l’Amérique précolombienne : du Mexique à l’Amazonie, 30 x 23 cm, 148 ill. couleurs, et Guide des collections du Musée Barbier-Mueller d’art précolombien, 15 x 21 cm, 96 p., 70 ill. Les deux sont publiés par les éditions Skira, Milan, en 4 langues : catalan, castillan, français et anglais.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Où voir l’art primitif : expositions et musées

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